Aujourd'hui, les cartes sont essentiellement utilisées comme des outils de localisation ou de navigation. Imprimées sur papier et de plus en plus fréquemment numérisées, elles nous fournissent des informations sur notre environnement ou nous guident d'un endroit à un autre avec un maximum d'efficacité. Mais, au cours de l'histoire, la cartographie a répondu à des objectifs très variés. En fait, depuis qu'il a commencé à tracer des repères sur la pierre, il y a de cela quelque 40000 ans, l'homme n'a cessé de créer des cartes afin de conceptualiser sa relation à son environnement. La cartographie traite ainsi autant de la vie que de l'orientation. La représentation spatiale de son milieu est une activité humaine fondamentale que les psychologues appellent "cartographie cognitive". Les animaux se contentent de marquer leur territoire, mais l'homme est la seule espèce capable de cartographier le sien.
Les premières arrestations eurent lieu en février 1544. Au cours des semaines précédentes, à Louvain, Pierre Dufief, procureur général du Brabant, avait dressé une liste de 52 noms. La réputation de Dufief, théologien farouchement conservateur, n'était plus à faire: e, 1536, il avait déjà interrogé et fait mettre à mort William Tyndale, un réformateur anglais en exil qui, accusé d'hérésie, avait été condamné, puis étranglé et brulé sur le bucher, dans les environs de Bruxelles. Sur la liste de Dufief, 43 personnes étaient de Louvain; les autres - de Bruxelles, Anvers, Groenendael ou Enghien -vivaient dans les villes ou des bourgs à 50 kilomètres de distance. On y trouvait des gens de tous les milieux sociaux : prêtres , artistes et savants, aussi bien que cordonniers, tailleurs, sages - femmes et veuves - réunis sous le grief d 'hérésie. Dans les jours qui suivirent l'établissement de cette liste, les baillis de Dubief allèrent chercher les accusés. Certains avouèrent qu'ils niaient l 'existence du Purgatoire; d'autres se doutaient de la transsubstantiation( la croyance que le pain et le vin de la communion deviennent le corps et le sang du Christ) et reconnurent avoir commis de actes iconoclastes, en détruisant des images du Christ et de ses Saints. Dubief s'y connaissait en interrogatoire: à la fin du printemps, bien que beaucoup d'accusés aient été relâchés ou s en soient tirés avec un bannissement et la confiscation de leurs biens, une poignée de gens avaient été déclarés coupables d'hérésie et condamnés à mort. Une femme fut brulée vive, deux hommes décapités et un troisième brula sur le bucher. Aucun de ceux qui assistèrent à leur exécution publique ne pouvait plus ignorer ce qu' il en coutait de contester l'autorité religieuse ou politique des Habsbourg. ...
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Parmi tous les récits des sévices, de persécutions, de tortures et de mises à mort qui émaillent l 'histoire de la Réforme en Europe, les arrestations et exécutions de 1544 seraient restées tristement banales si 'Schellekens' n'avait été le nom de jeune fille de l épouse de 'Meester Gheert', plus connu à travers l 'histoire, sous le nom de Gérard Mercator.
Mercator lui-même paru rester indifférent à son invention et passa les trente années de sa vie à travailler sur son projet cosmographique – dont la Chronologia et la carte du monde n’étaient que deux éléments parmi tant d’autres. En 1578, il publia une édition de la Géographie de Ptolémée qui reproduisait soigneusement les cartes du géographe grec, devenues des curiosités historiques : c’était là une représentation importante, mais désormais inutile, de la terre telle qu’elle était comprise par le monde grec. Cette édition, dans les faits, sonna le glas de l’influence du géographe antique sur la cartographie de l’époque. Désormais, les cartographes traceraient leur propre voie, au lieu de corriger et de mettre à jour la vision du monde de Ptolémée.
p. 277.
Pour Ortelius (cartographe flamand), comme pour beaucoup de cartographes de la Renaissance, la géographie est "l'oeil de l'Histoire", un véritable théâtre de la mémoire.
La carte fonctionne comme un miroir