En 2023, Occitanie Livre & Lecture et le DDAME de l'Université Toulouse - Jean Jaurès poursuivent leur partenariat et s'intéresse cette année à deux thématiques qui bouleversent actuellement la société et impactent la chaîne du livre : l'écologie du livre et l'édition féministe.
Intervenants :
Aurélien Berlan, maître de conférences en philosophie à l'Université Toulouse Jean Jaurès, membre du Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST)
Laure Teulières, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université Toulouse - Jean Jaurès, membre du laboratoire France, Amérique, Espagne, Sociétés, Pouvoirs, Acteurs (FRAMESPA)
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Grâce au scandale Snowden, il est devenu indéniable que les discours rassurants sur la “société de l’information" sont le fait au mieux de grands naïfs pratiquant la politique de l’autruche, au pire de marchands de sable que l'informatisation du monde renforce et enrichit.
La massification de nos sociétés a continué à diluer le poids que chacun peut avoir dans le processus de décision politique, tout en accroissant celui des experts et des technocrates. En parallèle, le développement de la société marchande et salariale a accentué notre indisponibilité politique et entraîné l’essor de la consommation de masse, qui démultiplie à l'infini les attraits de la vie privée.
Ils nous ont promis la lune et, pour récompense de les avoir écoutés, nous sommes maintenant invités à aller vivre sur Mars !
Grâce au scandale Snowden, il est devenu indéniable que les discours rassurants sur la « Société de l’information" sont le fait au mieux de grands naïfs pratiquant la politique de l’autruche, au pire de marchands de sable que l'informatisation du monde renforce et enrichit.
La formule clef de la liberté libérale n'est pas le “laisser-faire“, mais le “faire-faire“.
Si la liberté renvoie logiquement et historiquement, même dans la pensée occidentale, à un idéal politique d’absence de domination, c’est-à-dire d’égalité, c’est l’inverse qu’il y a derrière l’idée de liberté moderne : une conception individuelle et même solipsiste qui, en définissant la liberté par l’élargissement des possibles et la délivrance à l’égard des nécessités de la vie, l’a associée à l’accroissement de la puissance, l’a fait reposer sur des formes de servitude plus ou moins déguisées. (...) . Affirmer que le développement industriel est émancipateur, c’est se payer de mots. Comme la technologie à laquelle il est lié, l’industrie (...) n’abolit pas les rapports de domination, elle permet juste de ne plus avoir à faire certaines choses et, en outre, elle permet d’en faire d’autres, c’est-à-dire qu’elle étend nos capacités d’action et, plus encore, celles des puissants qui nous gouvernent. Elle n’apporte pas la liberté, mais tout au plus le confort dans la soumission au système.
La surenchère technologique en matière de "véhicules propres" sert surtout à renouveler le parc automobile et à accroître la marchandisation du déplacement. Cet imaginaire purement techniciste fait oublier à quel point c'est à la fois d'un imaginaire et d'un système de vie fondés sur la surmobilité dont il faut sortir. (p. 222)
Les médias de masse sont le cheval de Troie grâce auquel la sphère privée a été envahie par des forces sociales porteuses de normalisation culturelle.
Le constat s'impose d'une accélération dans la "grande accélération" en cours depuis la seconde moitié du XXè siècle. Le moitié du CO2 émis depuis plus de deux cents ans l'a été après le premier rapport du GIEC (1990), ... et ce malgré les améliorations technologiques considérables et la mise en œuvre de politiques se disant soucieuses d'environnement. (p.25)
Ce dont les dominants ont toujours voulu être délivrés, ce n'est pas de l'effort en général, mais des tâches quotidiennes qui ne sont pas vectrices de prestige, afin de de ce consacrer à celles qui donnent du pouvoir.