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3.62/5 (sur 106 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saumur , 1971
Biographie :

Johan Bourret, frère de Romuald Bourret, est un écrivain français, né en 1971 à Saumur où il réside.

Son premier livre Quand les loups rôdent (L'Archipel, 1999) a été plébiscité par plus de 50.000 lecteurs et salué par la critique.

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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
- Assis! Gare à toi si tu bouges...baisse la tête!
Je grelottais. je fis ce que je pus pour ne pas trembler.
L'instrument couina sur ma nuque. Il attaqua l'occiput, qu'il dégagea en un rien de temps, puis les oreilles et les tempes. je voyais mes cheveux tomber autour de moi.
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7 septembre 1870, au matin
La pointe de la plume glissa sur le papier vélin et Marceline observa la ligne qu’elle venait de tracer. Assise à son secrétaire, la jeune femme trempa une fois encore le métal dans l’encrier, puis souligna le galbe de l’oreille, acheva la courbe du pavillon et accentua le pourtour du lobe.
L’artiste contempla son œuvre. La tête de Pauline apparaissait, la joue contre un coussin et les yeux clos. Marceline estima son dessin achevé. Elle inscrivit en lettres cursives le prénom de sa fille et souffla doucement sur le papier pour figer l’encre. La mode était au portrait-carte2, mais la jeune dessinatrice restait attachée à sa passion. Elle rédigea au dos un message en anglais : Père, Mère, j’espère que vous pourrez bientôt venir nous rendre visite en France. Votre petite-fille vous attend. Embrassez bien fort grand-mère. Louis et moi pensons à vous. Elle signa, nota l’adresse sur l’enveloppe et colla à l’endroit convenu la tête couronnée de laurier d’un empereur déchu. Le courrier partirait cet après-midi pour Londres.
La jeune femme soupira.
Confinée dans sa chambre à coucher où le repos lui avait été conseillé par un mari bienveillant, Mme Tessier égrenait les heures avec ennui. Pourtant, son visage respirait la fraîcheur ; les stigmates de la fatigue avaient disparu. Ses traits étaient semblables à ceux de l’autoportrait cerclé d’un cadre brun qui ornait le dessus d’un guéridon. Elle y posait, tête inclinée et chevelure couvrant le creux de l’épaule. Marceline observa Pauline endormie sur son couffin et dont la pose venait de lui inspirer l’esquisse à l’encre de Chine.
Au château de Marson, la lourdeur orageuse s’en était allée et les vendangeurs s’activaient sous un ciel redevenu bleu. L’arrivée tant redoutée des Prussiens se faisait attendre, mais, au dire des observateurs, ils ne viendraient pas. Louis avait laissé en évidence l’exemplaire du jour du Courrier de Saumur afin que Marceline en prît connaissance. Elle s’installa dans son voltaire et découvrit la une. La France vivait les premiers instants d’une IIIe République aux débuts tourmentés. La seconde nouvelle imprimée en bonne place était consacrée aux hostilités. Les généraux Trochu et Gambetta, craignant de voir Paris assiégé par les Prussiens, tentaient comme ils le pouvaient de réorganiser une armée en déroute. On évoquait également la fuite du prince impérial arrivé sain et sauf à Hastings en Angleterre et le départ en toute hâte de l’impératrice Eugénie qui avait quitté la France par bateau. Ce ne serait une surprise pour personne que mère et fils se retrouvassent en des lieux où ils se savaient estimés.
Marceline plia le journal et le laissa sur son secrétaire.
La porte grinça, la jeune femme se retourna et perçut dans l’entrebâillement un visage au regard amusé. Louis franchit le seuil, se décala et laissa place à Jeannette qui entra prudemment. L’adolescente tenait sur un plateau un verre évasé, orné d’une frise en grain de sel et rempli aux trois quarts d’un liquide rubicond. Marceline s’approcha de Louis :
— Alors, vous n’avez pas oublié ?
— Non, ma chère épouse. Je viens vous souhaiter votre anniversaire.
Il prit le verre et le tendit à sa femme, Jeannette s’en alla.
— C’est une nouvelle cuvée, dit-il.
Fixant son mari d’un air espiègle, Marceline huma le liquide, se mouilla les lèvres, avala une première gorgée et en but une seconde. Ses yeux roulèrent un instant, puis s’immobilisèrent.
— Étonnant, très étonnant…
— Vous plaît-il, au moins ?
— Il est excellent. Un bouquet délicieux, une vraie friandise.
— Je l’ai créé pour vous, lâcha-t-il non sans une pointe d’orgueil. La cuvée Spencer…
— C’est ainsi que vous l’avez nommé ? N’est-ce pas un peu trop ?
Les doigts de Louis se posèrent sur ceux de Marceline ; ensemble, ils tenaient le verre comme un objet précieux. Les deux corps se rapprochèrent.
— Ce sera la boisson préférée des dames…
Louis fit glisser son autre main le long du dos de Marceline et la paume s’attarda dans le bas des reins. Il donna à sa femme un premier baiser, la gratifia d’un second, se détacha pour en admirer la silhouette, l’empoigna et laissa courir ses lèvres sur la peau délicieusement parfumée du cou qui s’offrait à lui. Elle murmura gentiment, une main calée contre son torse :
— Il est un peu trop tôt pour me faire un deuxième enfant !
— Vous savez que la patience n’est pas mon fort !
Elle rit et ses dents blanches se dessinèrent finement sur une bouche aux courbes délicates. Louis constata que Pauline dormait à poings fermés. Étreignant toujours sa femme, il parla à mots couverts :
— Avez-vous lu les nouvelles ?
— Hélas, oui.
— Le peuple de Paris souffre déjà, mais si la capitale est assiégée, il connaîtra le pire.
Ils se détachèrent l’un de l’autre et Marceline posa le verre sur le guéridon.
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Nos idées, comme notre enthousiasme, nous nourrissent du meilleur. Nous fourmillons ! La Commune se pressent. Elle est inévitable. Le peuple de Paris est furieux, cette révolution éclatera à coup sûr. Nous serons là, mes amis et moi, pour mener cet appel à la justice. Je serai en première ligne
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Notre légende dit : qui sollicite le diable Boutifol est sûr d’être entendu. Je l’ai fait. Le diable m’est apparu, j’ai fait un pacte avec lui : ma vengeance contre mon âme. Je voulais anéantir le comte de Marson, responsable de notre malheur. J’étais jeune, naïf et, en ces temps, nous avions nos croyances. J’ai cru à la résurrection de ma sœur. Elle était revenue sur terre pour m’aider à obtenir justice. Nous avons fomenté un plan contre le comte et ses complices. Ce qui me tenait tant à cœur a fonctionné : je me suis vengé.
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Car elle les connaissait, ces gens-là, pour les avoir vus de près en nettoyant leur crasse, en ravaudant leurs bas et en lavant leurs culottes. Ils pouvaient se cacher derrière de beaux discours. Rien ne pouvait être dissimulé à la femme de chambre. Surtout pas la vérité de l’âme, celle des méchancetés dites avec des airs contrits où le mot, même plaisant, a des accents papelards. Les bourgeois se ressemblaient tous
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Après tout, il n’y a aucune honte à s’avouer vaincue. Rappelez-vous l’évangile : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. »
D’autres formules vertueuses furent dites pour étourdir davantage l’âme que l’on voulait soumettre.
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Il lui fallait être économe de ses mots, afin de ne pas paraître trop hardie. Car elle les connaissait, ces gens-là, pour les avoir vus de près en nettoyant leur crasse, en ravaudant leurs bas et en lavant leurs culottes. Ils pouvaient se cacher derrière de beaux discours. Rien ne pouvait être dissimulé à la femme de chambre. Surtout pas la vérité de l’âme, celle des méchancetés dites avec des airs contrits où le mot, même plaisant, a des accents papelards. Les bourgeois se ressemblaient tous. Cependant, elle savait y faire, Valentine : se taire au bon moment et dire ce qu’il fallait, quitte à passer pour une sotte.
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Pour l’avoir vu ailleurs, la servante connaissait ce mobilier et ses compartiments secrets. Il suffisait de pousser un petit ergot pour découvrir l’or et les bijoux, l’argent et toute la précieuse quincaillerie. Mais rien de cela ne l’intéressait, pas plus que les lettres de menaces ou de chantage, les amours illégitimes aux correspondances ardentes, les vices et les fantasmes inavouables du propriétaire. Quand elle découvrit dans le double fond d’une malle les jolis bas de soie, les corsets fanfreluchés, les gorgerettes et les délicieuses batistes, un mince sourire erra sur sa figure.
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Valentine garda devant elle les mains serrées sur la poignée de son bagage. C’était une petite valise défraîchie et ventrue, qu’une ficelle de chanvre entrecroisée sur son cuir maintenait fermée. Les Dartois tenaient l’étrangère sous l’interrogation aiguë de leurs yeux. Mais elle ne perdit rien de sa contenance. Elle patienta docilement, prenant soin de ne jamais affronter du regard ceux qui, avec une impudence soupçonneuse, lui sondaient l’âme et le corps.
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Je n’aime ni l’empereur ni les militaires. J’ai toujours su que le fusil d’un soldat pouvait tirer sur des femmes et des enfants. Savez-vous pourquoi votre « Napoléon » a déclaré la guerre à la Prusse ? Pour détourner le peuple de l’envie de se révolter ! Mais vous verrez, monsieur le général, cette guerre va au contraire raffermir les volontés. Et malheureusement, les injustices trouveront leur écho dans le sang des plus faibles !
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