Elles avaient longuement parlé de la pauvre Willar et de sa fin tragique. Pam, qui l'avait bien connue, paraissait très affectée par sa disparition. Puis elles avaient séché leurs larmes et décidé d'honorer sa mémoire en poursuivant avec Lisa la mission qu'elles avaient entreprise ensemble. Ce soir-là, elles étaient censées goûter les pains fantaisie. Ce fut Lisa qui s'exprima la première.
Un brave homme et une méchante femme. Ils devaient se repousser comme l'huile et le vinaigre.
Mais souvent, quand l’amour entrait par la porte, la raison s’envolait par la fenêtre.
Embrasser Norman c'était comme atterrir sans encombre après un vol mouvementé. Embrasser Mike revenait à piloter un bolide sur une route de montagne, avec frissons et palpitations à la clé. Préférait-elle la sécurité au danger ? Le confort à l'aventure ? Hannah soupira et s'enfouit la tête dans l'oreiller.
La vie ne se mesure pas au nombre de fois où nous respirons, mais aux instants où elle nous coupe le souffle.
Hannah Swensen enfila son blouson de cuir acheté d’occasion chez Helping Hands et se baissa pour attraper le gros matou orange qui se frottait contre ses chevilles.
Pour filer la comparaison, Andrea aurait pu se définir elle-même comme une "épouse d'agrément" et une "mère d'agrément" puisqu'elle recourait à une employée de maison pour faire le ménage et la cuisine et à des baby-sitters pour s'occuper de sa fille.
« Mais non, tante Hannah. Les gens ont huit doigts et deux pouces. Tu ne le savais pas ? »
Hannah aimait l'automne, quand le vent du soir présageait des frimas à venir, quand, au petit matin blême, une fine couche de givre recouvrait les talus bordant les routes qu'elle empruntait pour se rendre en ville.
Hannah pendit son ensemble pantalon sur un cintre et attrapa Moshe avant qu'il s'engouffre dans le séchoir encore tiède. "Non, pas question. Les séchoirs dévorent les chats, c'est bien connu. Et je crois que tu as déjà épuisé tes huit vies précédentes."
Hannah resta quelques secondes à contempler les éclats de lumière sur le métal. Ce marteau faisait désordre mais ne signifiait rien en soi. Boyd aurait très bien pu s'en servir pour bricoler et oublier de le remettre en place.
«Il est... il est par là », gémit Danielle en l'entraînant vers le Grand Cherokee de son mari.
En approchant, Hannah repéra tout près de la roue arrière le couvercle en plastique de son plat à gâteau. Il dépassait légèrement, comme s'il avait roulé sous le châssis. Encore quelques pas et Hannah poussa un cri étouffé. L'homme qui avait si souvent mené à la victoire l'équipe de basket du lycée Jordan gisait dans une matière visqueuse constituée de pâte à biscuit, de crème Chantilly et de fraises écrasées.
Sa première pensée fut pour sa pauvre charlotte. Quel dommage. Danielle se serait régalée. Puis elle sentit un nœud se former au fond de sa gorge. Les fluides rouges répandus sur le ciment ne provenaient pas des fraises écrasées mais du crâne défoncé de Boyd. L'homme était mort. Pour elle, ça ne faisait aucun doute. On ne pouvait pas perdre une telle quantité de sang et rester en vie.
Hannah exposa encore une fois sa théorie selon laquelle la caféine et les endorphines contenues dans le chocolat calmaient les nerfs, accroissaient la vigilance et procuraient un sentiment de bien-être.