Jessika Kostigan

Je ne me suis pas préparée à subir sa colère et son mépris. Mais en le voyant ici et en vie, un énorme poids s’enlève de ma poitrine. Ce poids, c’est ma culpabilité. Elle me ronge, me dévore, depuis sept longues années. 

Chapitre 1 :
Maxine

Aujourd’hui

«… Je ne pense qu’à lui, à nous et à ce que nous avons été.

– Maxine.

Je sursaute en entendant le son de sa voix. Il vient de dire mon prénom avec une froideur extrême et pourtant j’ai toujours aussi chaud.

Il continue de s’avancer vers moi. Je n’ai toujours pas peur, mais je sais qu’il est impulsif et il croit, il sait, que je suis responsable. Je recule à mesure qu’il avance et je me retrouve collée au mur. Il arrive devant moi et pose ses mains de chaque côté de ma tête. Je ne peux pas lui échapper. Je ne veux pas lui échapper. Il plonge ses yeux devenus noirs dans les miens et ma respiration se coupe. Je suis prise au piège et j’adore ça.

Il souffre, et moi aussi, depuis tout ce temps, mais la douleur doit être pire pour lui. Ce soir-là, il a pris dix ans de prison et je n’ai même pas eu de casier judiciaire, grâce au nom de mon père. Je me surprends à penser que j’aimerais qu’il me fasse mal si cela pouvait aider à soulager sa colère et apaiser mes remords d’avoir contribué à sa descente aux enfers.

Une de ses mains glisse sur mon cou. Il l’entoure sans difficulté. Il me surplombe. Ce serait le moment d’avoir peur, mais je ne ressens toujours pas d’inquiétude. La seule chose à laquelle je pense, c’est à la chaleur de sa peau contre la mienne. Son étreinte se resserre. Je ferme les yeux en attendant la fin. … »

Chapitre 3 :

Maxine

Sept ans plus tôt

«… Il descend rapidement de la voiture, avance vers moi et met son visage près du mien. Mon ventre se contracte et je me mets à frissonner quand je sens son souffle sur ma peau.

– Salut, princesse, je savais qu’on allait se revoir, me dit-il d’une voix rauque en me caressant la joue.

Je ne dis rien, pétrifiée, totalement incapable de prononcer un mot. On se regarde quelques instants jusqu’à ce que quelqu’un me tire en arrière et se place devant moi. Caleb.

– Prends ton oseille et tire-toi, DeVitto.

Caleb lui tend une enveloppe. Jay la prend sans même regarder ce qu’il y a dedans. Il doit se dire que sa menace d’hier était assez efficace pour que Caleb n’essaye pas de le rouler.

Ils se regardent tous les deux avec colère. Puis Jay se penche sur le côté et me fixe en faisant son petit sourire en coin. Il se redresse, jette un dernier regard noir à mon ami et repart vers la voiture. … »

Chapitre 10 :

Heaven, de nos jours

«… — Qu’est-ce que tu fais encore ici ? siffle Bolt dans mon oreille. Je t’ai ordonné de quitter la ville.

Je ne me démonte pas et lui fais face. Ses yeux noirs sont pleins de colère et je remarque qu’il serre les poings. Il a une cicatrice sur l’avant-bras que je ne connaissais pas. Je remonte le visage et prétends que sa proximité ne me perturbe pas.

Alors que j’ai juste envie de me glisser entre ses bras.

— Fut un temps je me pliais à tes quatre volontés sans rechigner, mais les choses ont changé. J’ai 26 ans, je ne suis plus une gamine, alors habitue-toi à me voir dans le coin parce que je ne partirai pas ! le défie-je du regard.

— Ne joue pas à ce jeu, tu vas perdre.

— J’ai déjà perdu, il y a dix ans.

Je sans la colère monter, son obstination à me rejeter sans même me laisser l’occasion de lui expliquer que les choses commencent à m’agacer. …»

Chapitre 1 :

Heaven, de nos jours

«… Une des pires choses que j’ai vécues a été de le perdre. C’est aussi à ce moment-là que je me suis perdue moi-même.

– Comment tu m’as retrouvé ? gronde-t-il.

Un frisson me parcourt tout le corps.

– Je te croyais mort, réponds-je dans un souffle. Comment c’est possible ? Tu es… tu ne peux pas être là, c’est impossible. Toutes ces années… Matt…

– Ne m’appelle pas comme ça ! Matthew Rivers n’existe plus !

La douleur autour de mes membres s’intensifie quand il resserre la pression et je pousse un petit gémissement.

– Je suis désolée, ce n’est… couiné-je à cause de la douleur.

– Je me fous que tu sois désolée ! Tu as fait de moi un monstre, Heaven, maintenant tu vas voir de quoi ce monstre est capable, réplique-t-il avec colère.

Il me tire vers lui et me fait jaillir de l’habitacle avec une facilité déconcertante …»

J’ai envie d’évacuer cette frustration, la posséder, marquer mon territoire. Lui rappeler qu’elle est mienne. Je ne sais pas comment lutter contre ce désir qui me bouffe chaque cellule de mon corps. Je la déteste et, pourtant, je la veux.
 

Maxine est amoureuse de moi. Elle mérite tellement mieux. Je vais ternir sa lumière si elle reste à mes côtés. Elle n'est que douceur où je suis que brutalité, elle n'est que gentillesse où je ne suis que dureté, elle n'est que lumière où je ne suis que noirceur. Elle voit la bonté en chacun, alors je ne vois que trahison. Elle est née au paradis et je suis né en enfer, c'est un ange et, moi je suis déchu. Le paradis m'est interdit et elle n'a pas sa place en enfer. Elle ne pourra jamais s'adapter à mon monde, et je n'ai pas ma place dans le sien.

 Je voulais me protéger, mais il a cassé tous les murs que j’avais dressés. J’ai essayé de lutter, mais c’est impossible, Jay sera ma perte. 

Une des choses dont j’avais le plus peur était que mon chef de bataillon dise à qui veut l’entendre que sa stagiaire est la fille du commandant Miller de New York, un des héros du 11 septembre…

… Je suis effrayée par ce que je ressens. Je suis tellement heureuse! Et je suis terrifiée de ne plus jamais ressentir ce que j’éprouve à cet instant.