Philippe Grosos et
Jean Michel Geneste, en partenariat avec
Boris Vincent vous présentent leur ouvrage "Préhistoire : nouvelles frontières" aux éditions Maison des sciences de l'homme.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2861002/prehistoire-nouvelles-frontieres
Note de musique : © mollat
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Cette montée vers la complication intellectuelle et esthétique a débouché un jour d'une cinquantaine de milliers d'années sur la projection de formes sur des objets ou des parois, formes qui, en elles-mêmes, ou, à plus forte raison, associées, prenaient un sens ; même si leur groupement n'était pas linéaire, c'était bel et bien une écriture. Et ces dessins, peintures, gravures, signes vont couvrir des millions de roches à travers le monde, à découvert ou en cavités en fonction des possibilités offertes par les pays où ils ont été créés. Or il se trouve que, pour beaucoup de raisons, dont certaines sans doute nous échappent, Lascaux est devenu une sorte de grotte emblématique, de grotte symbole, symbole de l'art préhistorique, de sa beauté, de son mystère, de son antiquité, de sa conservation.
Depuis trois millions d'années, l'Homme sait qu'il sait, et la possession de cette conscience lui a fait percevoir les formes au point d'oser en créer ; tapant sur une pierre avec une autre, il a "transformé" au sens propre, la première et, à partir de ce moment d'audace et d'imagination, il n'a plus cessé d'inventer, élaborant des formes de plus en plus compliquées, de plus en plus belles aussi, et de plus en plus efficaces lorsqu'elles étaient destinées à des fonctions. Le préhistorien suit parfaitement ainsi l'évolution des formes réalisées par les préhistoriques mais aussi l'évolution de leur perception des formes naturelles en découvrant par exemple leur intérêt grandissant pour les couleurs, les densités, les curiosités au point de les collecter pour le plaisir, pour s'en servir ou pour s'en orner le corps.
Fig. 1 - Cet outil provient d'installations néandertaliennes des alentours de -55 000 à la Grotte Mandrin, dans la vallée du Rhône. Les transformations artisanales ne concernent que le flanc gauche de l'objet, mais ces modifications de la forme du support sont précisément positionnées de telle sorte qu'elles imitent en miroir le tranchant opposé, droit, qui est conservé dans sa morphologie naturelle sans aucune modification artisanale. Ce jeu intégrant les formes naturelles de la matière et y répondant permet ici d'obtenir une pièce présentant équilibre et symétrie axiale remarquables. Le projet de l'artisan, dans la construction de son objet, ne s'impose pas à la matière. Il l'épouse, il s'y adapte et la volonté de l'artisan entre en résonance avec des morphologies naturellement observées dans la matière préalablement à ses gestes. Le résultat est un outil d'une superbe symétrie, et surtout d'une grande pureté de lignes. C'est aussi un objet unique, non reproductible. Ces jeux d'équilibre qui produisent des objets uniques et d'une grande harmonie de formes, laquelle ne s'impose pas frontalement aux matières mais « dialogue» avec elles sont des classiques chez Néandertal.
Ces représentations de grands mammifères herbivores et carnivores qui dominent l'art pariétal expriment la proximité spirituelle qui existait alors entre les humains et les animaux. Les grands artistes de la grotte de Lascaux étaient en même temps de grands prédateurs ainsi qu'en témoigne leur connaissance intime des espèces figurées.
Au cœur de ces sociétés de chasseurs, la production d'objets matériels décorés et d'art rupestre accompagnait et soutenait peut-être une multitude de pratiques sociales.
Au Paléolithique les animaux nourrissaient, en effet, les Hommes et leur imaginaire.
Profitant tout à la fois de découvertes archéologiques continuelles, d’avancées technico-scientifiques constantes, mais également d’une épistémologie critique toujours plus riche, les études préhistoriques, telles qu’elles se pratiquent en notre xxie siècle, n’ont cessé de repousser leurs frontières, toutes leurs frontières, qu’elles soient internes ou externes. Loin d’être des bornes ou des barrières, les frontières de la « préhistoire » s’ouvrent, devenant désormais des lieux de passage et d’influences. Des lieux dynamiques où le savoir se crée, s’énonce et se partage ; des lieux en lesquels des champs d’investigation, toujours plus riches, s’entrecroisent et s’étendent.
Durant le Paléolithique moyen, Néandertal est I'humain qui a fait preuve de la plus grande diversité de gestes envers certains de ses morts (23 gisements concernés à l'échelle de l'Eurasie occidentale) alors que nous ne connaissons que très peu les pratiques funéraires de ses contemporains (5 gisements à l'échelle de l'Ancien Monde). Mais la dualité des considérations sur de tels comportements chez Néandertal, relativement à ceux des humains modernes, est similaire à celle concernant leur statut taxinomique. Certains refusent toujours aux Néandertaliens la capacité d'avoir inhumé leurs morts.