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Critiques de Jean-Marie Muller (7)
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Le courage de la non-violence

Le confinement (partiel en Suisse) a aussi du bon : il m’a permis de relire cet excellent essai qui pourrait aussi s’intituler « les fondements philosophiques de la non-violence ». Précisons d’emblée que cet ouvrage n’est ni pédant, ni alambiqué et encore moins « rasoir ». A contrario, ce qui frappe d’emblée, c’est sa qualité rédactionnelle et la solidité de ses références.



Il est dès lors étonnant à mes yeux qu’un auteur de cette qualité, allié à une personnalité au rayonnement international, ne soit publié « que » par une maison d’édition relativement méconnue. Est-ce parce qu’il concentre ses efforts sur un thème qui inspire de la méfiance aux élites littéraires parisiennes ? La question mérite en tout cas d’être posée, tant cette lecture est stimulante.



En effet, l’auteur dialogue non seulement avec les hérauts de la non-violence que sont Kant et Gandhi, mais aussi et surtout avec de grands penseurs français ou étrangers : Hannah Arendt, Julien Benda, Georges Bernanos, Albert Camus, Sigmund Freud, Jean Giono, Vladimir Jankélévitch, Antoine de Saint-Exupéry, Éric et Simone Weil... La liste n’est bien sûr pas exhaustive.



En partant du constat que la violence politique et militaire a prouvé son inefficacité et sa nocivité pour transformer le monde, Jean-Marie Muller se propose de revisiter la philosophie à partir du principe de non-violence. En effet, ce dernier parvient à la fois à donner sens à l’existence tout en offrant une stratégie qui permet d’agir de manière responsable. La non-violence n’est rien de moins qu’un antidote aux idéologies qui ont ensanglanté le vingtième siècle sans obtenir pour autant de résultat positif et durable.



Car, « toute idéologie est une idéologie de la violence nécessaire, légitime, honorable. À tout moment, celui qui ose braver les dogmes établis et tente de faire valoir les exigences de la conscience et de la raison risque d’être brisé par les instruments de la violence dont la fonction est de rétablir le silence et l’ordre. Et il ne manque jamais d’hommes assez lâches ou assez faibles pour abdiquer leur propre raison, se laisser enrôler par l’idéologie et devenir les gardiens armés de son orthodoxie. » (p. 22) Révolutionnaires d’hier et islamistes d’aujourd’hui, serrez-vous la main...



Plus loin, l’auteur s’attelle à démythifier la non-violence, un principe éthique qui suscite une méfiance épidermique quand ça n’est pas un rejet pur et simple. Essayez d’en parler avec vos proches entre la poire et le fromage. Leur réaction risque d’osciller entre une indifférence polie ou de l’indignation.



Preuve de son honnêteté intellectuelle, J.-M. Muller le reconnaît volontiers : la non-violence ne saurait aspirer à « éradiquer le désir de violence, mais elle permet de le comprendre et de l’interpréter afin de transformer l’énergie vitale qu’il contient en une énergie créatrice. » (p. 30-31)



Bien qu’il soit impossible de résumer la richesse conceptuelle de cet essai, un aspect mérite d’être mis en exergue : le lien entre la culture dominante et la violence. « Certes, la culture affiche une rhétorique qui dénigre la violence, mais, en même temps elle l’entretient et la justifie. » Elle insinue constamment que face à un conflit, le seul choix que nous avons se situe entre violence et lâcheté. C’est binaire et cela paraît imparable !



Si on y ajoute une cause « juste », alors là c’est la porte ouverte à un déchaînement de violence aveugle couvert par la « bonne conscience ». Les exemples dans les cours d’école et sur les champs de bataille l’illustrent tristement.



Or, les médias et la culture dominante sont passés maîtres dans la banalisation de la violence : elle est la vertu du puissant, un droit voire même un devoir. On se souviendra notamment des prétendues « armes de destruction massive irakiennes » qui ont servi de prétexte à la seconde guerre du Golfe persique.



JMM s’emploie donc à décortiquer avec beaucoup de sagesse toutes les situations où la violence essaie de s’acheter une bonne conduite. Et, il n’épargne pas les penseurs comme Freud qui estiment que la violence est inhérente à l’être humain et que celui-ci est foncièrement incapable de la dépasser.



Au final, un ouvrage à la philosophie assumée qui ne prétend pas remplacer un guide pratique de la non-violence comme, par exemple, les écrits de Marshall Rosenberg. Mais, un système d’idées extrêmement nourrissant qui, comme l’étoile du berger, montre la direction à suivre sans tomber dans l’angélisme ou la méthode Coué.



Ceux qui désirent se documenter sur les fondements éthiques de la non-violence trouveront dans cet essai de quoi étancher leur soif. Pour ma part, je n’ai qu’une envie, me documenter davantage sur ce sujet passionnant.
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Stratégie de l'action non-violente

Devant une injustice, il est difficile de rester de marbre. Quand elle est dénoncée et que rien ne bouge, la tentation est grande de sortir les fourches, les couteaux de cuisine, les pavés des rues, afin d'aller couper quelques têtes et d'incendier les symboles de l'oppression.



Selon l'auteur, toutefois, l'utilisation de la violence ne peut pas que mener à une impasse : aux yeux des observateurs neutres ou indécis, une cause s'enlaidit immédiatement dès qu'on y mêle le sang. La tentation est alors grande de redonner sa confiance à ceux qui peuvent maintenir l'ordre. Au contraire, la non-violence oblige l'autorité à exercer son pouvoir au grand jour, et à placer les spectateurs devant leur responsabilité.



La non-violence ne doit toutefois pas être synonyme de martyr et ne consiste pas à recevoir stoïquement des gifles sous l'œil des caméras. Prenant exemple sur Gandhi et Martin Luther King, l'auteur propose plusieurs moyens de pression non-violents (grèves de la faim, boycott, sit-in, …) qui obligent les autorités soit à accepter les plaintes qui lui sont adressées, soit à faire l'usage d'une force démesurée pour rétablir l'ordre.



S'il faut reconnaître qu'un mouvement non-violent et bien organisé met rapidement les autorités dans une position intenable, il nécessite aussi une grande discipline de la part de tous ces membres, et un leader capable de choisir intelligemment les actions à mener. Il suffit en effet d'une manifestation qui tourne mal pour discréditer un mouvement, et d'une action ratée pour démoraliser les participants. Et enfin, ces moyens n'ont des chances de réussir que dans un pays de tradition démocratique : quand un gouvernement est capable d'écraser une manifestation dans le sang, on voit mal l'intérêt d'en organiser une nouvelle pour protester.
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L'impératif de désobéissance

S'il existe un impératif constant, c'est bien dans l'éducation qu'il se trouve. Dès sa naissance, l'être humain est soumis aux conditionnements de l'obéissance. Lui donner « la culture de la responsabilité » s'avérerait le moyen sûr et efficace de l'entraîner à penser par lui-même et à dépasser toute culpabilité devant une désobéissance politique saine préoccupée de raison, de justice et de respect de tous.

Avec une écriture alerte et très claire, Jean-Marie Muller attire notre attention sur le concept développé dès Etienne de la Boétie, l'ami de Montaigne en passant par John Locke, l'attachant Henry David Thoreau et en terminant avec la vision religieuse de Tolstoï.

Tous ont tenté d'éveiller notre esprit devant les motifs de la soumission d'une majorité face à une minorité malveillante.

Après ces « visites » aux pionniers, Jean-Marie Muller résume quelques grandes campagnes que nos mémoires ont enregistrées : Gandhi, le nazisme, Martin Luther King et l'Est.

La lecture de ces faits est prenante tant par leur rappel que par les graines d'espoir que ces notions de non-violence et de désobéissance civile font naître chez tout « honnête » homme.

Cette lecture m'a interpellée puissamment.

Un fait actuel : États-Unis,Troy Davis, condamné à mort, exécuté.

Journal télévisé belge, un sondage, pour ou contre la peine de mort, plus de 60% répondent pour.

Si facile... la vie est si dérisoire... si violente...

Alors je dis oui à « la désobéissance civile garante de la démocratie » que vous développez dans votre livre.

Je dis oui à la vigilance et au qui-vive que vous expliquez dans votre « concept et stratégie ».

Je dis oui à « la désobéissance civile à l'heure française » et à l'heure belge...

Ce livre est une mine de questionnements, de remises en questions, de positionnements, de réflexions, d'échanges, bref de tolérance et d'humanisme.

Passivité et obéissance sont les mères de dérives trop bien connues, ce livre nous en explique les dangers et constitue un magnifique réquisitoire éducatif et d'éveil à la conscience.



Merci à Babélio

Merci à la Maison d'éditions « Le Passager Clandestin » d'exister.







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L'impératif de désobéissance

Jean-Marie Muller propose une véritable généalogie de la désobéissance, depuis Étienne de La Boétie, Henry David Thoreau et Gandhi, jusqu’aux combats les plus actuels.

(...)

Il parvient pratiquement à épuiser son sujet en remontant aux sources de la désobéissance civile, lui donnant une définition et des contours actuels et l’inscrivant dans une nécessité impérative pour le fonctionnement démocratique de notre société. Lecture extrêmement nourrissante et absolument indispensable !





Article très complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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L'impératif de désobéissance

Dès les premières pages , j'ai été séduite par la qualité de ce livre clair , bien expliqué , certains passages demandent bien sûr , une attention soutenue , mais les nombreux exemples , rendent ce livre très attractif .

Plusieurs chapitre clairs , le premier sur les débuts de la désobéissance civile (les pionners ) qui permet de comprendre que cette notion a suivi un long chemin avant d'arriver à la notion de désobéissance civile actuelle .

Au contraire , ce livre donne envie d'en savoir plus , de lire ou de relire , la vie des personnes invoquées ( Thoreau , Tolstoi , Gandhi .... ) , ce n'est pas du tout le genre de livre que je lis d'habitude mais j'ai été conquise , je suis vraiment contente de l'avoir lu car il m'a appris beaucoup , ou fait redécouvrir certains personnages célèbres . Une belle réflexion sur un sujet que je ne connaissais pas beaucoup .
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La puissance de l'être

Un livre aux multiples facettes qui aborde des notions variées tournées vers l’amélioration de la connaissance de soi.

Dès la préface, l’auteur nous propose « prenez ce livre comme un voyage, voyage intérieur qui deviendra de plus en plus tangible dans tout ce que vous vivez … ».

À l’image de l’écrivain aux vies multiples, ses conseils, distillés avec une sensibilité et sincérité qui transparaît à chaque page, sont issus de ces expériences et «ouvrent grands nos yeux».

Dans cet ouvrage, il est question de notre égo, et de ses pièges, de notre mental (le véhicule de nos pensées et non leur source), de nos émotions, de nos vies antérieures et missions de vie.

Nous sommes des êtres « multidimensionnels » avec de nombreuses facettes. Ce voyage intérieur m’a enrichie, questionnée et fait grandir. J’en ai parlé autour de moi pour partager ces recommandations.

Un ouvrage dont les propositions sont à mettre dans toutes les mains.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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L'impératif de désobéissance

Un ouvrage qui a le mérite de mettre l’accent sur la nécessité de la désobéissance civile en proposant un parcours des références canoniques sur le sujet, sans toutefois poser de manière vraiment satisfaisante la question de ses contours.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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