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Citation de Folfaerie


La dernière chose à laquelle un américain doté de la moindre conscience morale désire penser, ce sont les Sioux. Autant oublier qu'on a des coudes, avant de s'en cogner un, douloureusement, contre une porte. Ca vous arrête net, et cette douleur bénigne vous rappelle des événements nettement plus pénibles, par exemple le jour où vous vous êtes fracturés le dos ou le cou.
Les premiers habitants de l'Amérique formaient plus de cinq cents tribus ; nous n'en avons traité aucune aussi mal que les Sioux. Jusqu'à une date récente, même des historient renommés avaient tendance à évoquer le massacre de Wounded Knee comme "la bataille de Wounded Knee" ce qui revient à parler de la bataille de Treblinka, de la bataille de Buchenwald ou de notre prpre bataille de Mi Laï. Après la fin des "Guerres Indiennes", qui se résument pour l'essentiel à une longue boucherie, il n'y a eu aucun Plan Marshall, mais simplement la création du Bureau des Affaires Indiennes, sans doute l'administration la plus insidieuse de toute l'histoire de notre république. Pour passer du général au particulier, je me rappelle avoir vu, il y a vingt ans, sur la réserve Navajo de Keams Canyon, des enfants infirmes jouer pieds nus dans la neige, une image incroyable. A peine une semaine plus tard, dans les locaux de la Société historique du Nebraska, je regardais des photos prises immédiatement après le massacre de Wounded Knee. Ma vision monoculaire s'est légèrement brouillée (je suis borgne) quand j'ai découvert la photo d'un ravin rempli d'enfants morts. Il avait fait un froid terrible et l'on aurait dit que les membres gelés de ces enfants s'étaient disposés d'eux mêmes pour adresser une supplique maladroite à un ciel muet. Des massacres comparables pour le nombre des victimes avaient déjà eu lieu à Sand Creek, dans l'est du Colorado, chez les Cheyennes, et à Bear Creek chez les Shoshones, quand l'un de nos soldats avait décrit la tuerie comme "une partie de plaisir". Il est sans doute difficile de connaitre la véritable histoire de notre propre pays, mais la plupart de mes concitoyens ne semblent pas trop s'en inquiéter. Nos manuels scolaires ne reconnaissent jamais clairement que nous sommes descendus de nos bateaux pour anéantir une civilisation extrêmement variée, dont les cinq cents incarnations possédaient un art et une littérature orale d'un raffinement admirable. Nos armes ont inclus revolvers et carabines, famines et maladies.

La raison de nos conquêtes avait pour nom : cupidité.
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