A hauteur d'aigle, l'automne y est flamboyant. Dès la fin du mois d'août, il tapisse de bruyère mauve la toundra et descend à travers les forêts d'érables, de pins, de chênes et d'épicéas jusque dans le nord de l'Arizona, en plaquant les versants de l'or des trembles.
A Crater Lake, l'eau évoque irrésistiblement la mort belle et fidèle, mais aussi ce fantôme limpide des eaux, qui, en se cristallisant, sous l'effet de l'inspiration, enfante le Verbe.
J'aurais aimé vous mettre la photo de cette chute "Lower falls". On aurait réellement pense qu'il s'gissait d'une peinture d'un grand peintre connu.
Malheureusement il n'y avait pas assez d'espace
Ame des villes, le Grand Canyon n'est pas un salon où l'on cause, mais un sanctuaire qui éprouve le fidèle dans un corps à corps où l'épuisement voisine avec l'ivresse.
La nature devient fresque où le dieu des images installe ses oeuvres comme des chapelets d'invocation à une Atlantide disparue.
Au Grand Canyon, l'oeil retrouve l'inspiration romantique qui resurgit dans la conscience comme des sources en forme de résurgences dans lesquelles les éléments naturels installent leur secrète alchimie.
Mais avant que le soleil ne bascule derrière l'horizon, j'ai eu le temps de saisir son dernier rayon, celui dont les Indiens disent qu'il sera toujours la corde de musique de l'Esprit.
A toute heure, le Grand Canyon frappe par son silence étincelant quiconque garde cette capacité d'habiter ses terres rouges et bleues, car même le ciel ici est une matière.
Le vide est rempli de présences muettes.
J'ai toute la terre devant moi. Aucun nuage. L'horizon est parfaitement clair. Le sommet des monts scintille dans le soleil couchant. Le vent vient de passer au nord. J'ai l'impression qu'un grand oiseau tourne autour du campement. Il glisse contre la nuit qui avance.