Jean-Pierre Goux

Je suis certain que ce siècle, si noir, pourrait devenir bleu.
Il suffit de peu de choses, juste que nous le voulions ensemble.
Cet effort doit s'inscrire dans la durée.
Un siècle par exemple.
Le temps nécessaire pour bâtir une cathédrale.
L'humanité doit inscrire son action dans un temps qui la dépasse.
C'est ça : rêvons d'un Siècle bleu.
Celui de la réconciliation entre les Hommes, la Terre et le cosmos.
Celui qui permettra à nos enfants de continuer à vivre normalement.
Celui dont les générations futures pourront être fières.
Pensons à leur joie si nous réussissons.
Et à notre honte si nous échouons.
Nous pouvons réussir.

Un dernier secret. notre espèce détient un pouvoir singulier qui la distingue de toutes les autres et qui lui a permis de se hisser tout en haut de la pyramide, pour le meilleur et pour le pire. Un pouvoir surnaturel à la puissance inégalée : nous sommes capables d'imaginer et de partager des histoires qui structures la réalité et nous permettent d'agir ensemble. Aujourd'hui ce récit basé sur la consommation, la croissance et l'argent nous conduit vers l'abîme. Nous l'avons placé au-dessus des lois de la nature. Or, tout ceci n'est qu'une illusion. Si nous comprenons que notre réalité est structurée par cette fable, nous avons gagné. Il suffit simplement d'en écrire une autre . La crise que nous traversons est une crise narrative.
Pour accompagner ces millions de révolutions et tracer un chemin vers ce futur en gestation, nous avons donc besoin d'un nouveau récit collectif basé sur la beauté et le rêve plutôt que la peur et la culpabilisation. Un récit à la hauteur des enjeux auxquels nous devons faire face. Un récit qui montre les valeurs dont nous aurons besoin pour réussir. A nous de l'écrire tous ensemble.

Le chimiste anglais James Lovelock et la microbiologiste Lynn Margulis avaient pourtant formulé une hypothèse au début des années soixante-dix, l’hypothèse Gaïa, qui stipulait que la Biosphère constituait un vaste méta-organisme complexe au sein duquel tout était relié, de la bactérie au requin-baleine. Ce réseau est un véritable être vivant qui avait évolué et s’était adapté à chaque cataclysme à l’aide de puissants processus d’autorégulation. Après plus d’un demi-siècle, la plupart des humains n’avaient toujours pas intégré ce fait révolutionnaire : nous habitions à l’intérieur d’une gigantesque créature.
Une fois cette croyance intégrée chez tous –ce qui constituait un défi culturel majeur-, Lucy détaillait comment la hiérarchie des valeurs serait bouleversée et modifierait les fondements même de l’économie.

Je suis certain que ce siècle, si noir, pourrait devenir bleu.
Il suffit de peu de choses, juste que nous le voulions ensemble.
Cet effort doit s'inscrire dans la durée.
Un siècle par exemple.
Le temps nécessaire pour bâtir une cathédrale.
L'humanité doit inscrire son action dans un temps qui la dépasse.
C'est ça : rêvons d'un Siècle bleu.
Celui de la réconciliation entre les Hommes, la Terre et le cosmos.
Celui qui permettra à nos enfants de continuer à vivre normalement.
Celui dont les générations futures pourront être fières.
Pensons à leur joie si nous réussissons.
Et à notre honte si nous échouons.
Nous pouvons réussir.

Dans sa rêverie, le ciel noir s'illumina soudain. Les étoiles disparurent. Les cimes des montagnes qui bordaient le plateau se dessinèrent très nettement, comme éclairées par l'arrière. La lueur se fit de plus en plus intense et, tel un tsunami, elle submergea les crêtes pour déferler dans la plaine. Lucy se protégea les yeux. Elle ne rêvait plus. Le plateau entier était inondé de cette lumière surpuissante.
Elle regarda en direction de la voiture. Abel était sorti. Elle vers lui en se protégeant instinctivement le visage. Les yeux de son mari s'étaient transformés. Il fixait cette lumière comme un enfant qui défie le soleil.
Puis l'intensité de la lueur baissa. Alors seulement, ils virent la Chose apparaître dans le ciel devenu rose. Une méduse. Une immense méduse violacée qui s'élevait, au loin, derrière les montagnes, et qui traînait sous elle des tentacules effrayants.
L'avènement du Siècle bleu serait plus difficile que prévu.

Lorsque Abel s’apprêta à tout révéler à sa femme, sa voix se figea. Il lui était impossible de prononcer le moindre mot. Un souvenir lui parvint alors. Il avait promis à ceux de la Grotte bleue de ne rien révéler à personne. Ce contact devait demeurer secret. Ils savaient comment préserver leur secret, se dit le jaguar noir. Comme pendant une séance d’hypnose, son cerveau avait été conditionné afin qu’il se taise. « Se taire ». Le dernier commandement des alchimistes.

Une clé... Une clé... Une clé... Ces mots résonnaient dans la tête d'Abel.
Soudain, une pensée folle jaillit de son cerveau.

Puisez dans l'énergie de vos rêves d'enfant et faites-en des armes de construction massive. Puisez surtout dans l'amour, cette stratégie n'a jamais été tentée à grande échelle. La Terre n'a pas besoin d'être sauvée, elle a juste besoin d'être aimée.

Puisez dans l’énergie de vos rêves d’enfant et faites-en des armes de construction massive. Puisez surtout dans l’amour, cette stratégie n’a jamais été tentée à grande échelle. La Terre n’a pas besoin d’être sauvée, elle a juste besoin d’être aimée.

La crise que nous traversons est une crise narrative.
Pour accompagner ces millions de révolutions et tracer un chemin vers ce futur en gestation, nous avons donc besoin d'un nouveau récit collectif basé sur la beauté et le rêve plutôt que la peur et la culpabilisation. Un récit à la hauteur des enjeux auxquels nous devons faire face. Un récit qui montre les valeurs dont nous aurons besoin pour réussir. A nous de l'écrire tous ensemble.

Puisez dans l'énergie de vos rêves d'enfant et faites-en des armes de construction massive. Puisez surtout dans l'amour, cette stratégie n'a jamais été tentée à grande échelle. La Terre n'a pas besoin d'être sauvée, elle a juste besoin d'être aimée.

Carlson saisit le paquet que le milliardaire lui tendait. Cela lui rappelait les mauvaises farces et attrapes de son enfance. Légèrement inquiet, il le soupesa, défit avec délicatesse le nœud, puis retira de la boîte, non pas un diablotin, mais un globe gris monté sur un pied de métal. Il dépose le socle sur la table de lecture et fit tourner la sphère.
Il ne reconnut aucun des continents terrestres, il s'agissait en fait de la Lune.

Mais notre tâche ici à Biosphère 2 n’est rien à côté de l’immense chantier de régénération qui nous attend tous, à l’échelle du globe. Partout, nous avons besoin de raviver les braises du vivant pour que notre planète, ce joyau, brille à nouveau dans le cosmos. Pour réussir, il sera nécessaire de nous engager dans la Révolution bleue avec nos têtes, nos corps et surtout nos cœurs. Il nous faudra en effet beaucoup de compassion et d’amour pour changer nos habitudes au nom d’humains éloignés qui souffrent et que nous ne connaissons pas, au nom d’espèces d’animaux et de plantes différentes de la nôtre, au nom de générations futures qui ne sont pas encore là pour faire entendre leurs voix. Cet élan du cœur sera inédit, et si nous l’activons, nous pourrons écrire ensemble la plus belle des histoires, comme nous y invitait Paul Gardner : une histoire d’amour avec notre petite planète.

Jusqu'à ce jour, I'Amour n'avait jamais été employé comme une stratégie. L'Amour était pourtant I'énergie primordiale de I'Univers grâce à laquelle il se déployait et se structurait depuis le Big Bang. Mais, à cause de leurs cœurs blessés et de leur incapacité à se pardonner, les humains s'interdisaient d'aimer.

En aimant ceux que nous combattrons, nous les désarmerons et ils nous rejoindront peut-être.

Carlson saisit le paquet que le milliardaire lui tendait. Cela lui rappelait les mauvaises farces et attrapes de son enfance. Légèrement inquiet, il le soupesa, défit avec délicatesse le nœud, puis retira de la boîte, non pas un diablotin, mais un globe gris monté sur un pied de métal. Il dépose le socle sur la table de lecture et fit tourner la sphère.
Il ne reconnut aucun des continents terrestres, il s'agissait en fait de la Lune.

Un dernier secret : notre espèce détient un pouvoir singulier qui la distingue de toutes les autres et qui lui a permis de se hisser tout en haut de la pyramide, pour le meilleur et pour le pire. Un pouvoir surnaturel à la puissance inégalée : nous sommes capables d’imaginer et de partager des histoires qui structures la réalité et nous permettent d’agir ensemble. Aujourd’hui ce récit basé sur la consommation, la croissance et l’argent nous conduit vers l’abîme. Nous l’avons placé au-dessus des lois de la nature. Or, tout ceci n’est qu’une illusion. Si nous comprenons que notre réalité est structurée par cette fable, nous avons gagné. Il suffit simplement d’en écrire une autre . La crise que nous traversons est une crise narrative.

La petite se réjouissait simplement d’être là, vivante, sur ce plateau désert. Elle dodelinait de la tête, portée par les boucles rythmées qui, telle une spirale infinie, l’entraînaient vers l’Eden.
En observant ce spectacle majestueux, Janie se demanda pourquoi les humains voulaient vivre au paradis après leur mort. Ils y étaient nés et ne s’en rendaient même pas compte.

Grâce à ces images de la Terre, il paraît évident que nous sommes tous reliés par un même destin. Faisons de cette vision léguée par Paul Gardner notre diapason. Assumons ensemble la responsabilité de ce destin commun. Cette planète est un miracle. Le simple fait d’être vivant est aussi un miracle. Et pourtant, nous avons banalisé l’extraordinaire et cessé de nous émerveiller. Retrouvons nos yeux d’enfants, reconnectons-nous à l’essentiel et regardons notre planète avec le cœur, comme nous l’enseignait le Petit Prince.

Nous participons sans le savoir à un immense concert avec 9 millions d'autres espèces. Comme avec les cellules de notre corps, Gaia nous apporte l'oxygène et récupère notre dioxyde de carbone. Elle gère des tas d'autres fonctions que nous commençons à peine à comprendre, comme réguler globalement la température ou distribuer les atomes indispensables à la vie. Gaia est partout autour de nous, nous sommes ses constituants mais elle demeure invisible. Et c'est aussi à cause de cela que nous la détruisons. Par ignorance de sa présence.