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Critiques de Jean-Marie Quéméner (83)
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J'ai mille ans...

Roman percutant qui nous plonge dans l'enfer de vie des migrants.

Du haut de ces quelques jours, Amal vient de naître et elle nous raconte la volonté de sa mère à se sortir de la maison close où elle travaille afin d'offrir un meilleur destin à sa fille unique.

Un parcours semé d'épreuves, d'espoir déchus où la mort rôde sans laisser de répit.

A la manière d'une étoile, ce récit se veut lunaire et ancien comme la vie d'une étoile, tellement le nombre d'épreuves en peu de jours de l'existence de ce petit être est intense.

Une vue en hauteur du quotidien de ces hommes et ces femmes espérant l'eldorado et ne touchant que les berges d'une fin de vie.

Percutant, terrible, avec une soif de liberté visé au ventre.
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J'ai mille ans...

« J’ai mille ans…

Je viens de naître. »

Ainsi commence l’histoire de la petite Amal (« espoir » en arabe) métisse aux yeux verts née au milieu de rien, au Soudan



Voilà un roman qui m’a chamboulée...Une très belle surprise, j’avais été attirée par cette si belle couverture ! Et, dès les premières pages, la plume de Jean-Marie Quéméner m’a envoûtée !



Ce bébé sera la narratrice. Elle a déjà Mille ans de guerre, d’oppression, de famine, de massacres, de violence, de corruption et de dictature. J’ai mille ans revient régulièrement, comme une antienne.



Née d’une mère prostituée dans la Maison Rose, une maison close en contrebas d’un village d’orpailleurs et de contrebandiers, au Nord du Soudan près des frontières égyptiennes et libyennes, et d’un site de fouilles archéologiques. Son père est un jeune archéologue français qui n’assumera pas ses responsabilités... Pour fuir cet enfer où il n’y a pas de destin, sa mère décide de quitter le pays, aux périls de leur vie. Jean -Marie Quéméner fut Grand reporter et correspondant de guerre, il a vécu au Soudan, il connait son affaire. Il ne sombre pas dans la moraline... non, il nous raconte ce périple incroyable d’Amal et sa maman, entrepris avec courage et l’espoir d’une vie meilleure malgré la noirceur des humains (en sont-ils ?) qui les entoure, dans une ambiance de dangers permanents.



Portraits de femmes fortes : sa mère, Soraya, Arafa la Tchadienne… Je n’oublie pas Assim et d’autres personnages secondaires très beaux. C’est aussi une ode à la maternité.

De belles et poétiques descriptions des décors.

L’écriture est si belle, musicale. Les phrases claquent, parfois sans verbe, des métaphores magnifiques et épurées... «(..) javélisant à idées noires » « (..) lui envoie une gifle de lavandière sur linge sale ».. Le vocabulaire est très riche.

On ne sort pas indemne de cette lecture profonde. Je vous invite à lire ce « terrible voyage », un texte humaniste d’une beauté saisissante, poignant, d’une telle puissance de vérité qui fait réfléchir.

J’espère qu’il sera récompensé.
Lien : https://www.plkdenoetique.co..
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J'ai mille ans...

Née dans une maison close d’un village perdu au nord du Soudan, Amal (« espoir »), n’a que quelques jours quand sa courageuse mère décide de s’exiler en Europe. Amal, ce bébé qui a déjà mille ans, c’est la mémoire d’un peuple et le récit de son périple devient celui de tous les migrants. D’oasis improbables dans le désert en camp de réfugiés où règnent la violence et l’insécurité, de tempêtes de sables en racket de pseudos-militaires, Amal et ses frères de misère atteignent la méditerranée où les attends un vieux radeau pneumatique.

Amal sait déjà le poids millénaire de la misère et de la violence insatiable des hommes. Elle connait le prix exorbitant de la liberté et son récit est vraiment bouleversant.
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J'ai mille ans...

Découverte à l’aveugle de ce roman : des épreuves non corrigées, une couverture neutre, pas de 4e de couverture et un titre intriguant …

Premier indice lors de la dédicace : « Au Soudan. Au désert et à la mer. Aux marins des dunes, aux caravaniers des vagues. A tous ceux dont la trame étiolée se retisse ailleurs, loin des dunes et des vagues. Aux migrants. »

Ce roman, dont la narratrice est une petite fille, Amal (« espoir ») qui vient de naître, nous emmène au plus profond du désert soudanais, où l’air étouffe, où les orpailleurs et les archéologues français s’offrent une pause dans la maison rose.

Elle nous résume la situation d’une phrase lapidaire : « Je suis née dans un bordel au milieu d’un nulle part, à deux pas de rien. »

Quel avenir dans ce lieu pour une mère, un bébé, un homosexuel ?

L’auteur nous plonge dans la dure réalité de ceux qui n’ont pas d’autre choix que de partir pour pouvoir vivre, librement, sans la pression des armes, de l’argent ou de la société.

J’ai eu un coup de cœur pour une histoire assez commune en fait, un quotidien et une lutte partagés par beaucoup d’hommes et de femmes … un roman qui nous rappelle qu’il ne faut pas que l’on oublie notre statut privilégié de vivre dans une société démocratique.

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J'ai mille ans...

C'est Amal qui raconte cette histoire, ce terrible voyage : "Je viens de naître. J'ai mille ans.[...] Je n'ouvre pas encore les yeux, mais je ferme déjà mon cœur. La poudre aurifère cristallise les sentiments. L'âge d'or est de fer et de pierre. Rien de très nouveau, seulement la très ancienne alchimie humaine : une pincée de misère, une pleine poignée d'hommes et le goutte-à-goutte de la solitude transforment les lingots jaunes en plomb et l'homme en animal. Je sais. J'ai mille ans." (p.9/11)



La première chose qui me frappe dans ce roman c'est la langue dont use JM Quéméner : très belle, poétique, descriptive, qui sait s'attarder sur ce qu'il y a de beau dans les paysages, les personnes pour contrebalancer le sordide, l'inhumain, le violent. Certaines phrases résonnent comme des adages, des aphorismes : "J'ai mille ans et j'ai vu des milliers d'amulettes, il y a celles qui vous protègent et celles qui avivent le souvenir. Les deuxièmes sont bien plus efficaces que les premières. Et bien plus dangereuses pour ceux qui s'en servent, puisqu'elles vous font courir à reculons vers le passé." (p.137)



Et dans toute cette beauté, il y a Amal et sa mère et quelques belles rencontres. Amal avec ses mille ans sait les risques et comprend que des hommes et des femmes les prennent, qui aspirent à une vie meilleure, à la liberté, à fuir les violences, la torture, les humiliations, la guerre et qui espèrent beaucoup de l'Europe et qui ne savent pas vraiment que nous ne les accueillerons pas décemment. JM Quéméner décrit le parcours de tous ceux qui quittent leur pays pour continuer à vivre, pour se mettre à l'abri. L'exil est une décision difficile à prendre et personne ne le choisit à la légère.



C'est un roman puissant et fort, qui par tant de beauté et d'humanité fait monter les larmes et la honte d'être dans un pays qui malgré son histoire, ne sait ni ne veut accueillir ceux qui fuient l'horreur. Amal et sa mère sublimées par la superbe écriture de l'auteur, sont tellement belles, fortes et dignes que l'on resterait bien plus longtemps avec elles. J'ai été totalement emporté, subjugué par ce roman, qui tord le cou aux théories fumeuses des imbéciles qui osent prétendre que ceux qui quittent leur pays le font par confort. Nul n'est capable de supporter tout ce que décrit JM Quéméner par envie de confort, c'est déjà insupportable pour la survie. Les réfugiés qui bravent autant de dangers devraient avoir toute notre admiration, notre empathie et notre aide plutôt que le mépris et l'indifférence.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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J'ai mille ans...

°°° Rentrée littéraire 2023 # 11 °°°



Amal est née dans la Maison rose, un bordel-prison fréquenté par des orpailleurs et des archéologues français, quelque part au Nord du Soudan. Peu de temps après sa naissance, sa mère trouve la force de fuir. Le roman raconte leur parcours de migrantes vers la France via la Méditerranée, avec de nombreuses épreuves à surmonter parsemées de nombreuses rencontres, hostiles ou bienveillantes, entre camps de réfugiés, milices et passeurs dans un contexte de guerre civile.



« Je viens de naître.
J’ai mille ans.
L’air étouffe, la moiteur comprime. J’apprends à respirer, bien sûr, à ouvrir et fermer les mains aussi. Je sais que les bébés s’agrippent à n’importe quoi pour tenter de rattraper leur confort amniotique et fœtal.
J’ai mille ans et il manque encore.
Je suis née dans une maison entourée de murs aux fleurs naïves sculptées sur une façade pastel, un héritage païen, nubien, au pays arabe des hommes noirs. Quelques briques mal ajustées ont perdu leur enduit et font bayer la maçonnerie aux corneilles.
Beit warde, la « Maison rose », se trouve en bas de la colline. Plus haut, c’est Karkar. Un nom de rocailles pour un rêve déchu. »



Plutôt que d’opter pour un récit classiquement journalistique sur un sujet d’actualité, Jean-Marie Quéméner propose de façon surprenante un récit proche du conte, ce qui n’empêche pas d’accéder à une vérité sur le drame des migrants. C’est le bébé Amal, à peine née, qui est la narratrice, et elle nous annonce qu’elle a mille ans.



Ce procédé peut sembler casse-gueule au possible – j’étais un peu sceptique au départ - mais cela fonctionne complètement car l’auteur trouve le ton juste, Amal s’exprimant avec la légèreté et la naïveté de l’enfance tout en ayant la lucidité et la sagesse du millénaire qu’elle a déjà vécu. La phrase « J’ai mille ans » scande la quinzaine de chapitres aux titres courts épurés ( « Le puits », « Le chameau », « les étoiles » etc ) pour apporter de la profondeur philosophique au drame qui se joue pour ces deux migrantes et leurs compagnons d’infortune.



Oui définitivement, le ton est juste, sobre et poétique. On sent toute la sincérité de l’auteur, ex-correspondant de guerre qui a vécu quatre ans au Soudan, toute sa compassion sans pour autant en faire un livre de détresse au moralisme culpabilisateur qui surferait de façon putassière sur la tragédie des migrants. Les personnages existent par eux-mêmes, principaux comme secondaires ( magnifiques personnages de Soraya la prostituée et d’Arafa la tchadienne ) et ne réduisent pas à leur misère.



Et c’est cette partition jamais surjouée qui fait naitre l’émotion et bouleverse lors de nombreuses scènes, notamment sur les derniers chapitres.

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J'ai mille ans...

« J’ai mille ans, je viens de naître », c’est ainsi que commence ce roman. La narration est assurée par la voix d’Amal nouvellement née qui du haut de ses « mille ans » revendiqués s’arroge le droit de raconter son histoire. D’un bordel du haut Soudan, aux rives de la méditerranée nous suivons les péripéties d’un voyage, où les rencontres, les destins croisés, tissent un réseau d’amitiés, de solidarités forgées par la volonté farouche d’atteindre le but. Des personnages hauts en couleur, dans une ambiance de danger permanent, d’incertitude du lendemain donne de la chair à l’ouvrage et le récit de la traversée finale, la chair de poule.
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J'ai mille ans...

C'est l'histoire d'un bébé qui naît des suites d'une passe au Soudan. Une petite fille à la peau métissée par l'homme français qui est venu payer les services de sa mère. Un bébé qui a déjà mille ans. Entré dans la vie et déjà destiné à vendre son corps mais sa mère refuse. Elle veut protéger ce petit être qui n'a rien demandé et qui se blottit contre son sein. 





C'est un récit qui vous submerge le cœur. Un parcours semé d'embûches. Le danger est partout. Il dépasse ce que l'on peut imaginer. 





Cette histoire m'a crevé le cœur. Ce bébé qui a déjà mille ans car il a déjà tellement traversé d'épreuves m'a bouleversé. Cette narration à la fois innocente et déjà si raisonnée est troublante et bluffante, elle s'immisce en nous. Nous prend aux tripes. 



J'ai fini ce livre avec l'envie de sangloter. Dans quel monde vit-on. Combien d'hommes, de femmes et d'enfants devrons-nous encore laisser à la dérive dans la mer Méditerranée ? 



Un livre nécessaire. À lire ! 



Une claque à prendre pour éveiller encore et toujours sa conscience et se rappeler la chance qu'on a. 
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J'ai mille ans...

Un récit à la limite du conte, des phrases courtes, hachées, pour nous parler de ces milliers de migrants qui essaient par tous les moyens de passer.

L’auteur nous raconte ça à travers les yeux d’Amal, ce bébé qui a déjà mille ans. L’expérience de l’ancien reporter au Soudan se sent mais nous sommes loin du reportage.

C’est magnifiquement bien écrit, bouleversant. On vit l’espoir avec tous ces gens et leurs drames également.

C’est juste et émouvant.

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J'ai mille ans...

📚 Début de l'histoire : Amal vient de naître au Soudan. Sa maman est une des résidentes de La maison rose, une maison close. Elle souhaite pour sa fille le meilleur avenir possible. Une seule solution : partir ; la France sera le point d'arrivée.

🖊 La narration s'effectue par la voix intérieure de l'enfant qui vient de naître, par son regard sur le monde qui l'entoure dès les premières lignes du texte : "Je viens de naître. J'ai mille ans. L'air étouffe, la moiteur comprime. J'apprends à respirer, bien sûr, à ouvrir et fermer les mains aussi."

🖊 Cette voix, naissante, déjà sage des mille années d'expériences, est crédible dès le début. C'est la grande force de ce texte. Elle rend la situation profondément humaine, elle nous place aussitôt à leurs côtés : "Les yeux de maman s'illuminent en étincelles dorées, ils avalent la lumière."

🖊 Elle rend le contraste saisissant : d'un côté, l'amour qui relie cette mère, l'enfant et les personnes qui les entourent ; de l'autre, un monde rude, âpre, sans joie.

🤩 Une lecture fascinante, qui impose son rythme, qui demande à celui/celle qui lit d'être totalement présent.e, dans une empathie totale avec ces magnifiques personnages romanesques. Je termine, bouleversé, ce texte dont je vous recommande la lecture.
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J'ai mille ans...

Au nord du Soudan, Amal qui signifie espoir en Arabe, nait d'un homme français archéologue et d'une femme soudanaise prostituée.

Dans ce village, au nord du Soudan, il n'y a que des hommes, des orpailleurs et des contrebaudiers, des hommes armés, les femmes n'y ont pas leur place . Pour trouver des femmes, il faut aller dans la maison rose plus bas dans le village, maison de prostitution où est née Amal.



Le père , archéologue français, ne veut pas entendre parler de cet enfant , la mère va alors, pour sauver sa fille de la prostitution, choisir le chemin de l'exil, chemin qui va être bien évidemment compliqué difficile tragique , mais aussi peuplé de belles rencontres.

C'est Amal, ce bébé, qui va être la narratrice et raconter son histoire, l'histoire avec sa naïveté, son humanité mais aussi sa sagesse. "J'ai 1000 ans."

La fin est extrêmement émouvante.

Ce roman est celui de tous ces gens qui fuient leur pays pour tenter de gagner un peu de liberté.

Jean-Marie quéméner a vécu 4 ans au Soudan et a été de nombreuses années journaliste, il a donc aussi à coeur de faire passer un message, non pas larmoyant mais politique.

La révolte bouillonne en lisant ces pages, car ce roman n'a malheureusement pas grand chose de fictionel, tout est extrêmement réaliste.

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J'ai mille ans...





J'ai mille ans... ou Méditerranée, cimetière de l'Afrique. Un roman qui m'a retourné le cœur et fait passer dans un tourbillon de sentiments.

Jean-Marie Quéméner, avec talent, livre ici un récit bouleversant sur un sujet d'actualité qui malheureusement perdure. Celui de ces pauvres hères qui, pour échapper à la mort, viennent mourir près des côtes européennes, leur eldorado- mirage.

J'ai déjà lu, sur le thème, Le passeur de Stéphanie Coste; Entre deux mondes d'Olivier Norek ou encore Eldorado de Laurent Gaudé. Trois romans magnifiques avec chacun un style et un point de vue différent.

J'ai mille ans... est lui aussi un coup de poing et un coup de cœur pour moi. Une approche très particulière du récit puisqu'il est vécu à travers les yeux d'un bébé. Amal, à peine née, est jetée avec sa mère sur la route de l'exil, du Soudan à la Méditerranée. Elle est l'espoir d'un avenir meilleur, la force qui pousse sa mère à briser ses chaînes et à dépasser sa peur.

C'est émouvant, révoltant, c'est une histoire dont on connaît les affres et pourtant on n'échappe pas à l'horreur de la réalité qui se répète. L'auteur donne vie aux victimes; elles ont un passé, un vécu, des sentiments... ça pourrait être nous, si nous étions nés de l'autre côté de la Méditerranée. Des mots pour ne pas oublier que derrière les titres du journal, des vies coulent.

Jean-Marie Quéméner a créé des personnages féminins forts, désireux de sauver leurs enfants d'un futur sans espoirs. Ces femmes évoluent dans un monde impitoyable, miséreux, violent mais dans lequel des mains tendues pleines de bons sentiments ne sont pas exclues même si très rares voire intéressées. Un roman à lire, à offrir... un devoir de conscience personnellement.





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J'ai mille ans...

Il est des livres qui vous retournent le cœur, qui vous font ressentir des centaines d’émotions, qui vous émeuvent, qui vous prennent aux tripes. « J’ai mille ans … » de Jean-Marie Quéméner est de ceux-là pour moi. Il est un des livres que j’ai lus cette année qui m’a le plus marquée et je pourrais même dire de ces dernières années.



Portée par la voix de Amal, née au milieu de nulle part, au fin fond de l’Afrique, au Nord du Soudan, c’est l’histoire de cet enfant et de sa mère, dans un désert de poussières, où le seul espoir est de quitter ce lieu pour tenter sa chance ailleurs. Sa mère, prostituée dans un bordel fréquenté par les locaux et des expatriés, souhaite un avenir meilleur pour sa fille. C’est pour cela qu’elle entreprend le périlleux voyage pour quitter la misère vers l’Europe, via la mer Méditerranée qui a déjà englouti tant de migrants…



Ce magnifique hommage écrit par Jean-Marie Quéméner est rempli de poésie malgré la dureté du propos. Offrant un visage à ces oubliés pour qui l’Europe ressemble à un Eldorado et qui tentent de la rejoindre au péril de leur vie, cette histoire pourrait être celle de milliers d’entre eux.



J’ai trouvé la plume fluide et magnifique. Comment ne pas s’attacher à ce bébé et à cette mère qui souhaitent « seulement » vivre ? La galerie de portraits qui entoure le récit offre un florilège de personnages, pour certains ô combien attachants et captivants tandis que d’autres exécrables et profitant de la misère humaine.



Je n’ai absolument rien à reprocher à ce livre ou à vainement tenter de trouver l’un ou l’autre grief. Sans forcément le vouloir, ce roman mène à la réflexion, à ce qui est vraiment fait contre les dangers de l’eau mais aussi ces passeurs pour qui une vie humaine n’est qu’une somme d’argent.



Même si j’étais déjà bouleversée par les migrants des quatre coins du globe, dorénavant, je ne regarderai plus de la même façon ces mers et océans qui submergent bien des espoirs en quête simplement de liberté.



Merci Jean-Marie Quéméner pour ce livre fabuleux et pour avoir offert votre plume à ces multiples voix oubliées.


Lien : https://www.musemaniasbooks...
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J'ai mille ans...

Jean-Marie Quemener opte pour un point de vue inédit sur la question de l'immigration en donnant la parole a un nouveau né. En effet, c'est la jeune Amal qui arrive tout juste au monde mais qui a déjà mille ans, ce fameux regard de vieille âme qu'ont les bébés avant d'acquérir réellement la parole, qui va être la narratrice de ce récit. Une fable moderne sur cette vie de migration entre le Soudan et la terre promise que représente la France. Sujet fort, traité de manière innovante avec des moments intenses mais aussi une certaine forme d'innocence et de légèreté. Mélange détonnant qui ne laisse pas insensible.

On pourra reprocher certains passages longs en descriptions et un vocabulaire très élaboré pour un "nouveau né" qui peut alourdir et donner un petit côté intello au récit, mais n'oublions pas qu'elle "a mille ans".

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J'ai mille ans...

« Je viens de naître.

Jai mille ans.

L'air étouffe, la moiteur comprime. J’apprends à respirer, bien sûr, à ouvrir et fermer les mains aussi. Je sais que les bébés s'agrippent à n'importe quoi pour tenter de rattraper leur confort amniotique et fœtal.

J’ai mille ans et il manque encore.

Je suis née dans une maison entourée de murs aux fleurs naïves sculptées sur une façade pastel, un héritage païen, nubien, au pays arabe des hommes noirs. Quelques briques mal ajustées ont perdu leur enduit et font bayer la maçonnerie aux corneilles.

Beit warde, la «Maison rose», se trouve en bas de la colline. »



J’ai mille ans… Jean-Marie Quéméner @jmquemener @editionsrecamier #rentreelitteraire2023 sortie le 24/08



Ce livre! Poignant, bouleversant de beauté et de vérité! Une lecture inoubliable dont on ne sort pas indemne… un texte puissant, humain, saisissant, éblouissant, à la plume subjuguante et éloquente à la fois!



J’ai été happée dès les premiers mots, ceux qui ouvrent cette chronique… complètement transportée et ébranlée jusqu’à la dernière page!



Certes, l’histoire est émouvante; mais au-delà du récit, je dirais que c’est bien plus le talent de l’auteur qui nous touche en plein cœur que le sujet en lui-même.



Pourtant… il s’agit de l’histoire d’une jeune Soudanaise qui travaille dans un bordel près de Karkar, au Soudan. Elle tombe enceinte d’un Français, choisit de garder l’enfant et de migrer dans l’espoir d’une vie meilleure pour son enfant… « Amal.«Espoir», c'est mon nom. », celui de cette petite fille qui a vu le jour sur cette terre aride et sauvage, abandonnée des dieux, malmenée par les hommes qui se maltraitent, s’entretuent quand ils ne blessent pas la Terre elle-même, ces orpailleurs, ces pilleurs…



Cette misère humaine n’est pas un cadre bienveillant pour une enfant de quelques heures, quelques jours… de mille ans!



J’ai mille ans! C’est ainsi qu’Amal nous raconte la vie… sa vie… quelle vie!



« Jai mille ans et je sais que l'asservissement est un but en soi pour certains. Simple question de puissance égotique. Asservir, c'est dominer. Dominer, c'est être conforté dans son appétence de pouvoir, jamais rassasiée. Un cercle vicieux et violent. »



Il y a pourtant de la beauté dans ce texte sans pareil: beauté des décors, des scènes décrites comme des tableaux mouvants, vivants; beauté des mots, beauté de la nature, beauté des images…



« Quelques femmes transportent sur leurs épaules ou leurs têtes des outres débordantes qu'elles vident, avec force éclaboussures, dans des abreuvoirs circulaires, creusés dans le sol et empierrés depuis que l'homme a su le faire. Les chèvres se bousculent, se harcèlent, distribuent coups de cornes et ruades et réussissent dans ce désordre caprin à boire un peu. Les chameaux grommellent dans leur coin, une patte entravée pour qu'ils n'aillent pas voir ailleurs, impatients de succéder aux biquettes, méprisant de toute leur bouche lippue ces tout petits animaux bruyants et indisciplinés. »



Beauté des métaphores aussi…



« La nuit arrive à son habitude en panthère noire avec ses pattes de velours. Discrète et implacable. »



Beauté malgré la violence! violence des hommes, violence de leurs idées, violence! Pour qui? Pourquoi?



« Maman et moi levons les yeux vers le petit minaret. Comment peux-Tu accepter ça? Je me tais. J’écoute. Rien. Il n'accepte pas, Il subit. Et même Dieu ne peut rien dans ce bouillon aigre de Babel pervertie.

J'ai mille ans. Une infinité de dieux et de prières me suivent en éclaboussures, fantomatiques et inutiles. De lanternes éphémères jetées au Nil. Les hommes s’emparent du divin à leur profit et creusent un puits sans fond. Chacun le sien. On ne partage pas. Et ils finissent par empoisonner celui d'a côté, quitte à gâcher le leur. »



On ne sort pas indemne de cette lecture profonde… les mots me manquent pour transmettre toutes les émotions qu’elle procure! Beauté et noirceur, poésie et chaos, espoir et détresse, splendeur et malheur!



Assurément un texte qui mérite une belle place dans le paysage de la rentrée littéraire qui sera signée cette année @editionsrecamier !



Une de mes plus belles lectures de l’année!
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J'ai mille ans...

Quittant le récit historique, Jean-Marie Quéméner revient à l’actualité avec ce roman, mi-fable, mi-récit, qui par la voix d’un espoir vieux de mille ans raconte le chemin qu’empruntent ceux dont leur pays d’origine est devenu à fuir.



À l’orée du Soudan et de l’Egypte, près d’un village d’orpailleurs interdits aux femmes, dans une cabane de prostituées, naît une fille qui sera la narratrice de ce récit d’exil. Sa mère choisit de l’appeler Amal qui signifie espoir. Aucun avenir pourtant pour ce bébé et sa mère dans ce lieu où la vie appartient à celui qui les possède.



Cet endroit de nulle part est trop éloigné de l’Europe et pourtant, son mirage attire. Car, ce sera toujours mieux de vivre chichement que de mourir ici. Toujours mieux de ne pas avoir d’avenir plutôt que de mourir là où on vit sans vie !



Tout dans ce bébé conclut à sa filiation avec un français, qui à l’annonce de la nouvelle s’est enfui, plus loin que son ombre ! Alors, l’exil sera leur avenir en compagnie d’Assim, aux doigts d’or, aussi homme des hommes.



C’est ce voyage, depuis mille ans réalisé, que raconte Jean-Marie Quéméner, ancien journaliste reporter, spécialiste de la Syrie. À travers le désert, une oasis, un camp de l’attente, on suit cette mère et son enfant, au cœur de la Libye, au contact du meilleur comme du pire où l’argent achète un espoir de liberté vers l’Europe fantasmée.



Avec ce leitmotiv, “J’ai mille ans”, Jean-Marie Quéméner ne raconte pas uniquement par la voix de l’enfant, l’histoire de cette mère dans le périple de l’exil mais ouvre son récit à l’espérance. À partir du récit des dangers traversés, de la peur omniprésente, de la traversée de la Méditerranée et de la misère poisseuse, ce roman est un hommage aux hommes et aux femmes qu’on tente d’oublier.



Les phrases sont courtes, hachées, sèches de verbes pour mieux exprimer l’urgence de ne pas mourir dans l’instant et l’envie de respirer, encore une minute de plus. Même si suivre ce périple dans son fauteuil semble indécent. Mais la décence depuis longtemps nous a abandonnés !



Les mots, les détails, les situations décrites dans J’ai mille ans... de Jean-Marie Quéméner donnent réalité à l’exil que, comme unique solution, subissent des hommes, des femmes et des enfants qui tentent l’immigration en Europe. C’est beau et tragique à la fois ! Difficile d’oublier ceux qu’on vient de croiser, d’omettre leur courage, leur solidarité et leur humanité. À découvrir assurément !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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J'ai mille ans...

Autant vous dire que ce roman est un très gros coup de cœur. Pour commencer, la couverture est interpelante car nous imaginons avant même de lire la quatrième que le contenu ne sera pas facile. La quatrième dévoile, intrigue. Mais c'est dès les premières pages que la plume de l'auteur vous ensorcelle. Amal vient de naître dans une maison de prostituée non loin d'un village d'orpailleurs. C'est elle qui est la narratrice, elle qui va mettre vos émotions à rude épreuve. Nous allons suivre Amal et sa maman dans cette bataille pour être libre, pour être en sécurité. Nous plongeant dans une réalité où le danger est une menace permanente, l'auteur aborde à travers les yeux d'une enfant la difficulté des migrants. A travers un périple sous une tension continue, on y découvre les conditions de vie, la corruption, la peur, la nécessité de prendre des risques fous pour survivre. L'auteur évoque également l'homosexualité " un travers" dissimulé avec Assim, un personnage tout aussi attachant. Ce roman, c'est aussi de l'espoir, du courage, de l'humanité. En un peu plus de 200 pages, Jean-Marie Quéméner nous livre un roman puissant et profond avec une plume débordante de vérité. Ce roman ? C'est LE roman de cette rentrée littéraire !

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J'ai mille ans...

« Au Soudan. Au désert et à la mer. Aux marins des dunes, aux caravaniers des vagues. A tous ceux dont la trame étiolée se retisse ailleurs, loin des dunes et des vagues. Aux migrants. »

Jean-Marie Quéméner



Amal est née au milieu de nulle part dans ce petit village d’orpailleurs, perdu tout au nord du Soudan. Là, au milieu de rien, existe la Maison rose, tout à la fois bordel et prison. Ses murs voient naitre la petit Amal « Espoir » entourée de femmes incroyables, dont sa mère, majestueuse et protectrice candace, reine parmi les reines. Amal n’a que quelques jours quand sa mère choisi l’exil pour l’Europe, que quelques jours et pourtant déjà mille ans. Alors Amal nous raconte… Elle raconte cet espoir, vieux de mille ans, cette légende d’un avenir meilleur, cette route empruntée par tant avant elle, ces illusions et ces cruautés, la dureté et les solidarités. Ce voyage, vieux de mille ans, qui s’étale tragiquement sous nos yeux aux 20h télévisés… De moins en moins souvent à la une, et pourtant d’une urgente réalité.

Jean-Marie Quéméner donne une voix mais aussi une réalité à ces hommes, femmes et enfants qui entreprennent le périple de l’exil. Et si l’expédition est faite de danger, de misère, d’injustice et de trahison, Quéméner parvient a en faire un hommage somptueux à ses être humains qu’on préfère nier, résumés à des statistiques et des bandeaux informatifs qui semblent éternels…

"On n’écrit jamais rien sur le sable. On ensevelit."

Jean-Marie Quéméner dresse des portraits puissants et je ne peux que croire qu’il a rencontré les femmes de son roman tant elles sont exceptionnelles, vibrantes, grandes et universelles! Tout est fort et lumineux! Même la douleur est belle! Un suspens incroyable, un récit tendu qui a l’intelligence de vous offrir des instants de répit d’une tendresse folle parce que l’auteur partage simplement une vérité et qu’elle nous happe, nous enveloppe et nous emporte loin très loin, mille ans en arrière, dans la mémoire de l’Humanité pour nous rappeler la nôtre…
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J'ai mille ans...

Ce livre parle d’Amal, qui veut dire espoir en arabe. Espoir donné en prénom à une petite fille qui porte en elle toute l’espérance d’une vie meilleure, pour elle, et par elle. L’espoir vient par sa naissance, qui brisera les chaînes de la servitude de sa mère. L’espoir de cette mère que tout opprime, sa condition de femme dans un pays où elle a à peine le droit de vivre, mais aussi, sa condition de prostituée dans un pays où elle ne peut exister. Dans un pays où elle n’existe qu’en tant qu’objet. La fuite vers un possible avenir, vers la vie tout simplement.



l’auteur, ancien grand reporter, prend le parti de raconter ce qui se passe dans cette partie du globe, à travers les mots d’une petite fille qui vient de naître et qui a déjà mille ans. Mille ans de guerre, d’oppression et de dictature. Un conte métaphorique des temps modernes pour évoquer l’immigration et ses diverses raisons, jamais choisies par plaisir, mais toujours imposées par la nécessité.



A aucun moment, l’auteur ne tombe dans la facilité, le ton est d’une justesse bouleversante. Amal reste ce bébé avide de découverte et c’est par ses yeux que nous faisons connaissance avec le monde, avec les personnages d’une grande richesse qui jalonnent ce récit.



A travers Amal, c’est la voix de tous les migrants qu’on entend, c’est leur parcours qu’on suit. Les mots sont simples, sans exagération, c’est une histoire d’une fluidité saisissante, le lecteur vit la traversée, vit cette migration et c’est toute la force du récit.



La plume hachurée, poétique, aux chapitres courts, avec cette phrase : « J’ai mille ans », donne une dynamique, un rythme au récit où l’urgence est palpable, où la métaphore côtoie la beauté, où la laideur devient interrogation.



Plusieurs émotions m’ont traversé, à la fois la révolte, le dégoût et l’admiration. J’ai surtout été profondément bouleversée par Amal, par l’espoir qui l’entoure, par ce texte qui porte en lui toute la noirceur de l’humanité, mais aussi tous les espoirs. C’est à la fois splendide par la manière dont l’aborde l’auteur, mais aussi révoltant par ce qu’il décrit.



C’est un livre dont il est difficile de parler, car un drame se joue à nos portes et pourtant, nous préférons fermer les yeux. Reste ces hommes et ces femmes qui continuent à espérer et pour qui partir, tout abandonner est un geste de survie, de nécessité absolue et pourtant à chaque fois que nous préférons détourner le regard, nous perdons un peu plus de notre humanité.



C’est indéniablement Le livre de cette rentrée, d’une grande justesse et d’une grande profondeur.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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J'ai mille ans...

J’ai mille ans… relate l’histoire d’Amal (espoir en arabe) qui naît dans une maison close soudanaise. Sa mère souhaite lui épargner cette vie de débauche, de misère, de soumission. Elles se retrouvent toutes les deux sur la route de l’exil, pour fuir leur village, trouver une terre d’accueil où la vie serait meilleure. Entre camps de réfugiés, trahisons, violences, J’ai mille ans… témoigne de leur parcours.



J’ai mille ans… est ma première lecture de Jean-Marie Quéméner. Ce roman écrit du point de vue du nourrisson, décrit parfaitement la misère, les difficultés, le désespoir mais aussi la solidarité entre migrants, exilés, parias. La plume de l’auteur est pleine de poésie (J’ai mille ans revient régulièrement comme un refrain, une ritournelle). Malgré la noirceur du récit, les mots sont doux, beaux, touchants. On sent toute la sincérité et l’émotion de Jean-Marie Quéméner qui a vécu quatre ans au Soudan. Pourtant à aucun moment il ne sombre dans le pathos et n’en fait trop.



Tous les personnages, principaux et secondaires, semblent prendre vie sous la plume de l’ex-correspondant de guerre, de Soraya la prostituée à Arafa la tchadienne. L’exil comme unique échappatoire à une vie de condamnés y est parfaitement dépeint. Nous, européens occidentaux, ne pouvons prendre conscience de notre chance qu’à la lecture de J’ai mille ans… .



Un sujet toujours d’actualité écrit avec douceur et réalisme. J’ai mille ans… de Jean-Marie Quéméner est une pépite de cette rentrée littéraire.
Lien : https://desplumesetdeslivres..
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