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Critiques de Joe Giusto Pinelli (15)
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La dinde sauvage, tome 1 : Sainte Victoire

♫J'irai danser au bord d'un lac je ferai peur aux canards sauvages

J'irai à pieds joints dans les flaques et je ferai des claquettes aux nuages

J'irai bouder au bout du parc et j'apprendrai la samba aux salades

J'irai valser au bivouac je ferai feu de tout vent de toutes flammes

J'irai tanguer dans le ressac je narguerai le courant dans les vagues♫

-Canards sauvages-Camille-2008-

----♪---♫---🦆---🥶---🦆---♫---♪----



["J'progressais dans l'herbe des bas-cotés,

que d'aucuns nomment le réseau,

Paraît qu'y a des lapins pour faire Oslo-Gibraltar,

Aller-retour, Personne avait causé d'pigeons,

Dont les plumes sous les bras m'avaient poussé.

J'ai bien parlé à quelques moutons,

ça m'changeait guère

Ceux-ci étaient peu loquaces. Pas du tout endormis.

Moi j'aurais aimé m'étendre. Mais il faisait froid,

Comme dans un canard.

*-*-*-*-*-*-*-*-*

"Hop.Hop." Faust. Goethe.Nerval. Berlioz."]

Sic page 6 !!!!!!!!!!?



♪C'est l'histoire de l'agneau qui invite le loup à manger

C'est l'histoire du cochon apprenti charcutier

C'est l'histoire du canard qui trouve sympa d'être laqué

C'est l'histoire du pigeon qui, enfin bref, vous avez compris l'idée !?♪



Additionner carré blanc dans un négatif

c'est mauvais rapport logique, affirmatif !?

Chaud ou froid !?

Un froid d'palmipède, sans graisse d'oie

Faust piste, moi j'abandonne mieux veau

Eviter de réveiller Mephisto plutôt

qu'eider ce déterré à sortir du coltar...

Le début de la fuite, faut que j'me blinde

On ne saura jamais : cochon Dinde

ou vulgaire morceau de canard !



ps: Merci à Mr Bénabar .









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Sirop de Liège

- ceci n'est pas une recette de cuisine - ceci n'est pas une recette de cuisine - ceci n'est pas

Le Sirop de Liège (dont j'ai tartiné mon pain par kilos avec l'équivalent néerlandais dans ma prime jeunesse) est une mélasse à pâte brune, obtenue après cuisson et réduction de jus de pommes (et/ou poires).



Mais ce sirop épais et gluant (plein de vitamines et de fer, disait ma mère) fait ici référence à une famille liégeoise de barjos marginaux, dans le quartier populaire de Droixhe au bord de la Meuse et qui est constitué d'un père (Jackie), d'une mère, d'Eddie le fils et... de la jolie mais populacière fille Christine, qui travaille dans un magasin de fringues, et dont le mignon petit cul est convoité par son patron...ce qui va déclencher une petite histoire de vengeance...



Dans ce récit, composé uniquement de courts monologues, d'une famille socialement inapte, à la limite de la vulgarité et pourtant attachante, tout le monde et toute chose à droit à la parole : Jackie "qui se rembourse sur la bête" et fait survivre sa tribu grâce au troc, le vieux et énorme poisson-chat Gros-Freddy surnageant dans la Meuse et à qui Eddy voue une véritable haine, Eddy qui tue le temps en "philosoradotant" pendant qu'il essaie de pêcher le Gros-Freddy... S'expriment également un chien, un chat, le string d'une fille, un enclume, une serveuse, le tram, la Meuse, un barman, une cuvette de w.c....la liste est loin d'être complète...



Loufoque ? Fantasque ? Saugrenu ? Vaudevillesque ? Oui ! Certainement un peu de tout cela... mais ça fonctionne (!) sans imbroglios. On passe un excellent moment d'amusement dans une ambiance à l'humour noir et...faussement sirupeuse...





(Chapeau bas pour les dessins de Joe G. Pinelli dont il a admirablement tartiné quelques pages de ce petit livre !)
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Sirop de Liège

Vous connaissez sans aucun doute la petite comptine Marabout-Bout de ficelle..., et bien sachez que ce très court roman belge est construit sur le même principe. C'est sympathique, amusant, original et très axé sur cette bonne ville de Liège où on y goûte bières et boulets avec des frites bien sûr.

Et ne soyez pas étonnés si vous entendez le poisson-chat, la passerelle ou même l'Italie parler (il y en a bien qui entendent le loup le renard et la belette chanter) : il suffit qu'un de ces mots, ou d'autres, soit prononcé dans un paragraphe pour qu'aussitôt l'objet ou la personne nommée prenne la parole dans le paragraphe suivant.

Mais ne croyez pas pour autant que cela n'a ni queue ni tête, non non, l'histoire existe vraiment : Une famille, plus ou moins marginale, vit au bord de la Meuse, dans le quartier populaire de Droixhe. La fille travaille dans un magasin de vêtements et se fait harceler par le patron. Ce qui n'est pas du goût des parents et du frère. Et je ne vous parle même pas de la grand-mère...



Voilà donc un petit roman bien singulier qui était dans ma Pal depuis des années et que je suis ravie d'avoir lu. Roman que je vous conseille bien évidemment, d'autant plus qu'il est parsemé de très belles illustrations au crayon noir de Joe G. Pinelli. Une écriture entraînante, sans point (avant la prise de parole d’un autre intervenant), qui utilise le langage parlé.

Et puis le sirop de Liège étant une spécialité belge, il faut y goûter !

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Marguerite

Échanger des regards

-

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2020. Il a été réalisé par Joe Pinelli (pseudonyme de Bertrand DeHuy). Il s’agit d’une bande dessinée en noir & blanc, comportant vingt-cinq pages, entièrement dépourvue de dialogue. Il s’agit d’un format imposé dans cette collection des éditions Martin de Halleux, inspiré de l’ouvrage 25 images de la passion d'un homme (1918), réalisé par Frans Masereel (1889-1972). Dans cet ouvrage, l’histoire est racontée en 25 gravures sur bois, chacune imprimée comme un dessin en pleine page, sans aucun dialogue non plus. Le premier tome de cette collection est [[ASIN:2490393197 La forêt]] (2020) de Thomas Ott. L’auteur belge respecte cette contrainte à la lettre, à raison d’une image par page. Une petite entorse à la règle : la première et la quatrième de couverture forment une image supplémentaire. Le texte de la quatrième de couverture indique que l’action se situe le lundi 12 février 1934, à la suite des émeutes des ligues du 6 février, alors qu’une gauche unie manifeste contre le danger fasciste.



Marguerite est une jeune femme qui travaille dans un magasin de primeurs à Paris. Ce jour-là, sourire aux lèvres, elle porte son tablier de travail prête à répondre à la demande du premier client qui se manifestera. Elle tourne le dos à un jeune peintre qui passe derrière elle la tête baissée, son carton à dessin sous le bras. Une autre femme est en train de discuter avec le maraîcher. Le jeune homme s’assoit à une table en terrasse. Il a posé son carton à terre et il a sorti son crayon pour dessiner ce qu’il voit autour de lui. Un autre homme et une femme se trouvent à la même table que lui. Derrière eux, toutes les tables sont prises, et la terrasse est assez agitée. Par cette belle journée, Marguerite porte une robe à manche courte et des escarpins à talon. Elle a fini sa journée de travail et elle rentre chez elle, avec un sac contenant des légumes. Elle passe devant la terrasse du café et un léger sourire flotte toujours sur ses lèvres. Sur le trottoir, un autre jeune homme l’observe tranquillement, visiblement appréciateur de la silhouette de la jeune femme. Les clients en terrasse ne lui prêtent aucune attention. L’intérieur du café est également bondé, avec mêmes des clients debout.



Sur le quai de la station de métro, les Parisiens attendent la rame qui est train d’arriver. Le jeune homme tient toujours une feuille dans une main, et un crayon de l’autre. Il ne semble pas regarder quelque chose en particulier. Il est concentré sur sa tâche. Il est l’un des rares hommes à ne pas porter de chapeau. La plupart des femmes portent un manteau. Marguerite poursuit son chemin, avec son visage toujours détendu. Elle continue de porter son sac de commissions avec le bras droit. Derrière elle, les usagers du métro se divisent en deux groupes : ceux qui vont prendre l’escalier pour sortir, ceux qui attendent. Une fois dehors, le jeune homme se dirige vers un groupe de policier en faction, surveillant une manifestation.



Vingt-cinq images, des dessins facilement lisibles au premier coup d’œil, une intrigue linéaire et très simple d’attraction entre un homme et une femme, voire des dessins qui donnent l’impression de s’étaler sur les deux pages en vis-à-vis. Un album qui se lit en dix minutes en prenant le temps, et c’est fini : il y a eu rencontre entre Marguerite et ce jeune homme qui n’est pas nommé. L’absence de texte participe à la rapidité de la lecture, tout autant que cette trame de simple promenade dans Paris. Le lecteur voit bien que l’histoire se déroule dans Paris : le métro et les uniformes de police. Il n’y a pas d’indication de l’année, mais les modèles d’automobiles laissent supposer que ça se passe avant la seconde guerre mondiale. Il n’y a pas d’autres personnages récurrents à part Marguerite, vendeuse dans un magasin de fruits et légumes, et le jeune dessinateur qui croque différentes scènes qu’il a successivement sous les yeux. Le lecteur est bien content pour eux parce qu’il s’est produit une connexion entre les deux jeunes gens. Le récit s’est déroulé exclusivement en extérieur constituant une sympathique balade. Et voilà. Rien de plus qu’une tranche de vie quotidienne rendue une peu plus savoureuse par ce que le lecteur suppose être le commencement d’une potentielle histoire d’amour. Et encore ce n’est même pas une certitude, et il n’en saura rien puisque l’histoire est complète en vingt-cinq images (en réalité vingt-six car la couverture constitue bien la première et apporte un élément significatif dans le récit) et il n’y aura pas de suite.



Le lecteur en déduit que c’est à lui d’apporter quelque chose pour enrichir la lecture, sauf si dépité il se dit qu’il s’est fait avoir par cet exercice de style artificiel et superficiel. Le premier élément surprenant réside dans le texte de la quatrième de couverture, qui précise le contexte historique : Le lundi 12 février 1934, à la suite des émeutes des ligues du huit février une gauche unie manifeste contre le danger fasciste, un jour annonciateur du Front Populaire. Certes, mais quand même il y a de la triche car la simple lecture des illustrations en pleine page ne permet pas d’en apprendre autant. Page six, le lecteur voit bien des hirondelles, c’est-à-dire des policiers à vélo, avec cette cape qui leur a valu ce surnom. En vis-à-vis, page sept, le dessin montre effectivement des hommes en train de défiler avec des pancartes portant des slogans : La liberté ou la mort, Unité, Il faut choisir socialisme ou fascisme. Puis dans les deux pages suivantes, une banderole avec l’inscription : des libertés démocratiques pour assurer la paix. Toutefois, le lecteur a beau revenir en arrière pour chercher d’autres indices relatifs à la date, il ne trouve pas d’autres éléments visuels pour la confirmer, pas même une manchette de journal lu par un figurant. Il prend la précision de la quatrième de couverture comme un élément à mettre en rapport avec l’amour naissant entre Marguerite et le peintre, un contrepoint.



À la fin de l‘ouvrage se trouve une simple phrase venant expliciter les spécifications de cet exercice de style : Il s’agit pour les auteurs de créer un format court en vingt-cinq images – une par page, en noir et blanc, sans textes, tel qu’il a été défini en 1918 par Frans Masereel pour son livre 25 images de la passion d’un homme, premier roman sans paroles moderne. En effet, Joe Pinelli respecte, à la couverture près, le format : vingt-cinq illustrations indépendantes, en pleine page. Ces dessins s’inscrivent dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contours présentant quelques irrégularités par endroit, des aplats de noir pour donner de la consistance aux formes ainsi détourées, une absence de bordure de case. L’artiste a choisi un savant dosage entre précision et évocation. Par exemple les traits des visages apparaissent plutôt appartenir au registre de l’esquisse que du photoréalisme. Les décors semblent représentés avec des traits jetés rapidement, sans être repris pour une apparence plus rigoureuse. Dans le même temps, ces représentations des rues de Paris comportent de nombreux détails : le store du magasin de primeurs, les modèles de table et de chaise de la terrasse, les poutrelles métalliques de la station de métro, les rails et les traverses de la voie de métro, les arbres d’alignement dans les rues, les voitures et autobus, la rue Mouffetard, la place de la République, la gare de l’Est, le quartier de Ménilmontant, etc. Ces caractéristiques de dessins donnent une certaine vitalité aux personnages, qu’ils soient au premier plan, ou bien des figurants dans la foule des gens qui attendent le métro, dans celle de manifestants.



Une fois qu’il a commencé à prêter plus d’attention aux dessins, peut-être en relisant l’histoire pour en avoir pour son argent, le lecteur se rend compte qu’il devient plus attentif à d’autres aspects. Marguerite et l’artiste sont réunis dans la première planche, elle au premier plan, lui au second plan. Par la suite, ils ne se trouvent plus jamais dans une même illustration ; en revanche ils sont toujours en vis-à-vis, lui dans la page de gauche, elle dans celle de droite. Le lecteur en vient même à éprouver l’impression que les deux images en vis-à-vis n’en forment qu’une : mais non, elles ne peuvent pas être collées l’une à l’autre car il y manque une partie entre les deux. Toutefois la situation de l’artiste correspond bien à celle de Marguerite : devant le café, dans la station de métro, dans la rue alors que passent les manifestants, sur des trottoirs de part et d’autre de la chaussée, dans la gare de l’Est. Ils vivent dans un espace-temps presque identique, ce qui les rapprochent, ce qui constitue le socle d’une expérience commune, ou plutôt d’un environnement commun, en s’étant trouvé au même moment où se produisent certains événements. D’une certaine manière il s’agit d’une forme de complicité implicite et inconsciente, le partage d’un même instant à quelques mètres de distance. La même situation de détachement par rapport à la manifestation et à son objet, lui en spectateur simplement curieux, elle en passante allant son chemin. Ils finissent par prendre conscience de cette simultanéité, et peut-être à y voir une forme de synchronicité, de lien qui les rapproche, une expérience différente des mêmes choses qui conduit tout naturellement à un échange, représenté dans les deux derniers dessins après une ellipse temporelle qui laisse le lecteur libre d’user de son imagination pour la remplir.



Il est peu probable que le lecteur soit arrivé par hasard à cette bande dessinée : soit il éprouvait déjà un intérêt pour son auteur, soit il a conscience de la nature de l’exercice de style à la manière des 25 images de la passion d’un homme, de Frans Masereel. Vingt-cinq images pour une bande dessinée, c’est très court et ça se lit très vite. Celan ne prend du sens qu’à la condition de l’implication active du lecteur, soit pour considérer la force narrative de chaque dessin, soit pour projeter sa sensibilité sur ce qui se joue sur le non-dit, sur ce qui se passe entre les cases, ou plutôt entre chaque dessin, et le phénomène qui se déroule sous ses yeux. Sous réserve qu’il se prête à ce jeu, qu’il apprécie cette dimension ludique, il y trouve son content et se rend compte que lui aussi peut prendre plaisir à la lecture, sans se soucier des revendications des grévistes du douze février 1934, ou du limogeage du préfet de police Jean Chiappe à la suite de l'affaire Stavisky.
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Marguerite

Marguerite est une méditation dans le temps. Le vieux Paris, ses rues, l’amour, l’agitation, les luttes, les bruits du bistrot, de la rue, une certaine lenteur aussi. Les illustrations de Joe Pinelli nous transportent dans une atmosphère pleine de poésie. On voudrait que ça dure plus longtemps. Très agréable à observer et à contempler. Une caresse pleine de nostalgie. Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions Martin de Halleux pour cet envoi. Je lirai volontiers d’autres beaux livres de cet ilmustrateur.
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Bartok

Quelle déception ! Pourtant il me semblait que Béla Bartók méritait bien une biographie graphique à sa hauteur. Ici c'est raté.

Béla Bartók a pourtant innové. Il est né en 1881 en Autriche-Hongrie et mort en exil à New York. Le compositeur et pianiste a été pionnier de l’ethnomusicologie. Le livre évoque ses enregistrements sur le vif de morceaux de musique folklorique d’Europe de l'Est mais tout est dans le désordre et les dessins ne me plaisent pas du tout.

De plus, le texte n'est pas bien écrit et c'est un grand regret. Heureusement, il y a les 2 CD!

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Sous le vent

Qui dit Jean-Bernard Pouy, dit polar. C'est donc au rayon polar de ma librairie que j'ai trouvé "Sous le vent" et c'est peu dire qu'il n'était pas à la bonne place.

Ce livre est plus proche de l'esprit d'un album jeunesse par sa forme que d'un roman classique. Il semblerait (si j'en crois les quelques recherches sur internet) que Jean-Bernard Pouy ait créé ce texte en s'inspirant des pastels de Joe Pinelli.

Cela donne un résultat vraiment séduisant : un texte littéraire fort bien écrit , en parfaite harmonie avec les illustrations aux couleurs fauves rappelant Gauguin (normal, l'histoire se déroule en grande partie aux îles Marquises) .

Nous rencontrons Pol, homme encore jeune. Il vient de rentrer de rentrer de la guerre 14/18, la tête remplie d'horreurs. Dans son village breton, sa fiancée ne l'a pas attendu. Elle s'est mariée avec son meilleur ami qui a échappé à la conscription. Décidé à tout quitter, par défi, il lance une fléchette sur un planisphère de son ancienne école et se rendra où elle se plantera. Ce sera les îles sous le vent en Polynésie.

Après un long voyage, le voilà loin du ciel gris breton, dans une contrée proche du paradis terrestre, où les habitants vivent sans contrainte ni jalousie. Seulement, il a emporté dans sa tête un passé qui le poursuivra sans cesse...

Le récit de Jean-Bernard Pouy s'attache à nous décrire ces marquises paradisiaques d'il y a presque un siècle maintenant. Son écriture s'enrichit de couleurs, de sensations, en parfaite harmonie avec les illustrations fauves de Joe Pinelli. Nous sommes bien au paradis sur terre mais le noir sourd petit à petit au fil des pages, comme un mal qui ronge et qui progresse dans l'esprit du héros.

la fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Féroces tropiques

En 1913, le peintre Heinz von Furlau embarque à bord d’un navire de guerre allemand qui fait route vers la Papouasie. Jeune soldat, son rôle consiste à peindre ce voyage et rapporter ainsi un témoignage visuel de cette expédition colonialiste. La traversée est rude, les matelots n’ont de cesse de le rudoyer jusqu’à ce que, petit à petit, il trouve sa place au sein de l’équipage. Lorsqu’ils accostent enfin, ils découvrent un paysage luxuriant, Heinz est sous l’émerveillement.



Le jeune artiste part avec la première équipe chargée de faire une reconnaissance du terrain. Les hommes sont aux aguets, apeurés par les légendes sur les Papous cannibales. La tension est à son paroxysme lorsque les Allemands découvrent un lieu de sacrifices : une prairie ornée de pieux surplombés de crânes humains. Cette macabre découverte met les hommes sur le qui-vive. Peu après, les soldats rencontrent une jeune indigène. Certains tentent de la violer mais Heinz s’interpose. La rixe verbale vire au cauchemar lorsque la troupe est la cible des lances des guerriers papous. Heinz et ses compatriotes tentent de fuir, en vain. Nombre d’entre eux seront tués mais Heinz fait partie des rares captifs. Lorsque qu’arrive le moment de son exécution, la jeune femme qu’il avait protégée prend à son tour sa défense. Dès lors débute une nouvelle vie pour le peintre puisqu’il va s’installer dans la tribu et vivre avec eux pendant quatre ans.



Mais en 1914, les troupes Australiennes envahissent la Nouvelle-Guinée allemande. Ils déciment la tribu, capturent Heinz et le libèrent peu de temps après. A son retour en Allemagne, il est décoré pour fait d’armes, obtient le grade de Lieutenant et est aussitôt renvoyé sur le front, c’est la Première guerre mondiale. En 1919, Heinz tente de s’intégrer dans la nouvelle Allemagne. Mais se profile déjà le spectre du nazisme. Il reprend la route en 1923 et tente de retrouver la tribu qui l’avait accueilli quelques années plus tôt.



Je retourne où je suis né. Au pays des couleurs. Au pays du silence.



C’est la première fois que Thierry Bellefroid réalise un scénario de BD (si on exclut Quatuor qu’il a co-scénarisé avec quatre autres auteurs). Plus habitué à l’écriture de romans, ce journaliste est l’un des plus grands spécialistes belges de la bande dessinée (plus de détails sur la fiche auteur de BDGest). Avec cet album, il nous propose une réflexion sur la guerre et ses conséquences désastreuses sur l’homme. Au travers d’un peintre fictif, il examine l’homme et son penchant pour la violence. Le regard qu’il pose passe par le prisme de son personnage. Ce dernier, quasi mutique, extériorise ses émotions dans ses tableaux. Nous le voyons en difficulté dans son rapport aux Autres et en proie à un sentiment d’incompréhension majeur quant aux événements dont il est témoin. A l’aide d’une voix-off, le scénariste nous fait part de ses interrogations sur la nature humaine et sa capacité à nier son humanisme au profit d’attitudes bestiales (violence, racisme, haine de l’autre en général). Ce récit se nourrit des réflexions du personnage principal, tour à tour philosophiques, artistiques ou altruistes. Il peut s’apparenter à un journal intime, les toiles et carnets de croquis du personnage étant autant de souvenirs l’aidant à faire le bilan de sa vie.



Mes carnets de croquis sont remplis. Je dois trouver de nouveaux supports. Malgré les puces, les sangsues, les serpents. Malgré la dureté de l’existence, l’humidité permanente, la précarité du campement, mlgré l’éloignement, la nostalgie des vieux amis… Malgré tout cela, je suis heureux.



Le fait que le scénario se situe dans trois espaces – temps différents le rend difficile d’accès. C’est en premier lieu une voix-off et un vieillard solitaire qui nous accueillent dès la première page. Celle-ci tournée, nous partons en 1913 aux prémices de l’expédition, sans que toutefois l’ambiance graphique ne change (teintes, luminosité), sans lien apparent avec le vieux loup de mer barrant son bateau. Enfin, la dernière période s’imbrique sporadiquement entre les deux précédentes et relate la vie de soldat allemand pendant la Première Guerre Mondiale. Les faits sont ensuite relatés chronologiquement pour chaque époque. A chaque saut de temps, j’ai mis un temps à me situer dans l’histoire. Passée la première moitié de l’album, cette difficulté s’estompe, les changements d’ambiances graphiques aidant. On assiste au cheminement de cet homme, on comprend comment sa personnalité s’est construite à travers le temps. J’ai apprécié ce personnage sombre, désabusé, qui plie sous le poids de sa vie et qui va jusqu’à renoncer à ses idéaux humanistes et artistiques. De plus en plus extérieur aux choses, de plus en plus critique sur « son Allemagne » et les agissements de ses compatriotes, il lâche lentement prise, jusqu’à en perdre la raison.



Mon ignorance est un sauf-conduit. Elle m’empêche de devenir fou.



Excepté pour la première transition, les ambiances graphiques guident le lecteur dans le récit. Ainsi, le lecteur voyage entre des ocres tantôt chaleureux tantôt agressifs et des gris verts accentuant la laideur de la guerre et la souffrance des hommes. De plus, j’ai trouvé qu’elles donnaient du liant, de la consistance et de la profondeur à la narration dont la compréhension nous échappe par moments. Joe G. Pinelli a réalisé les visuels de l’album au pinceau, dans une veine fauviste. J’ai trouvé ce travail magnifique. Certains lecteurs déploreront surement la difficulté de reconnaître les personnages. Le graphisme matérialise l’âme de son personnage et répond en écho à la voix du narrateur, transmettant ses doutes et ses émotions. Loin d’en être à son premier coup d’essai, cet auteur a débuté en publiant des œuvres autobiographiques puis n’a eu de cesse de renouveler et d’affiner sa technique de dessin (plus de détail sur l’article de Dominique Bodson). Dans Féroces tropiques, son trait est instinctif et nerveux. Il nous offre tantôt la scène telle que le personnage la voit (une réalité qui peut lui échapper et se tordre sous l’effet d’hallucinations visuelles). J’ai pris beaucoup de plaisir à naviguer entre ces scènes tantôt descriptives tantôt intimistes. Régulièrement, l’auteur délaisse les fonds de cases ce qui a pour effet de prendre à partie le lecteur puisqu’il se retrouve régulièrement en face à face avec les personnages.



Il y a certes la difficulté de situer les personnages sur la première moitié d’album et l’impossibilité de maîtriser les tenants et les aboutissants de l’intrigue avant son dénouement. Mais je n’ai pas trouvé, au final, que cela était dommageable. Les bribes de récit convergent pour n’en former plus qu’un seul dans les cinq dernières planches et nous permettent enfin de comprendre qui est l’homme que nous avons vu en première page.



Un album étrange, une ambiance mélancolique, un magnifique voyage dans la vie d’un homme.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Marguerite

[Extrait de l'article "TUGPÉUA #23"]



Mââârguerîîîte, ce n’est plus toîîî, ceee n’eeest plûûûs tôôôn visâââge… Pardon.

Démarche audacieuse de la part des éditions Martin de Halleux ; Marguerite constitue le deuxième ouvrage de la collection 25 Images, qui mélange roman graphique et bande dessinée en proposant des albums de seulement vingt-cinq cases sans paroles. Ici, nous suivons la romance d’un jeune homme à la poursuite de la femme aimée dans le Paris des années 30.

Commençons par parler de l’objet. Le format change du tout-venant (à rapprocher, sans doute, de certains travaux décrits dans le chapitre VI de Publier la bande dessinée de Sylvain Lesage), la couverture cartonnée est recouverte d’une texture rugueuse rappelant le charme de l’artisanat, mais pour seulement 32 pages, disons-le, le prix de 22€ reste assez élevé. Je n’ai heureusement pas eu à dépenser un rouble pour ce livre grâce au dieu Babelio et ses opérations Masse Critique, que j’adore et que je vénère.

Ceci dit, les dessins sont animés par un amour et un sens du détail impressionnants : l’histoire n’est qu’un prétexte pour nous balader dans le Vieux Paris, mais aussi celui des socialistes, tous deux superbement retranscrits dans des milliers de détails sublimés par le noir et blanc grâce à l’encre de Chine (qui est, tous ceux qui l’ont utilisée un jour en conviendront, un véritable calvaire à manier). Marguerite se fait ainsi de la belle ouvrage, peu surprenante mais parfaitement exécutée.
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Fratelli

Le duel entre ces deux hommes étrangers à leur environnement, étrangers à leur monde sera sans surprises, violent, irrévocable, au milieu des brumes et des brouillards de ce nouveau monde qu’ils subissent sans le vivre. C’est un roman court d’une centaine de pages sans fioritures, sans suspense mais avec une ambiance à couper au couteau.

Jean Bernard Pouy a laissé de coté tous les effets de style pour se mettre au service d’une histoire de revanche, de vengeance, d’honneur, de liens de famille, de liens de sang ou du sang, avec une fin qui ressemble aux duels des westerns américains. Tout le livre se déroule dans la tête des protagonistes, fait d’impressions, de sensations, de souvenirs, de cauchemars, mais sans aucun doute sur leur objectif, sur leur avenir, sur leur destin.

Si l’on ajoute à cela les dessins / peintures de Joe Pinelli, tout en gris flouté, on en ressort imprégné d’un monde trouble, gris, où le monde n’est fait que d’impressions et jamais de claires images, de couleurs, d’espoir. C’est une fantastique illustration de ce monde d’après guerre, de ce monde qui parait si gris à Ercole et Emilio. C’est aussi une formidable rencontre entre deux artistes qui sont sur la même note, sur la même partition, pour le plaisir des yeux.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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Sous le vent

Figure phare (de la jument) du néo-polar francophone, Jean-Bernard Pouy nous gratifie en 2006 en collaboration avec Joe G. Pinelli d’un plaisant Sous le vent, l’histoire d’un breton qui, entre deux-guerres, embarque pour la Polynésie (mystère géographique, dans mes souvenirs, corroborés par la chronique de l’oncle Paul que j’ai consultée pour vérifier, le personnage ne va cependant pas exactement dans les Iles sous le vent, mais dans les Marquises « voisines »). Ce livre relève en plus d’un autre dada de Pouy, l’écriture sous contrainte qu’il renouvelle ici avec brio puisque ce n’est pas Pinelli qui illustre ses textes mais l’écriture de Pouy qui vient s’adapter aux pastels de l’illustrateur.



Cette critique est extraite d'un dossier sur la littérature maritime paru sur le blog R2N2
Lien : https://romancerougenouvelle..
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Marguerite

Je n'ai malheureusement pas été séduite ou transportée par cette "histoire" composée d'une succession de 25 illustrations en noir et blanc. Je dois pourtant reconnaitre le talent du dessinateur car à travers ses planches d'un Paris bondé en tout lieu, il réussit à nous faire entendre le brouhaha ambiant (place de marché, gare, manifestations...). Cependant c'est trop court pour être pleinement apprécié dans mon cas.
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Féroces tropiques

Une BD-peinture. Le travail remarquable de Joe Pinelli pour rendre l'oeuvre et la vie du peintre allemand Heinz von Furlau. Une aventure intérieure, une longue errance dans le XXe siècle des colonies et des deux guerres mondiales, une réflexion d'artiste qui cherche du sens à tout ce chaos et de l'amour dans les couleurs fortes, au-delà des mers et des barrières de la langue. Une peinture poétique et pacifiste.
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Féroces tropiques

La difficulté d’être un artiste allemand au début du 20ème siècle.



En 1913, le peintre Heinz von Furlau embarque à bord d’un navire de guerre allemand qui fait route vers la Papouasie. Jeune soldat, son rôle consiste à peindre ce voyage et rapporter ainsi un témoignage visuel de cette expédition colonialiste.







Arrivés sur place les soldats allemands, rapidement débordés par les autochtones défendant leurs terres, se voient dans l’obligation de battre en retraite laissant Heinz sur l’île. Contre toute attente, il sera recueilli par les Papous, deviendra l’un des leurs, trouvera une femme au sein de la tribu, et vivra des jours heureux dans ce paradis tropical.



Mais, en 1914, les troupes australiennes envahissent la Nouvelle-Guinée allemande. Ils déciment la tribu, capturent Heinz et le libèrent peu de temps après. A son retour en Allemagne, il est aussitôt renvoyé sur le front, c’est la Première Guerre mondiale.







En 1919, il tente de s’intégrer dans la nouvelle Allemagne. Mais se profile déjà le spectre du nazisme. Il reprend la route en 1923 et tente de retrouver la tribu qui l’avait accueilli quelques années plus tôt.











A la fois carnet intime, chronique de guerre et récit de voyage, l’histoire de ce peintre fictif se veut une réflexion sur le colonialisme, la guerre et leurs conséquences désastreuses sur l’homme. Le texte dialogue avec les peintures de Pinelli aux formes héritées du fauvisme et de l’expressionisme. Les changements d’ambiance graphique correspondent à des changements d’époque.







Un album dont les images submergent le lecteur le plongeant au cœur de la réflexion politique et artistique qui sous-tend le texte.
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Fratelli

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