Jo Witek

L’ordinateur portable offert par le gouvernement est dans son sac à dos avec son portefeuille, sa nouvelle carte de paiement. Les médailles, il les a données à son ancienne institutrice, Mme Richemont.
– Je suis si heureuse, si heureuse, avait répété l’enseignante en empoignant les trophées, si fière de toi, mon grand, pour ce beau chemin accompli. Toutefois, ce n’est qu’un début, ne l’oublie pas, ça ne fait que commencer et je serai toujours là pour te soutenir dans tes études. Le plus dur reste à faire, mon Pierre, j’espère que tu en es conscient.
Il a dix-huit ans. Il en est conscient. Il sait que son avenir est devant, que ce quai de gare n’est qu’une ligne de départ, une rampe de lancement, un plongeoir de dix mètres duquel il va falloir sauter. Il est pugnace, travailleur, résistant, il n’a pas peur, pourtant au bout du quai, il frissonne. Il grelotte en plein mois d’août sous un soleil de plomb.
C’est un grand jour