Documentaire "Au nom de Jéhovah" du 2 sept 2015, de Jean Sébastien Lozeau sur TVA.
Survivre, pour moi, c’est être comme ce lionceau vu dans un documentaire animalier. Il est sérieusement blessé à une patte arrière. Sa famille, trop préoccupée par son estomac et son confort, l’abandonne. Mais lui, il est tenace. Il marche à trois pattes. Enfant, j’ai été interpellé par ce lionceau. Parce qu’il a eu le goût de vivre. Parce qu’il a trouvé la force de vivre. Je me suis reconnu en lui.
Ces gens qui regardaient par le judas n’ouvraient jamais. Ils gardaient les yeux plantés sur moi jusqu’à ce que j’abdique. Ces gens qui regardaient par le judas avaient peur de quoi ? Ressentaient-ils le fait que je craignais qu’ils ouvrent ? Ces gens qui regardaient par le judas agissaient en bons Samaritains. Ils m’épargnaient un moment difficile à passer.
Être l’intrus, le mal venu, l’indésirable. Comme le vendeur d’assurances du lundi soir, qui appelle pendant le souper. Être Témoin de Jéhovah, c’est exactement cela. Un colporteur de la fin du monde. Chaque porte qui ouvrait annonçait la fin de mon monde. Je ne pouvais faire semblant. Je ne pouvais m’évader dans ma tête.
Nous vivions tous dans le mensonge, trop apeurés de savoir à qui ressemblait notre reflet dans le miroir. Le mensonge n’est pas un enseignement biblique, même si c’est le fondement des religions.
Ce jour-là, la dispute s’est arrêtée quand ton père a traité ta mère de pute. Il n’y avait pourtant pas femme plus discrète, sobre et fidèle qu’elle. Ton père avait du vocabulaire, mais il ne savait pas l’employer. Quand il la mitraillait d’insultes, ta mère avait droit aux pires mots du Robert. La guerre se jouait à sens unique, sans répliques maternelles. Le caractère de celle qui t’a mis au monde ne lui permettait pas de se défendre. Chez elle, tout sortait en larmes. En silence donc, elle pleurait.
Le diable est une carte toujours pertinente à jouer pour faire réfléchir une âme perdue ou l’enfant d’une mère en quête du bonheur absolu. Pour appuyer des versets bibliques à saveur apocalyptique, le Livre utilise des images saisissantes de Satan et de ses compagnons diaboliques.
Étant à la source du péché d’Adam et d’Ève, Satan se trouve partout où il y a le mal, peu importe la forme qu’il prend, du serpent au méchant garnement.
Chaque être vivant naît libre. Libre d’esprit. Libre de penser.
Penser, c’est plus qu’un droit. C’est un droit inné. C’est plus précieux qu’une pierre précieuse. N’importe où sur la planète, les humains pensent. La pensée, la réflexion, ce sont des vitamines gratuites. Même du plus profond d’une cellule de prison, l’homme et la femme peuvent le faire. Penser offre l’ultime liberté.
Il n’est pas très respectable de tromper autrui. Mais certains se plaisent à le faire. C’est plus grave quand on se trompe soi-même. En me mentant, j’ai fait surgir mes vérités. Et leurs conséquences. J’ai eu le choix de continuer dans le déni ou de côtoyer mes abîmes. J’ai cru qu’à long terme le déni me plongerait dans les ténèbres pour toujours.
Chaque être humain doit être capable de se regarder en pleine face et de lire dans ses propres yeux afin de voir qui il est vraiment. Ma théorie du miroir exige de ne pas se raconter d’histoires ni de mensonges. Je constate que ma mère est très influencée par ses croyances dogmatiques. Elle est aveuglée au point de ne pas se voir dans son miroir.
En vérité, les convictions sont plus dangereuses que les mensonges.
FRIEDRICH NIETZSCHE
La première raison de la servitude
volontaire, c’est l’habitude.
ÉTIENNE DE LA BOÉTIE