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EAN : 9782385770037
208 pages
Editions Récamier (24/08/2023)
4.43/5   37 notes
Résumé :

« J’ai mille ans…
Je viens de naître. »
Ainsi commence l’histoire de la petite Amal (« espoir » en arabe) née au milieu de rien, d’une mère prostituée dans une maison close en contrebas d’un village d’orpailleurs et de contrebandiers, interdit aux femmes, au Nord du Soudan près des frontières égyptiennes et libyennes.
À peine née, Amal est jetée avec sa mère sur la route de l’exil, du Nord du Soudan à la Méditerranée.
Ce bébé et s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 # 11 °°°

Amal est née dans la Maison rose, un bordel-prison fréquenté par des orpailleurs et des archéologues français, quelque part au Nord du Soudan. Peu de temps après sa naissance, sa mère trouve la force de fuir. le roman raconte leur parcours de migrantes vers la France via la Méditerranée, avec de nombreuses épreuves à surmonter parsemées de nombreuses rencontres, hostiles ou bienveillantes, entre camps de réfugiés, milices et passeurs dans un contexte de guerre civile.

« Je viens de naître.
J'ai mille ans.
L'air étouffe, la moiteur comprime. J'apprends à respirer, bien sûr, à ouvrir et fermer les mains aussi. Je sais que les bébés s'agrippent à n'importe quoi pour tenter de rattraper leur confort amniotique et foetal.
J'ai mille ans et il manque encore.
Je suis née dans une maison entourée de murs aux fleurs naïves sculptées sur une façade pastel, un héritage païen, nubien, au pays arabe des hommes noirs. Quelques briques mal ajustées ont perdu leur enduit et font bayer la maçonnerie aux corneilles.
Beit warde, la « Maison rose », se trouve en bas de la colline. Plus haut, c'est Karkar. Un nom de rocailles pour un rêve déchu. »

Plutôt que d'opter pour un récit classiquement journalistique sur un sujet d'actualité, Jean-Marie Quéméner propose de façon surprenante un récit proche du conte, ce qui n'empêche pas d'accéder à une vérité sur le drame des migrants. C'est le bébé Amal, à peine née, qui est la narratrice, et elle nous annonce qu'elle a mille ans.

Ce procédé peut sembler casse-gueule au possible – j'étais un peu sceptique au départ - mais cela fonctionne complètement car l'auteur trouve le ton juste, Amal s'exprimant avec la légèreté et la naïveté de l'enfance tout en ayant la lucidité et la sagesse du millénaire qu'elle a déjà vécu. La phrase « J'ai mille ans » scande la quinzaine de chapitres aux titres courts épurés ( « Le puits », « Le chameau », « les étoiles » etc ) pour apporter de la profondeur philosophique au drame qui se joue pour ces deux migrantes et leurs compagnons d'infortune.

Oui définitivement, le ton est juste, sobre et poétique. On sent toute la sincérité de l'auteur, ex-correspondant de guerre qui a vécu quatre ans au Soudan, toute sa compassion sans pour autant en faire un livre de détresse au moralisme culpabilisateur qui surferait de façon putassière sur la tragédie des migrants. Les personnages existent par eux-mêmes, principaux comme secondaires ( magnifiques personnages de Soraya la prostituée et d'Arafa la tchadienne ) et ne réduisent pas à leur misère.

Et c'est cette partition jamais surjouée qui fait naitre l'émotion et bouleverse lors de nombreuses scènes, notamment sur les derniers chapitres.
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Il est des livres qui vous retournent le coeur, qui vous font ressentir des centaines d'émotions, qui vous émeuvent, qui vous prennent aux tripes. « J'ai mille ans … » de Jean-Marie Quéméner est de ceux-là pour moi. Il est un des livres que j'ai lus cette année qui m'a le plus marquée et je pourrais même dire de ces dernières années.

Portée par la voix de Amal, née au milieu de nulle part, au fin fond de l'Afrique, au Nord du Soudan, c'est l'histoire de cet enfant et de sa mère, dans un désert de poussières, où le seul espoir est de quitter ce lieu pour tenter sa chance ailleurs. Sa mère, prostituée dans un bordel fréquenté par les locaux et des expatriés, souhaite un avenir meilleur pour sa fille. C'est pour cela qu'elle entreprend le périlleux voyage pour quitter la misère vers l'Europe, via la mer Méditerranée qui a déjà englouti tant de migrants…

Ce magnifique hommage écrit par Jean-Marie Quéméner est rempli de poésie malgré la dureté du propos. Offrant un visage à ces oubliés pour qui l'Europe ressemble à un Eldorado et qui tentent de la rejoindre au péril de leur vie, cette histoire pourrait être celle de milliers d'entre eux.

J'ai trouvé la plume fluide et magnifique. Comment ne pas s'attacher à ce bébé et à cette mère qui souhaitent « seulement » vivre ? La galerie de portraits qui entoure le récit offre un florilège de personnages, pour certains ô combien attachants et captivants tandis que d'autres exécrables et profitant de la misère humaine.

Je n'ai absolument rien à reprocher à ce livre ou à vainement tenter de trouver l'un ou l'autre grief. Sans forcément le vouloir, ce roman mène à la réflexion, à ce qui est vraiment fait contre les dangers de l'eau mais aussi ces passeurs pour qui une vie humaine n'est qu'une somme d'argent.

Même si j'étais déjà bouleversée par les migrants des quatre coins du globe, dorénavant, je ne regarderai plus de la même façon ces mers et océans qui submergent bien des espoirs en quête simplement de liberté.

Merci Jean-Marie Quéméner pour ce livre fabuleux et pour avoir offert votre plume à ces multiples voix oubliées.

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Au nord du Soudan, Amal qui signifie espoir en Arabe, nait d'un homme français archéologue et d'une femme soudanaise prostituée.
Dans ce village, au nord du Soudan, il n'y a que des hommes, des orpailleurs et des contrebaudiers, des hommes armés, les femmes n'y ont pas leur place . Pour trouver des femmes, il faut aller dans la maison rose plus bas dans le village, maison de prostitution où est née Amal.

Le père , archéologue français, ne veut pas entendre parler de cet enfant , la mère va alors, pour sauver sa fille de la prostitution, choisir le chemin de l'exil, chemin qui va être bien évidemment compliqué difficile tragique , mais aussi peuplé de belles rencontres.
C'est Amal, ce bébé, qui va être la narratrice et raconter son histoire, l'histoire avec sa naïveté, son humanité mais aussi sa sagesse. "J'ai 1000 ans."
La fin est extrêmement émouvante.
Ce roman est celui de tous ces gens qui fuient leur pays pour tenter de gagner un peu de liberté.
Jean-Marie quéméner a vécu 4 ans au Soudan et a été de nombreuses années journaliste, il a donc aussi à coeur de faire passer un message, non pas larmoyant mais politique.
La révolte bouillonne en lisant ces pages, car ce roman n'a malheureusement pas grand chose de fictionel, tout est extrêmement réaliste.
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Ce livre parle d'Amal, qui veut dire espoir en arabe. Espoir donné en prénom à une petite fille qui porte en elle toute l'espérance d'une vie meilleure, pour elle, et par elle. L'espoir vient par sa naissance, qui brisera les chaînes de la servitude de sa mère. L'espoir de cette mère que tout opprime, sa condition de femme dans un pays où elle a à peine le droit de vivre, mais aussi, sa condition de prostituée dans un pays où elle ne peut exister. Dans un pays où elle n'existe qu'en tant qu'objet. La fuite vers un possible avenir, vers la vie tout simplement.

l'auteur, ancien grand reporter, prend le parti de raconter ce qui se passe dans cette partie du globe, à travers les mots d'une petite fille qui vient de naître et qui a déjà mille ans. Mille ans de guerre, d'oppression et de dictature. Un conte métaphorique des temps modernes pour évoquer l'immigration et ses diverses raisons, jamais choisies par plaisir, mais toujours imposées par la nécessité.

A aucun moment, l'auteur ne tombe dans la facilité, le ton est d'une justesse bouleversante. Amal reste ce bébé avide de découverte et c'est par ses yeux que nous faisons connaissance avec le monde, avec les personnages d'une grande richesse qui jalonnent ce récit.

A travers Amal, c'est la voix de tous les migrants qu'on entend, c'est leur parcours qu'on suit. Les mots sont simples, sans exagération, c'est une histoire d'une fluidité saisissante, le lecteur vit la traversée, vit cette migration et c'est toute la force du récit.

La plume hachurée, poétique, aux chapitres courts, avec cette phrase : « J'ai mille ans », donne une dynamique, un rythme au récit où l'urgence est palpable, où la métaphore côtoie la beauté, où la laideur devient interrogation.

Plusieurs émotions m'ont traversé, à la fois la révolte, le dégoût et l'admiration. J'ai surtout été profondément bouleversée par Amal, par l'espoir qui l'entoure, par ce texte qui porte en lui toute la noirceur de l'humanité, mais aussi tous les espoirs. C'est à la fois splendide par la manière dont l'aborde l'auteur, mais aussi révoltant par ce qu'il décrit.

C'est un livre dont il est difficile de parler, car un drame se joue à nos portes et pourtant, nous préférons fermer les yeux. Reste ces hommes et ces femmes qui continuent à espérer et pour qui partir, tout abandonner est un geste de survie, de nécessité absolue et pourtant à chaque fois que nous préférons détourner le regard, nous perdons un peu plus de notre humanité.

C'est indéniablement le livre de cette rentrée, d'une grande justesse et d'une grande profondeur.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Née dans une maison close d'un village perdu au nord du Soudan, Amal (« espoir »), n'a que quelques jours quand sa courageuse mère décide de s'exiler en Europe. Amal, ce bébé qui a déjà mille ans, c'est la mémoire d'un peuple et le récit de son périple devient celui de tous les migrants. D'oasis improbables dans le désert en camp de réfugiés où règnent la violence et l'insécurité, de tempêtes de sables en racket de pseudos-militaires, Amal et ses frères de misère atteignent la méditerranée où les attends un vieux radeau pneumatique.
Amal sait déjà le poids millénaire de la misère et de la violence insatiable des hommes. Elle connait le prix exorbitant de la liberté et son récit est vraiment bouleversant.
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critiques presse (1)
LeFigaro
16 novembre 2023
Dans un texte qui navigue entre la fable et le récit, le journaliste rend hommage à des êtres qu’il a cotoyés.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L’illusion de la tendresse, elle, est à vendre en contrebas, chez moi. Pas l’amour. Lui ne compte pour rien. Il ne rapporte pas. Il coûte. Mauvaise affaire.

Je n’ouvre pas encore les yeux, mais je ferme déjà mon cœur. La poudre aurifère cristallise les sentiments. L’âge d’or est de fer et de pierre. Rien de très nouveau, seulement la très ancienne alchimie humaine : une pincée de misère, une pleine poignée d’hommes et le goutte-à-goutte de la solitude transforment les lingots jaunes en plomb et l’homme en animal.

Je sais. J’ai mille ans.
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Les hommes, quand ils n'ont rien à dire, utilisent les mots pour se cacher, un peu comme les buissons d'épineux tentent de dissimuler le désert.
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La routine domestique nous roule dans sa farine d'oubli. Je sais. J'ai mille ans. Les humains se sentent plus confortablement installés au milieu du chemin qu'à l'angoisse du départ ou à l'incertitude de l'arrivée. Ils se préservent en autruche. Ne pas avancer, ni reculer, s'affairer avec des riens dans le rien, c'est rester sauf.
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Les hommes confondent souvent destin et hasard, attribuant à l'un une fatalité aggravée par l'autre. Je sais désormais qu'ils ne trébuchent que sur leurs fautes et ne se relèvent qu'avec le courage en béquille. La foi, la chance, les aléas de la vie... Tout n'est que superstition, grigri pour s'excuser de rester enfermé ou pour enfermer les autres.
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Un très long trajet dans le désert. Son immensité dissout le voyage en éternité. Il assèche les hommes et la parole. Il vous ratatine, tente de vous faire devenir grain de sable , vous contraint à l'humilité.
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Videos de Jean-Marie Quéméner (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Quéméner
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Jean-Marie Quemener vous présente son ouvrage "J'ai mille ans..." aux éditions Récamier. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2895779/jean-marie-quemener-j-ai-mille-ans
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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