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Gilbert Lavoie a travaillé trois ans aux côtés de Brian Mulroney en plus de couvrir le dernier mandat de Pierre Elliott Trudeau à titre de correspondant parlementaire du quotidien La Presse. Il a suivi les deux premiers ministres partout sur la scène internationale. Il a pu constater combien les relations personnelles entre les leaders sont importantes et à quel point il faut appuyer leurs déplacements à l'étranger même s'ils sont onéreux et exigeants.
Son livre, riche en anecdotes, décrit aussi les difficultés de communication d'un bureau politique avec une presse parlementaire souvent cynique et parfois malicieuse. Lavoie se penche sur l'évolution de l'information dans un univers technologique qui impose la rapidité d'exécution au détriment de la vérification des faits. Un ouvrage incontournable pour quiconque s'intéresse à la politique nationale et internationale, à l'information et à l'histoire.
Originaire de Rimouski, Gilbert Lavoie a été journaliste à La Presse pendant 15 ans. Il a été secrétaire de presse du premier ministre Brian Mulroney de 1989 à 1992. Il a ensuite été rédacteur en chef du Droit, à Ottawa, jusqu'en 1994 et du Soleil, à Québec, jusqu'en 2001. Chroniqueur politique à l'Assemblée nationale jusqu'en 2018, il a publié au Septentrion « Jean Pelletier. Entretiens et témoignages » en 2009 et « Blessures de guerre. Des camps nazis à l'Afghanistan » en 2010.
Réalisation et montage : Francis Denis
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" Il s'offre, quoi qu'il en dise, au regards scrutateur de l'investigateur. Finalement, tout n'est que promesse et les pires barrages qu'il édifie, photos désagréables, propos insidieux, relecture soigneuse de ses interviews, refus d'être publié dans une collection de poche, tout cela ne sert qu'à favoriser l'invitation au voyage, à e,n savoir plus. Les procédés les plus méticuleux de verrouillage se révèlent insuffisants à celui qui croise d'une manière ou d'une autre Gracq et son oeuvre.
Mais il a réussi à être "invisible" aux yeux du plus grand nombre, y compris d'un public "averti". Il a créé ce paradoxe incroyable, être d'une certaine manière "statufié" comme un grand écrivain français vivant et ne pas être connu du public français.
Il est là, posté dans son refus du prix Goncourt ou son ermitage de Saint-Florent-le-Vieil, comme embusqué ; quelle que soit la manière dont il le vit, c'est ainsi qu'il est "vu".
Bien qu'il ne participe à aucun "manège médiatique" et qu'il ne laisse qu'épisodiquement une trace de son écriture [..], il n'empêche. Gracq, pour celui qui a ouvert la page, tend bien malgré lui la main à celui qui deviendra son passager, à celui qui s'embarquera pour un voyage lointain et incertain, car les prémisses sont particulièrement encourageantes, tant le personnage interpelle et détonne dans un paysage littéraire consensuel. [...]
Je me souviens encore de cette première découverte, la lecture du "Rivage des Syrtes", les premiers mots, ce sentiment de défrichage, de rentrer en contact avec un univers qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu lire précédemment. Mais au delà de ce qui apparaissait à mes yeux comme une nouveauté, il y avait un sentiment quasi ésotérique. [...].
Il est vrai que la nature de son écriture est une "initiation" à le lecture du monde. Le rythme de la phrase, le choix du vocabulaire, le mouvement de l'écriture a le don "d'évocation". C'est en cela qu'il donne par ses oeuvres une manière nouvelle et originale de concevoir le rapport qu'entretient l'écriture avec la vie."
[Jean PELLETIER : " Julien Gracq : L'embarcadère ", collection "Vérité et légendes", éditions du Chêne, 2001 - chapitre 7 : "L'embarcadère", pages 136-138]
Si l'on tente de retenir les grandes tendances du propos de Julien Gracq, c'est à peine s'il reste quelque chose de tangible et de substantiel, tout n'est encore une fois qu'animé par le sentiment de la fuite, les contours de l'irréalité et parfois comme la sensation d'une absence qui se perd dans une trame romanesque. C'est en quoi la lecture de Gracq peut dérouter certains esprits impréparés à la divagation.
Souvent le lecteur se trompe lorsqu'il aborde l'œuvre de Julien Gracq ; s'il cherche l'histoire, il finit par se perdre dans les entrelacs des mots, il y risque un ennui froid et glacial. Il oublie le sens fondamental de cette paix intérieure qui nous est proposée.
" Aujourd'hui dans une biographie de Gracq, on trouverait des dates, des événements, des traces visibles, seulement visibles, de certains moments sociaux, les études, la guerre, les publications, les représentations, les conférences, les préfaces... mais il n'y aurait rien sur ses sentiments profonds, ses amours, ses amitiés, nulle lettre, nulle confidence. Et nous ne saurions rien non plus des trahisons, des complicités, des rêves et des pleurs, et encore moins de la peur et du bonheur.
Quant à l'amour, il ne fait que rayonner de manière mystique au travers de ses personnages féminins. L'amour n'y est jamais physique, il se réfugie dans l'allégorie, il ne peut être que l'expression du désir, il se signale régulièrement dans le seul espace qu'il sait s'assigner, celui de l'attente et de l'espérance. "
[Jean PELLETIER : " Julien Gracq : L'embarcadère ", collection "Vérité et légendes", éditions du Chêne, 2001 - chapitre 4 : "Ecrire", pages 90-91]
Il y a entre sa maison et lui un mélange de naturel, le portail, la terrasse, la petite pièce où il reçoit et sa présence pleine de mots comme autant de lucioles, et comme une douleur, de quelque chose qui se perd et puis s'oublie.
" La littérature porte en elle un imaginaire puissant et multiforme, sa force de création engendre les formes les plus débridées du rêve humain. Le génie créatif de Julien Gracq est d'inventer le temps, à tel point que celui-ci devient à la fois l'acteur principal, le décor et la substance même du récit. "
[Jean PELLETIER : " Julien Gracq : L'embarcadère ", collection "Vérité et légendes", éditions du Chêne, 2001 - chapitre 2 : "Le temps est invention ou il n'est rien", page 39]
On ne décide pas de rendre visite à Julien Gracq, ce n'est possible que si d'évidence on se sent préparé. Ce n'est pas la peur d'affronter "un monument" qui vous fait hésiter, voire fléchir, ce n'est pas non plus l'incertitude, l'angoisse de ne pas être à la hauteur qui retarde cet engagement. Ce n'est que l'irrépressible besoin de faires'incarner " celui qui est à l'origine" d'une émotion profonde.
(- Premières phrases du "Prélude" -)
" 1951. Ferme, il le reste dans son refus de tout prix littéraire, fidèle à la dénonciation qu'il en fit dans "La littérature à l'estomac".
[Jean PELLETIER : " Julien Gracq : L'embarcadère ", collection "Vérité et légendes", éditions du Chêne, 2001 - chapitre 1 : "Décider", page 30]