J'ai déserté YouTube pendant un an. Remise en question, et renouveau.
3. « L'aiguille transperce ma peau et Zip m'injecte le produit, lentement, en me regardant dans les yeux. Son sourire de dément s'élargit à mesure que l'héroïne se répand dans mes veines.
De toute ma putain de vie, je n'ai jamais ressenti ça.
En la fumant, l'effet est déjà vraiment cool, mais tout à fait supportable. C'est une euphorie, mais une euphorie en ligne droite. Le shoot, c'est une montée de sensations en dénivelés, en loopings, comme un train qui déraille et qui s'encastre dans un monument historique, laissant s'échapper des millions de papillons de toutes les couleurs.
En à peine vingt secondes, j'oublie tout. Mes angoisses, ma mère, Damien, ce putain de mal-être qui me ronge. Je réponds au sourire de Zip en rigolant comme une démente. Je l'embrasse sur la joue. À cet instant, il est pour moi la personne la plus belle sur terre.
Ce que me procure l'héroïne, c'est ce dont j'ai besoin dans ma vie de tous les jours. Je suis heureuse, apaisée, confiante, j'évolue dans un cocon cotonneux, un doux leurre dont je ne veux jamais me réveiller. Mes endorphines dansent tellement dans ma tête que j'ai envie de chialer de bonheur, de parler avec les gens, d'ailleurs, je dois parler, mais seule. » (pp. 152-153)
2. « Cette semaine, on a abusé. La Sainte-Touche nous a donné des ailes, et on a consommé tous les jours, sans pause. Alex, dégoûté de voir Marie sombrer dans la came, a réagi comme moi, et a décidé de goûter aussi à l'héro, par opposition, je suppose. Fantasme de l'amour éternel, "tu plonges, je plonge", et toutes ces conneries. Mon cul. Ils ont juste rien à foutre ensemble. Marie m'a demandé de le convaincre de ne pas commencer, et bien sûr, j'ai fait le contraire. Aucune chance pour que je me tape le sale boulot à sa place. Les états d'âme, la bonne conscience, c'est bidon. Hypocrite. Je reste fidèle à moi-même, ça me plaît de voir d'autres gens sombrer avec moi. J'adore être la mauvaise influence, celle à qui on peut attribuer tous ses petits malheurs, histoire de se dédouaner de toute culpabilité. L'humain est tellement faible. » (p. 124)
1. « Quand j'ai débarqué dans ce monde, j'ai cru pouvoir être moi-même, évoluer et grandir avec ces gens et les drogues que je prenais. Pour moi, l'apprentissage de la vie se faisait par l'autodestruction. On ne pouvait pas évoluer sans se faire de mal. On ne pouvait pas se connaître sans se détruire. Je vouais un véritable culte à l'autodestruction, sous n'importe quelle forme, car c'est ce qui m'animait jour après jour, ce qui me poussait à me lever le matin, ce qui me rendait heureuse.
Dans la souffrance, je me sentais entière. Sans artifice. À ma place. J'aimais consommer jusqu'à l'excès, jusqu'à y laisser ma peau, parce que je savais que si je survivais, j'en sortirais grandie. Mais ces derniers temps, ça commençait à me lasser. » (p. 19)
Je me disais qu’il était mieux que n’importe quelle drogue, que n’importe quelle montée, parce qu’avec lui il n’y aurait pas de redescente.
J’essayais de trouver le plus laid car il représentait ma beauté.
Je vendais mon Amour Propre pour me perdre dans les Amours sales.
Je me sentais planer, ivre d’amour : sous le toit de notre cabane imaginaire, nous étions les rois du monde.