Mardi 25 décembre 1990
Quelque part dans les Badlands (zone rocheuse quasi lunaire au Nord de la réserve de Pine Ridge) est enseveli dans un lieu secret le corps de Crazy Horse, chef emblématique, vainqueur à Little Big Horn, assassiné en prison.
Crazy Horse avait toujours refusé d'être photographié...
Les ghost dancers de 1890 avaient espoir de redonner vie par leur danse à ce guerrier mythique sans image et sans tombe.
« L’une des illusions les plus formidables de l’Amérique, c’est que nous allons de mieux en mieux. Cette conviction se fonde essentiellement sur notre perversion du calvinisme, pour qui la richesse récompense la vertu. Et puisque nous sommes riches, nous sommes forcement vertueux. »
Jim Harrison
Le froid est intenable. Le soir, quand Guy, comme tous les participants, se présentera, il sera chaleureusement applaudi par les cavaliers lorsqu'ils leur dira : My english is very weak but I have learnt two words : cold and courage.
Traduction approximative :
Mon anglais n'est pas bon mais j'ai appris deux mots : froid et courage.
La dernière chose à laquelle un américain doté de la moindre conscience morale désire penser, ce sont les Sioux. Autant oublier qu'on a des coudes, avant de s'en cogner un, douloureusement, contre une porte. Ca vous arrête net, et cette douleur bénigne vous rappelle des événements nettement plus pénibles, par exemple le jour où vous vous êtes fracturés le dos ou le cou.
Les premiers habitants de l'Amérique formaient plus de cinq cents tribus ; nous n'en avons traité aucune aussi mal que les Sioux. Jusqu'à une date récente, même des historient renommés avaient tendance à évoquer le massacre de Wounded Knee comme "la bataille de Wounded Knee" ce qui revient à parler de la bataille de Treblinka, de la bataille de Buchenwald ou de notre prpre bataille de Mi Laï. Après la fin des "Guerres Indiennes", qui se résument pour l'essentiel à une longue boucherie, il n'y a eu aucun Plan Marshall, mais simplement la création du Bureau des Affaires Indiennes, sans doute l'administration la plus insidieuse de toute l'histoire de notre république. Pour passer du général au particulier, je me rappelle avoir vu, il y a vingt ans, sur la réserve Navajo de Keams Canyon, des enfants infirmes jouer pieds nus dans la neige, une image incroyable. A peine une semaine plus tard, dans les locaux de la Société historique du Nebraska, je regardais des photos prises immédiatement après le massacre de Wounded Knee. Ma vision monoculaire s'est légèrement brouillée (je suis borgne) quand j'ai découvert la photo d'un ravin rempli d'enfants morts. Il avait fait un froid terrible et l'on aurait dit que les membres gelés de ces enfants s'étaient disposés d'eux mêmes pour adresser une supplique maladroite à un ciel muet. Des massacres comparables pour le nombre des victimes avaient déjà eu lieu à Sand Creek, dans l'est du Colorado, chez les Cheyennes, et à Bear Creek chez les Shoshones, quand l'un de nos soldats avait décrit la tuerie comme "une partie de plaisir". Il est sans doute difficile de connaitre la véritable histoire de notre propre pays, mais la plupart de mes concitoyens ne semblent pas trop s'en inquiéter. Nos manuels scolaires ne reconnaissent jamais clairement que nous sommes descendus de nos bateaux pour anéantir une civilisation extrêmement variée, dont les cinq cents incarnations possédaient un art et une littérature orale d'un raffinement admirable. Nos armes ont inclus revolvers et carabines, famines et maladies.
La raison de nos conquêtes avait pour nom : cupidité.
Je trouve passablement ironique que ce soit un Français qui ait pris les plus belles et les plus authentiques photographies des Indiens d'Amérique que j'ai jamais vues.Guy Le Querrec a l'oeil splendide mais impitoyable d'un tragédien _ Jim Harrison.
Va ton chemin mon enfant,
va ton chemin mon enfant,
et tu deviendras une nation,
chantaient quelques survivants non résignés au lendemain du massacre de Wounded Knee. Il était dit alors que la septième génération née après Wounded Knee ramènerait l'unité du peuple lakota. Cent ans plus tard, les cavaliers des réserves de Standing Rock et Cheyenne River repartent sur les traces de leurs ancêtres.
Parmi eux, des enfants de cette septième génération.
Mon peuple a du courage, se tint debout et maintenant que ma vie prend fin, ayez du courage, dit Chef Sitting Bull, et il quitta son peuple.
Malgré cette température polaire, ces photos allumeront un feu dans votre esprit, un feu qui durera toujours si vous êtes un être humain digne de ce nom. Il reste à décider si en Amérique nous sommes collectivement des êtres humains. L'âme de notre nation restera condamnée tant que sur cette affaire nous n'agirons pas avec honneur.
Jim Harrison.
La reconstruction de la nation sioux par la septième génération deviendra une réalité, c'est maintenant le commencement, confie Ron McNeil.
En 1519, Hernan Cortès entreprend la conquête du Mexique. En moins de trois ans, il écrasera l'Empire aztèque. Avec lui, seize cavaliers. Ce sera la première introduction du cheval sur le sol américain...
Né en 1937 dans le Michigan. Américain. Ecrivain. Son geste d'écrivain va bien plus loin qu'honorer la mémoire indienne : non seulement les Indiens hantent son oeuvre, mais sont là, bien vivants au coeur de ses récits. Par la quête éperdue de ses personnages aux sangs mêlés, aux identités façonnées par ce passé tabou comme la splendide Dalva ou l'insai sissable Duane.