Conférence Encore des vampires ? Oui ! Ça mord mais ça ne lasse pas ! enregistrée aux Imaginales 2018.
Avec Jeanne-A Debats, Jean Marigny et Barbara Sadoul.
Lorsque parait Dracula, l'état d'esprit fin de siècle ne se limite pas à la société victorienne. Le "décadentisme" est à la mode dans toute l'Europe. Les milieux intellectuels affichent un goût marqué pour tout ce qui est morbide, insolite ou susceptible de surprendre et de choquer. Éros et Thanatos inspirent une abondante iconographie.
Contrairement à la représentation qu'en donne la littérature et le cinéma, dans les légendes des croyances d'Europe centrale et orientale le vampire n'a rien d'une créature pâle et émaciée : il est au contraire plutôt rubicond et bouffi, car gorgé de sang - c'est précisément ce qui le distingue des autres défunts. Il n'a pas non plus besoin dents protubérantes et exagérément pointues, car il suce le sang à travers les pores de la peau.
Pour les individus comme pour les civilisations, le temps ne peut ressurgir. Tout est vieillissement, décadence et décrépitude et la mort est la seule réalité tangible. Le progrès n'a pas de sens plus que la richesse ou les ambitions individuelles puisque tout est voué à la disparition. p.34
Vers la fin du XVIIIème siècle, le vampire a enfin pu trouver une place dans la littérature d'imagination car il était désormais connu du public en Europe occidentale. Pourtant, ce n'est pas la littérature en prose qui s'est la première intéressée à ce thème mais la poésie.
Dracula a 100 ans. Sorti tout droit du roman de Bram Stoker, il a franchi les montagnes de la Transylvanie pour conquérir le monde occidental. Ce vampire qui refuse de mourir, renaît chaque fois de ses cendres.
Pourtant en dépit de ses métamorphoses le vampire moderne continue à incarner métaphoriquement ,comme les lamies de l'Antiquité et les morts-vivants de Transylvanie ,toute la fascination et l'angoisse qu'inspirent en nous le sang ,la nuit , la vie et la mort.