Des Livres et Vous (Saison 8) #003 - avec Jean-Paul Eid pour "Le Petit Astronaute"
Les souvenirs, on a beau essayer de les retenir, ils finissent toujours par nous couler entre les doigts. Un jour ou l'autre, sans qu'on s'en rende compte, les visages se confondent... les regards deviennent flous... les détails disparaissent...
Au début, les céréales déguisées en plante vivent dans les champs.
avant de passer entre les griffes de leur prédateur naturel, la moissonneuse-batteuse.
Le temps a passé et me revoilà
Cherchant en vain la maison que j'aimais
Où sont les pierres et où sont les roses
Toutes ces choses auxquelles je tenais ?
D'elles et de mes amis plus une trace
D'autres gens, d'autres maisons ont volé leurs places
La maison où j'ai grandi
Eddy Marnay
Les souvenirs, on a beau essayer de les retenir, ils finissent toujours par nous couler entre les doigts.
"Tom, il ira dans une école spéciale, avec des enfants comme lui. Il aura des amis, là_bas"
Comme des grands-mères, [ces maisons] veillent sur leur progéniture jusqu’à ce qu’elle quitte le nid. Elles en ont vu partir pour l’école, certains pour la guerre, d’autres pour le ciel. Puis, elles déroulent leurs longs escaliers en fer forgé vers d’autres enfants, qui apprendront à les gravir à leur tour. Les maisons, ça sert à fixer nos souvenirs pour les rendre indélébiles.
Dans ce silence lourd, mes parents ne bougeaient plus, évitaient mon regard. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais j'ai préféré ne pas poser de question. Alors j'ai fait comme Tom, je me suis tue.
Ce jour-là, du haut de mes quelques années, j'ai réalisé qu'une chose de terrible venait de frapper notre petite famille.
Mes deux grandes tours jumelles avaient reçu un avion en plein coeur.
[p 44]
C’est pas comme ça que je voyais ma vie. Moi, je voulais juste une famille comme celle que j’ai connue en campagne où j’ai grandi. Avec des enfants ordinaires qui montent dans les arbres, qui s’écorchent les genoux, qui chialent pour pas faire leurs devoirs.
Je voulais juste être une maman, pas une garde-malade pour le restant de mes jours.
(La Pastèque, p.66)
Je sais bien que Tom parle pas mais s’il parle pas c’est seulement parce que ses paroles sont incapables de sortir par sa bouche. Alors elles restent dans sa tête et quand je colle mon oreille à la sienne, je les entends. Je suis la seule à qui il a raconté son histoire.
Juliette 5 ans
PS
Tom souffre de paralysie cérébrale
L' œuf vient de la poule (ou le contraire, mais c'est une trop longue histoire)