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Critiques de Jean-Pierre Bastid (21)
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Laissez bronzer les cadavres !

J'avais découvert et apprécié Jean-Patrick Manchette avec "Le petit bleu de la côte ouest", c'est donc tout naturellement que j'ai décidé de poursuivre avec son premier roman, écrit à quatre mains avec Jean-Pierre Bastid.

Je dois pourtant avouer qu'avec ce titre à la "San Antonio", qui fleure bon le roman de gare à deux balles, je n'étais pas trop emballé, on a parfois des a priori...

Pour commencer, j'ai aimé la préface, l'auteur par lui-même, sympa et instructif, d'ailleurs, je pourrais même me contenter de citer Jean-Patrick Manchette en guise de billet :

"Eh bien, je dois dire que nous sommes arrivés à remplir 240 pages avec pour toute matière, à partir de la page 40, des gens qui rampent dans la pierraille et se canardent. Sur le plan du travail, c'était passionnant et hilarant".

Je vais quand même faire l'effort d'exprimer un ressenti, j'ai adoré !

Le tout m'a donné la sensation d'un vaudeville en plein air, humour et argot des années 70 en prime, sauf que là, on tire à balles réelles et que l'appât du gain peut mener aux pires extrémités.

Une histoire qui vaut avant tout par sa galerie de personnages pittoresques et assez caricaturaux ainsi que par un rythme endiablé avec des chapitres courts ou très courts, un roman chorale (très noir) dont l'action se déroule en 24 heures, avec une chronologie très rapprochée entre chaque chapitre.

Une lecture prenante de bout en bout, et un tout très cohérent, le style de Jean-Patrick Manchette est décidément atypique. Je ne compte pas m'arrêter là !
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La tendresse du loup

Ils sont trois. Dans une bagnole volée. Ils ne se connaissent pas. Ils vont très rapidement devoir se supporter et apprendre la gestion du pétage de plomb et des envies de meurtre récurrentes en espace confiné.



Rémi est blanc, sûr de lui, à même de vous sortir de n'importe quelle situation mais surtout de vous taper sur le système avec une force et une vitesse peu communes.

Clotaire est noir, équilibré, peu enclin aux sorties de routes. Il va devoir renégocier son contrat d'assurance très régulièrement.

Philippe est fêlé. A peine treize ans mais le ciboulot bien atteint. Attention, non pas qu'il ait la tête pleine de flotte, ce serait même le contraire. Un QI hors norme au service d'un caractère qui l'est tout autant. Conçu comme une grenade parkinsonienne, il se révèle capable de dégoupiller plusieurs fois par jour. Détonant non ?

Aussi, lorsque nos deux premiers amateurs en puissance se sont improvisés gentils monos chargés de l'encadrement et de l'acheminement de notre troisième loustic jusqu'à son nouveau lieu de villégiature spécial timbrés, ils étaient bien loin d'imaginer qu'un ado allait les conduire aux confins de la folie douce. D'où le film, deux hommes et un confin...



La Bretagne, ça vous gagne ? Ouais, ça vous assure surtout d'un lot d'emmerdes incommensurable.

Construit très originalement, la Tendresse du Loup détone de par son découpage polymorphe. Un road-movie totalement barré assorti d'un soupçon d'intrigue policière et mâtiné d'une pincée d'anthropologie en milieu psychiatrique, Bastid fait dans le couteau Suisse certifié NS.

Le ton est enlevé, la construction atypique. Alternant avec justesse périple bretonisant loufoque avec l'écoute de cassettes testamentaires certifiées Phiphi l'entonnoir, l'auteur déroule, le lecteur déguste, le récit passionne sans forcer.

L'intérêt d'une telle histoire, outre ce déglingo de Phiphi que l'on sent manipulateur, violent et impulsif, c'est cette aura de mystère qui plane et s'affirme au fil des pages. Car bien malin celui ou celle capable d'en deviner l'issue. Un dénouement forcément dérangé... et dérangeant.
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Laissez bronzer les cadavres !

« Laissez bronzer les cadavres » est le premier roman de Jean-Patrick Manchette. Il a été écrit en collaboration avec Jean-Pierre Bastid et a été publié en 1971 dans la collection « Série noire ».



Tout se passe dans un hameau isolé du sud de la France qui appartient entièrement à Luce, une artiste excentrique. Elle y mène une vie de bohème, reçoit les hôtes les plus farfelus et y organise des soirées de débauche mémorables. Mais les années passant, les fêtes et les invités ont perdu de leur panache et de leur entrain. Luce s'ennuie et se retrouve coincée avec un écrivain alcoolique et son amoureux du moment, un avocat dont elle s'est lassée. Ce dernier a convié trois de ses relations qui détonnent un peu dans le paysage avec leurs airs de mauvais garçons. Les trois hommes profitent de l'isolement des lieux pour se planquer après avoir braqué un fourgon transportant de l'or. Mais la visite inopportune de deux motards de la Gendarmerie va briser la quiétude de leur refuge…



« Laissez bronzer les cadavres » se passe dans un espace clos, le hameau, et l'action se déroule en moins de vingt-quatre heures. Des durs-à-cuire se mêlent aux bobos excentriques. Le roman est un pastiche de western. On y trouve des échanges de coup de feu, des maisons en ruine et le soleil écrasant du Midi de la France. Les chapitres sont courts et portent en titre l'heure de l'action et s'imbriquent efficacement les uns aux autres. Le récit est un concentré d'actions et de retournements. Bravades, trahisons, alliances de circonstance, duels et au milieu de tout ça, Luce et ses lubies.



Jean-Patrick Manchette livre ici un récit remuant remarquablement orchestré. Mais si le roman est agréable à lire, il lui manque un petit supplément d'âme, une approche politique et sociale souvent associée à cet auteur que j'espère trouver dans les titres qui suivront.

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Laissez bronzer les cadavres !

"Laissez bronzer les cadavres" est un roman noir écrit à quatre mains par Jean Pierre Bastid et Jean Patrick Manchette . Il est publié en 1971 dans la collection "Série Noire".

L'action se déroule sur une journée dans un petit hameau du Gard .

Un huis-clos très agréable à lire .

A noter qu'il est le premier roman de Jean Patrick Manchette.

A recommander !
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Laissez bronzer les cadavres !

C'est un petit joyau qui vaut son pesant de jonc. Amateur de polar, si tu n'as pas lu Jean-Patrick Manchette, je te conseille vivement de combler cette lacune en commençant par cette opus.Tu verras, si tu es réservé à la fin, il est temps de stopper sinon, il y a plein d'autres roman du même auteur qui valent la peine.

On oublie "un si grand soleil" et on par faire un tour dans le sud. Départ imminent.
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Laissez bronzer les cadavres !

Laissez Bronzer les Cadavres, est le premier roman signé JP Manchette (co-écrit avec JP Bastid).

C'est un huis-clos assez pesant, angoissant même.

Il se déroule sur une seule journée, journée où des hommes vont s'entretuer.

Un groupe de truands qui vient de commettre le vol d'une grosse quantité d'or se réfugie dans un hameau des Cévennes, propriété d'une femme, artiste peintre de son état, et bobo avant l'heure.

Cette histoire se rapproche beaucoup d'un western moderne : Ici pas de dialogues entre les différents protagonistes, seules les armes ont droit à la parole : c'est la loi du plus fort qui domine : Une sorte de Bon, de Brute et de Truand. Un roman noir comme on aime en lire.



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Laissez bronzer les cadavres !

Laissez bronzer les cadavres, n'est certainement pas le polar le plus littéraire de Manchette (si cela signifie encore quelque chose), ni le mieux construit, ni le plus subtilement habile. A mes yeux pourtant, il s'agit du meilleur.



Ce roman, qui use de la technique narrative du huis-clos, est d'une efficacité redoutable. On a affaire à des personnages entiers, bien pleins et le récit relate une seule journée, chaque chapitre donnant l'heure du déroulement. Bam! Paf! Que de l'os, que du nerf, la structure d'une bonne histoire. Le lecteur, à qui l'on sert le roman sur un plateau, remerciera l'auteur, surtout si il lit le soir, à l'heure à laquelle on est fourbu après une dure journée dédiée à la machine productive.



Tout ce qui fait l'excellence de Manchette dans son domaine se respire à plein nez, à fond dans les narines : dégoût et mépris envers la société capitaliste et envers les individus qui la composent ; le tout doublé d'une renonciation terrible et désabusée à faire évoluer quoi que ce soit dans un sens ou dans un autre. L'ensemble, tout étayé par cette tension propre à l’œuvre de Manchette, et plus que plaisant à lire. La dénonciation étant vouée à l'échec, autant écrire pour divertir les amis, se disait l'auteur. Et autant en profiter pour casser du gendarme, casser du bourgeois, casser du couillon.
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Adieu la vie

L'ennemi publié n1 "pierrot" Dewaert s'évade. Pour assurer ses arrières il prend en otage Julien un ambulancier visiblement sans histoire. Leurs itinéraires sanglants à travers les petites routes de campagne ne semblent pas plus que çà déranger Julien. Pire notre otage semble se prendre au jeu. En cavale les deux hommes se rapprochent. Une relation étrange et complexe semble maintenant les lier. Julien et Pierrot sont dans un statut quo ou évadé et otage sont comme pieds et mains liés. Est-on encore certain que Julien cherche à s'enfuir et quitter son ravisseur. Est-on aussi sûr que Pierrot veuille encore tuer Julien. Rien n'est moins sûr Mais tout cela vous le saurez en lisant cet excellent roman noir
Lien : https://collectifpolar.com/
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Laissez bronzer les cadavres !

Première contribution de Manchette (avec J-P. Bastid) à la série noire. Ce livre respecte les codes du théâtre classique : l'unité de temps, l'histoire se déroule dans la journée et commence par une séance d'art à coup de flingues pour se terminer par le comptage des cadavres par la maréchaussée, l'unité de lieu avec ce hameau perdu du midi de la France, seul vrai héros du livre et l'unité d'action ("La psychologie, y'en a qu'une, défourailler le premier." dirait Pascal dans les Tontons flingueurs).

Gangsters malchanceux, jeune fille dépressive et hystérique, artistes fatigués, désabusés en mal de sensations fortes pour dérider leurs vies de merde... un jeune flic consciencieux.


Un très bon livre pour entrer dans l'œuvre de celui qui a renouvelé le roman noir français (néo-polar) en l'aidant à se démarquer de son influence américaine


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Laissez bronzer les cadavres !

Premier roman de Manchette (avec Bastid) écrit pour la Série Noire.


Ce livre respecte les règles du théâtre classique : unité de temps, l'action se déroule en une journée qui débute avec de l'art réalisé à coup de flingues pour se terminer quelques heures plus loin avec les flics qui comptent les cadavres, unité de lieu, un hameau paumé du midi de la France, véritable héros du livre, unité d'action ("La psychologie, y'en a qu'une, défourailler le premier." dixit Pascal chez les Tontons Flingueurs).


Gangsters malchanceux, jeune fille dépressive, artistes fatigués et désabusés à la recherche de sensations fortes pour dérider leur vie... et gendarme ayant une haute idée de sa fonction.


Le roman noir français se démarque de son influence américaine.
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Laissez bronzer les cadavres !

Ça fait parfois du bien de délaisser les nouveautés pour lire ou relire d’anciens romans.

Cette fois-ci j’ai choisi un livre acheté depuis longtemps mais qui était écrasé sous la pile des livres récents.

Ecrit en 1971, ayant fait l’objet d’une adaptation dont, personnellement, je n’avais jamais entendu parler, Laissez Bronzer les cadavres est un roman à quatre mains écrit par Jean-Pierre Bastid et Jean-Patrick Manchette.

Manchette est connu pour être l’inventeur, ou plutôt précurseur du « néo polar ». Je serai bien incapable de vous expliquer en quoi, n’ayant pas la culture polar qu’ont certains blogueurs surtout en ce qui concerne cet auteur.

Alors je vais certainement passer pour une inculte à vouloir parler de ce roman mais je pense sincèrement que le pourcentage de lecteurs ayant lu Manchette ces dernières années est très faible. Et pourtant, ce roman en tout cas peut plaire à tout amateur de polar.

Pour ma part, j’ai trouvé ce livre ultra divertissant. Je me suis beaucoup amusée à le lire.

Outre ses personnages volontairement caricaturaux, on lit en fait une longue scène d’action.

Depuis le braquage d’un fourgon blindé jusqu’au final pétaradant, ça n’en finit pas et on en redemanderait. Tant et si bien que ça se lit d’une traite surtout que le roman fait 200 pages, ce qui se déguste en une soirée.

Bref, je n’en ferai pas des caisses.

Lisez-le et vous passerez une très très bon moment, je vous le garantis.


Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Irish stew: Roman

Ce livre est une horreur, pas un livre d'horreur mais une pure horreur. Je ne crains pas du tout les narrations gore et je peux les apprécier, par exemple chez Maxime Chattam, mais, là, on est dans l'horrible qui ne devrait pas être décrit puisqu'il s'agit de torturer des enfants. Il a même un caractère pédophile puisqu'il décrit des scènes de sexe avec des enfants ou entre eux. Si je l'avais su, je ne l'aurais pas commencé. Néanmoins, je suis allé au bout. Il n'y a même pas de style. Même en étant extrêmement libre par rapport à tout ce qui peut être écrit, peint ou filmé, je pense que ce livre immonde devrait être interdit et ses auteur et éditeur poursuivis pour apologie pédophile.
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Laissez bronzer les cadavres !

Manchette réussit dans ce court livre à créer une ambiance sombre et étouffante. Neuf personnages s'agglomèrent dans un vieux village abandonné dans les Cévennes. Chacun y luttera pour sa survie. Chacun gouttera ses blessures. Certains même s'y amuseront. L'écriture est agréable, simple et précise. Sachant que ce livre a été écrit en 71, on imagine sans mal l'odeur du cuir de la 404 ( bolide à l'époque ) et de la DS. Les armes sont encore lourdes et peu maniables mais font mouches.

Si vous vous penchez sur ce livre,vous trouverez, entre autres :

- Luce, la quinqua désabusée qui s'amuse d'un rien

- Max, l'écrivain raté qui n'en rate pas une

- L'avocat Brisorgueil qui ne brise pas grand chose

- Jeannot le sympathique et lubrique jeune gangster



Bref, vous en croiserez des vertes et des pas mures !
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Laissez bronzer les cadavres !

Manchette JP. Laissez bronzer les cadavres. Gallimard 1971. 224 p. 5 étoiles.

Manchette. Extrait wiki : « auteur de romans policiers, critique littéraire et de cinéma, scénariste et dialoguiste de cinéma, et traducteur.

Reconnu comme l'un des auteurs les plus marquants du polar français des années 1970-1980, il est également connu pour ses opinions d'extrême gauche »,

Le 1er roman de l’auteur. Ecrit avec JP Bastid (un « 4 mains » donc).

Je ne connaissais pas. Et bien ce récit c’est un coup de poing dans l’estomac, mais jouissif.

C’est probablement le meilleur roman policier que j’aie lu. L’intrigue est menée à un train d’enfer. On peut à peine respirer, qui commence par un hold up au fourgon. Magot : 250 kg d’or. Un massacre. Mais « propre ». Pas un mot de trop, pas le temps de décrire les victimes. Des visages, du sang,.. ? Non. Juste la liquidation de témoins gênants. C’est froid, précis, rapide.

Et ça prend la fuite. Les personnages sont très typés.

Les bandits se réfugient dans un hameau provençal complètement paumé, le village étant à quelques km en contrebas. La plupart des maisons appartiennent à une riche pensionnée alcoolique de 50 ans qui s’ennuie, haute en couleur, gentille, fofolle, connue des villageois pour ses frasques et qui a invité des copains des amis pour faire la fête avec elle (fumer des joints, se bourrer la gu…, tirer des coups – feu d’artifice et autre).

A partir de là, donc très vite dans le roman, ce qui aurait pu être un roman banal va se révéler être une petite perle de suspense et d’humour noir, mené à un train d’enfer ! Chaque chapitre commence par le jour et l’heure. On a l’impression de « voir » défiler un excellent film policier français des années 70…

Et à un moment, le cinéma 100 % adrénaline et suspense va devenir complètement irréaliste.

Le karma, ça peut tuer des fois… 😉. Je n’ai pas pu lâcher ce bouquin avant la fin. Je devenais dingue.

C’était trop bon. Jouissif, vous voyez ?

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Laissez bronzer les cadavres !

Premier roman de Jean-Patrick Manchette, aidé de Jean-Pierre Bastid, LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES lança, en 1971, la vague du néo polar français, faisant table rase du code d’honneur des voyous et des flics héroïques.

Nous sommes dans un petit village isolé du Midi de la France où vit Luce, une « peintresse » devenue, avec les années, plus alcoolique qu’anarchiste. Elle règne sur une petite communauté vaguement artiste, organise des soirées de débauche et vivote en compagnie de Max, un écrivain raté, et de son amant avocat, Brisorgueil. Luce accueille volontiers ceux qui viennent lui rendre visite, notamment trois personnages peu recommandables, le poète Jeannot, le restaurateur bruxellois Gros et le musculeux Rhino. Les trois bonhommes ont braqué un fourgon et commis un petit carnage avant de se réfugier dans le petit bled avec la complicité de Brisorgueil. Les gangsters sont rapidement rejoints par la femme de Max, son gosse et sa nurse. Ce petit microcosme attire l’attention de deux gendarmes, Roux (qui se prend une balle rapido) et Lambert (qui débute et voudrait démontrer ses compétences). Du coup voilà tout ce beau monde coincé dans le village ensoleillé. D’un côté les truands, de l’autre le gendarme Lambert décidé à se la jouer cow boy solitaire. Entre les deux, les (pas si) innocents dont certains sont décidés à tirer leur épingle du jeu de massacre. Les balles vont voler.

LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES doit autant au polar qu’au western, surtout spaghetti. On y retrouve le schéma classique des gendarmes et voleurs coincés dans un lieu clos et prêts à s’entretuer. La situation se dégrade donc rapidement et les auteurs alternent logiquement les points de vue. Comme dans le western à l’italienne le rythme se fait tour à tour indolent, tout en lenteurs et en attentes, avec des « gros plans » sur les personnages en sueur puis brusquement explosif lors des scènes de violence qui éclatent sporadiquement. Le tout se montre d’ailleurs théâtralisé et se déroule en une unique journée dans un bled du Midi de la France dont tous ne sortiront pas indemne. Unité de temps (les heures de la journée scandent les nombreux très courts chapitres), unité de lieu, unité d’action : en réchapper en un seul morceau. Pas évident.

L’écriture est sèche, sans fioriture, le style économe, volontiers nihiliste, voire hargneux. Ca cogne, ça flingue, ça s’entretue sous le soleil. Au final beaucoup de protagonistes resteront sur le carreau ou plus précisément sur le sol brulant. Laissez bronzer les cadavres…


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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Derrick au poing

L'un des premiers néo-polars d'un pionnier



L'un des premiers romans policiers de Jean-Pierre Bastid, publié en 1975, soit quatre ans après sa collaboration avec Jean-Pierre Manchette pour "Laissez bronzer les cadavres !". Comme on peut s'y attendre de la part de l'un des pionniers du "néo-polar", on y trouve les ingrédients efficaces qui seront consacrés par la suite : ton froid et extérieur, personnages bourrés de failles et vite dépassés par les événements qu'ils provoquent, cynisme constant,...



On trouvera sans doute un curieux charme particulier à cette histoire de braquage sanglant à Bruxelles débouchant sur une fuite à la voile en pleine tempête en mer du Nord (cadre rare dans le roman noir - si l'on excepte notamment le sublime "Cercle celtique" de Björn Larsson), puis sur un violent épilogue à bord d'une plate-forme pétrolière semi-submersible.



"- Rappelez-vous, Le Bihan. Cette fois, c'est pas avec un revolver à la main que je cause. C'est avec un derrick au poing."



Un roman intéressant à l'écriture intacte.

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La proie du serpent

Un étourdissant jeu de miroirs !



Huit ans après les débuts de sa collaboration avec Michel Martens et sept ans après leur original "Derrick au poing", Jean-Pierre Bastid publiait en 1982 cette "Proie du serpent", roman policier d'excellente facture, fort injustement tombé dans un relatif oubli.



Un professeur d'ornithologie à l'Université, un inspecteur de police, un tueur au rasoir et une jeune fille très "white trash" et très décidée composent une complexe sarabande dans la ville de Besançon, où l'on devine par moments les sensations du "Septuor" de Claude Pujade-Renaud (2000) voire du "Festins secrets" de Pierre Jourde (2005), romans curieusement beaucoup plus célébrés...



"J'en reviens à la visite de l'inspecteur. Je suis incapable de bien le formuler, mais je me sens en tort ; je m'en veux de ne pas avoir joué avec lui à armes égales, j'ai trop "pris sur moi", comme on dit, et ne lui ai pas laissé la moindre chance. Bref, j'ai été trop fort et ma maîtrise me fait peur, je la ressens comme une faute et, au lieu de m'alléger, elle me pèse. Oui, quelque chose en moi exige plus de transparence et de vérité."



"Tout cela pour en arriver à ce pétard mouillé. Pour un peu il me décevrait, le Javard, avec sa minable lapalissade. Je l'observe. Son air découragé, ses yeux tristes et cernés, ses joues creuses et qui tombent me font irrésistiblement penser à Droopy. Alors je me prends à penser que Droopy, malgré son air morne et apathique, est capable de faire preuve de ressources insoupçonnées."



"Ah ! si le virus pouvait frapper une bonne femme ! Ça, ça serait bien, comme elle le raserait et le tailladerait, mon Lionel, comment qu'elle lui rafraîchirait la crinière ! Le dernier lion de l'Atlas avec le grand sourire kabyle d'une oreille à l'autre ! ... Mais faut pas rêver. Nous les bonnes femmes, on n'est pas si sanguinaires..."



Introduit par des articles de journaux, cet étourdissant jeu de miroirs entre un journal écrit, secret, et un enregistrement débridé sur cassettes audio, réussit la prouesse d'un final touchant de près au meilleur Giono, d'ailleurs directement convoqué : "J'étais un roi. Privé de divertissement, je ne suis plus qu'un homme plein de misères. Sa tête à lui a pris les dimensions de l'univers. Moi, anéanti, que me reste-t-il à faire ?"



Vite, d'autres Bastid / Martens !

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Galère noire

Gwenaël Le Corre, jeune Breton parisien avide d’aventures, est l’un de ces rêveurs d’Afrique que le continent noir fascine depuis toujours et à jamais. Il part. Il veut savoir si l’Afrique réelle est plus belle que son Afrique imaginaire. Elle est autre. Inimaginable. Au cours d’une épique remontée de rivière, tout à la fois pour fomenter une révolution, s’emparer d’un trésor et rencontrer un mystérieux Allemand, Gwenaël apprendra d’autres règles, affronté aux démons du cynisme, de la violence, de la cupidité du pouvoir, de la mort. Une descente aux enfers qui n’est pas sans évoquer l’univers de Conrad et du Cœur des ténèbres.

Ce n’est pas une Afrique idéalisée que nous découvrons mais une réalité loin des sentiers touristiques avec son lot d’injustices et de situations scandaleuses : la description de la vie des coopérants et des blancs “installés” y est particulièrement proche de la réalité !
Lien : http://opoto.org/blog/wordpr..
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Derrick au poing

Le numéro 10 de l'éphémère série super noire. Paru en 1975. Écrit à quatre mains, Jean-Pierre Bastid et Michel Martens.

Rempli de testostérone et de citations latines. du classique bien saignant et flamboyant. Calibré pour un film de série B.

Vite lu, vite oublié. Moralité : le crime cruel fait couler le rimmel.


Lien : https://walfroy.blogspot.com..
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Notre-Dame des Nègres

28 février. Mardi-Gras. Le journaliste Johann Usbek rejoint Paris par les égouts où il s'est réfugié. Il transporte avec lui des documents secrets et un magnétophone. Pourchassé par des miliciens il se réfugie dans un vestiaire réservé aux égoutiers et entreprend de narrer sur cassette ses récentes mésaventures. Il termine à peine sa dictée que le commissaire Ben M'hdi et ses hommes font irruption. Son magnéto est confisqué ainsi que les documents. Puis le commissaire téléphone en haut lieu, à Lapeyrouse, lui signifiant que le fuyard vient d'être abattu et que les papiers sont détruits. Puis il se rend chez son correspondant et les deux hommes écoutent l'enregistrement réalisé.



Sous l'identité d'un certain docteur Mercoeur, Usbeck quitte sa famille et traverse la frontière. En route il recueille à bord de son véhicule Mélanie, une jeune femme noire et apeurée qui disparait à leur arrivée à Paris. Il a le temps de lui donner ses coordonnées.



La France est sous la domination d'un gouvernement fasciste qui traque les marginaux, noirs et SDF, aidé par l'armée, des vigiles et des particuliers unis sous le sigle PPP : Pour un Peuple Purifié. Usbek doit interviewer le ministre de l'économie mais il se sent constamment surveillé. Fabienne, une policière, lui sert de guide. Il récupère au cours d'un incident un badge sur lequel figure l'inscription "Notre-Dame des Nègres". Il s'agit d'une chanteuse prisée par les allochtones, c'est à dire les Nègres. Mélanie, réfugiée dans la chambre d'Usbek, lui demande de l'aider.



Tandis que des attentats secouent la capitale, il est invité à une soirée. Il rencontre Lapeyrouse, le numéro 2 du ministère de l'Intérieur, le commissaire M'hdi et un nommé Alban qu'il catalogue comme deuxième garde du corps. Lapeyrouse l'appelle par son véritable patronyme. Fabienne est assassinée dans le parking de l'hôtel et Mélanie portant perruque se substitue à la policière. Elle conduit Usbek dans un pavillon de banlieue où il fait la connaissance d'hommes d'affaire en vue, des Noirs. La villa est envahie par des miliciens commandés par Alban.



Mélanie peut s'enfuir, Usbek est assommé et les autres assassinés. Evello, l'organisateur de la soirée à laquelle il a assisté lui conseille de contacter Alban, directeur d'une boîte de nuit où travaillait une strip-teaseuse du nom de Notre-Dame des Nègres. Elle a disparu, devenant le chef des terroristes. Pensant à sa fille, Usbek achète un ours en peluche. Il découvre dans sa chambre un dossier dans lequel est consigné tout ce qui se trame. Une véritable Saint Barthélémy des miséreux. Il effectue des photocopies, glisse le dossier dans la peluche et expédie le tout en Suisse via le consulat. A la boîte de strip-tease Alban lui indique qu'il peut retrouver Notre-Dame à un meeting. Après quelques difficultés, il assiste à la réunion houleuse et perturbée par des activistes qui sèment le sang et la mort.







Avec la description d'une France en proie à crise et à la montée du chômage, du regroupement familial des étranges, de la recrudescence de la petite délinquance, et des conséquences qui en découlent, fracture, exclusion, repli sur soi des autochtones, Jean-Pierre Bastid tenait un sujet d'actualité qu'il transpose dans le temps avec un certain paroxysme. Seulement les promesses du début ne se concrétisent pas et le roman sombre dans un ronron que seul l'épilogue parvient à sauver de l'ennui, jouant sur la duplicité des hommes à la solde du pouvoir et leurs ambitions. On trouvera parmi les personnages un certain Francisque de Villiers, mais ce n'est pas le plus important.




Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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