Jean-Marie Muller. Pour un Nouveau Monde en Marche.
Ce n’est pas la loi qui doit dicter ce qui est juste, c’est ce qui est juste qui doit dicter la loi.
Certes, dans une situation donnée, l'individu peut se tromper dans son appréciation de ce qui est requis par la justice. Nul ici n'est garanti par l'infaillibilité de ses jugements et de ses choix. Et cependant l'homme ne peut se décider à agir autrement qu'à travers les lumières de sa propre raison et de sa propre conscience. Le risque de se tromper ne saurait l'amener à démissionner de sa propre responsabilité devant les jugements et les décisions d'autres hommes qui, au demeurant, courent le même risque. On prétexte souvent l'incompétence du simple citoyen pour le maintenir dans une soumission inconditionnelle aux décisions des pouvoirs établis. On prétend qu'il n'y aurait que des connaissances tellement vastes et des analyses tellement difficiles que nul autre que les spécialistes ne pourrait en parler avec intelligence. Sous prétexte d'incompétence, on veut contraindre les citoyens à l'irresponsabilité.
Nous avons compris une grande vérité , à savoir que ce n'est pas le fusil , ce ne sont pas les chars ,ce n'est pas la bombe atomique qui engendrent le pouvoir , et le pouvoir ne repose pas sur eux.Le pouvoir naît de la docilité de l'homme , du fait qu'il accepte d'obéir.
... Nous savons donc quelle peut être la force foudroyante de l'insoumission de l'homme . Et les puissants le savent aussi.
Vladimir Boukovski , ancien dissident russe .
Nous ne sommes pas non-violents parce que nous voulons sauver notre âme. Nous sommes non-violents parce que nous voulons obtenir la justice sociale pour les ouvriers. Qu'importe aux pauvres que l'on construise d'étranges philosophies de non-violence, si cela ne leur donne pas de pain. (César Chavez)
[L]a violence, quand bien même veut-on la mettre au service des plus belles causes, n'instaure pas tant un débat sur la justice qu'un débat sur elle-même qui ne pourra que venir renforcer la position des tenants de l'ordre. Car dans ce débat sur la violence en soi, il sera aisé pour le gouvernement de faire valoir auprès de l'opinion publique que « les casseurs doivent être les payeurs ». Dès lors, le vrai débat qui aurait pu mettre à jour les vraies questions et les vraies réponses sera esquivé. Il apparaît par là combien il est facile pour un gouvernement de se donner les moyens de réprimer, avec le soutien de la plus grande partie de la population, toute manifestation et toute action, du moment que ceux qui y participent recourent à la violence.
Ce n'est pas la loi qui doit dicter ce qui est juste, mais ce qui est juste qui doit dicter la loi.
Le public ne parle que des méthodes, et les manifestants que du contenu politique de leur action.
La non-coopération se révèle donc une méthode politique d’une redoutable efficacité qui vise à neutraliser l’adversaire avant même qu’il renonce de lui-même à l’injustice dont il est l’auteur.
Le citoyen n’est libre d’obéir que s’il est libre de désobéir.
Le totalitarisme est capable de déshumaniser les hommes en les transférant en fonctionnaires obéissants , en sujets irresponsables, en de simples rouages administratifs. Tous les crimes commis par les Allemands furent commis dans un système ' légal '. Tous furent des crimes légaux.