Yves Harté et Jean-Pierre Tuquoi - Latche : Mitterrand et la maison des secrets
Ce que Mitterrand a apprécié le plus... c'est la lecture, étendu sur une chaise longue, loin des bavardages... lecture de romans, d'essais en tous genres, d'ouvrages d'histoire...
En revanche, le bricolage n'est pas son fort... Il préfère s'en remettre aux autres...Un jour, au cours d'une escapade avec Danielle...un pneu de leur voiture crève. Arrêt en rase campagne... Appelé en urgence, J.C rapplique et découvre Danielle à genoux, le cric à la main, prête à démonter la jante, tandis que François, assis sur la roue de secours, feuillette d'un air pénétré le mode d'emploi...
À une autre occasion, il roule pendant des kilomètres le frein à main serré il manque de mettre le feu à sa méhari.
C'est un véhicule enveloppé d'une épaisse fumée qui se gare devant le restaurant ou des amis l'attendent. Il n'a rien remarqué.
Plus tard, il [lui] confie que les pins des Landes lui parlent mieux de Dieu que les discours religieux.
Mitterrand voit dans les arbres des relais entre les forces cosmiques et les forces telluriques...
Il conclut à la façon d'un Giono imprécateur : " partout, la forêt meurt. Et le boqueteau, la haïe, l'espace vert.
L'autoroute, la ville, les professionnels de l'argent et, plus encore, le simple goût d'anéantir l'œuvre du temps, d'affirmer un pouvoir sur l'humble ordre des choses, de tirer du fugace le sentiment de l'éternel, précipitent l'événement."
Au bord de la Dronne où il allait pêcher avec ses frères, près des ruines d'un moulin dont il avait fait son théâtre de jeux, François Mitterrand connu ses premiers bonheurs, et découvrit certainement à cette époque son amour de la rêverie, de la méditation et du silence. L'enfance vous trempe avec des rigueurs d'acier. Cette impassibilité qui fut, jusqu'à sa mort, la marque de sa personnalité, ses mutismes qu'un battement de paupières permettait parfois d'interpréter, étaient déjà au creux de ses premières années.
La cérémonie des adieux s'étire sur trente-quatre semaines. Trente-quatre semaines de rendez-vous avec les fantômes du passé, de retrouvailles douces-amères et de moments de grâce bornés par deux dates : la fin du mandat présidentiel, le 17 mai 1995, et la disparition de Mitterrand, le 8 janvier 1996. Dans l'intervalle, une existence en pointillé pour un vieillard au seuil de la mort, hanté par les lieux et les hommes qui ont tissé sa longue vie.
Une partie de la bibliothèque de François Mitterrand... s'envole sous les coups de marteau du commissaire-priseur. Il y avait encore des pépites... des dédicaces des plus grands écrivains du XXe siècle à l'adresse d'un homme qui rêva toujours d'écrire et préféra le roman du pouvoir à celui du papier.
Le plus probable est que François Mitterrand a décidé seul de ne pas aller au bout de ses rêves. Faire de Latché " notre maison", comme il l'a écrit tant de fois à Anne Pingeot, c'est jouer avec le feu. Une épouse à Hossegor, une maitresse installée à deux pas: les éléments d'un scandale étaient réunis.
Certainement une affaire de génération. Il [François Mitterrand] ne comprend pas qu'en vingt ans, la sensibilité des Français a changé. Que ce qui parassait connu et admis est devenu intolérable...
Dérouler l’histoire du Centrafrique, c’est également faire le point, comme un navigateur, sur ce que fut la colonisation des corps et des âmes en Afrique, avec ses épisodes peu glorieux et ses rares instants de grâce. L’entreprise coloniale fut une faute.
Et quand la religion vient sur le tapis, devant les laïcards qui l'entourent, [Mitterrand] n'hésite pas à jouer les provocateurs, à tresser des couronnes à l'apôtre Pierre "parce qu'il a toujours douté mais qu'il a pourtant bâti une Église", rappelle qu'il a appris à lire dans la Bible et dit combien il regrette le manque de culture religieuse de ses contemporains, "alors que ce sont nos racines ! Pas besoin de croire. Mais il faut savoir !"
..., rappelle qu'il a appris à lire dans la Bible et dit combien il regrette le manque de culture religieuse de ses contemporains, "alors que ce sont nos racines ! Pas besoin de croire. Mais il faut savoir !".
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