Devant une injustice, il est difficile de rester de marbre. Quand elle est dénoncée et que rien ne bouge, la tentation est grande de sortir les fourches, les couteaux de cuisine, les pavés des rues, afin d'aller couper quelques têtes et d'incendier les symboles de l'oppression.
Selon l'auteur, toutefois, l'utilisation de la violence ne peut pas que mener à une impasse : aux yeux des observateurs neutres ou indécis, une cause s'enlaidit immédiatement dès qu'on y mêle le sang. La tentation est alors grande de redonner sa confiance à ceux qui peuvent maintenir l'ordre. Au contraire, la non-violence oblige l'autorité à exercer son pouvoir au grand jour, et à placer les spectateurs devant leur responsabilité.
La non-violence ne doit toutefois pas être synonyme de martyr et ne consiste pas à recevoir stoïquement des gifles sous l'oeil des caméras. Prenant exemple sur Gandhi et
Martin Luther King, l'auteur propose plusieurs moyens de pression non-violents (grèves de la faim, boycott, sit-in, …) qui obligent les autorités soit à accepter les plaintes qui lui sont adressées, soit à faire l'usage d'une force démesurée pour rétablir l'ordre.
S'il faut reconnaître qu'un mouvement non-violent et bien organisé met rapidement les autorités dans une position intenable, il nécessite aussi une grande discipline de la part de tous ces membres, et un leader capable de choisir intelligemment les actions à mener. Il suffit en effet d'une manifestation qui tourne mal pour discréditer un mouvement, et d'une action ratée pour démoraliser les participants. Et enfin, ces moyens n'ont des chances de réussir que dans un pays de tradition démocratique : quand un gouvernement est capable d'écraser une manifestation dans le sang, on voit mal l'intérêt d'en organiser une nouvelle pour protester.