Le mot Kung-fu ne s’applique pas seulement aux arts martiaux mais à toutes les activités qui nécessitent du temps et des efforts pour les maîtriser, qu’ il s’agisse d’entrainements physiques taoïstes ou d’une forme méticuleuse de préparation de thés fins, forme à peine modifiée depuis un millier d’années ou plus.
Lorsque l’esprit, libéré des entraves du passé et du futur, est totalement concentré sur « Ici et Maintenant », toute une série de plaisirs que perçoivent les oreilles, les yeux, le nez, le palais et l’état d’âme peuvent être savourés par deux ou trois personnes qui se sont réunies pour préparer et boire un thé excellent.
Poème à quel moment boire le thé
Texte original comprend 24 vers de 4 syllabes
— aux heures perdues
— lorsque la poésie vous ennuie
— que les pensées sont confuses
— lorsque l’ on bat la mesure en écoutant chanter
— lorsque la musique s’arrête
En Chine, le thé et la poésie sont toujours allés de pair; pour les Chinois, un livre du thé qui n’aurait ni poèmes ni chants ne serait guère un livre du thé !
Racontez des histoires qui finissent bien
Ou des contes de jadis.
Admirez la riche dentelle des feuilles et le parfum des fleurs.
De votre luth répondez aux chants des oiseaux.
Laissez les autres vous traiter à leur gré
Amis ou indifférents.
Lung-Ching (Le Puits du Dragon)
Maints connaisseurs chinois affirment que les grades supérieurs de ce thé vert délicieusement parfumé ne peuvent être surpassés nulle part dans le monde, pour leur couleur, leur arôme et leur parfum. [...] La toute meilleure qualité vient d'une région de la montagne appelée le Pic du Lion, où la cueillette se fait avant que chaque jeune pousse ait plus d'une feuille. Leur parfum est si délicat que les feuilles doivent être soigneusement emballées ou gardées dans des boîtes à thé totalement hermétiques car l'exposition à l'air en gâterait rapidement le parfum et l'arôme.
(p.115)
L'art du thé se passe d'art en ce sens qu'on le pratique le plus simplement et le plus librement du monde.
(p.199)
Pour tirer de l'art du thé la plus totale satisfaction, il faut avoir un état d'esprit spécial, identique à ce que les Bouddhistes appellent l'éveil. On y parvient lorsque l'on est attentif aux sollicitations des six sens : entendre, sentir, goûter, voir, toucher et être conscient. Une fois que cela est devenu habituel, il n'est plus nécessaire d'y penser.
(p.213 - ch.10 MANUEL POUR PRATIQUER L'ART SANS ARTIFICE - FAÇON HABITUELLE D'INFUSER UN BON THÉ - ATTITUDE A AVOIR)
Il est fort agréable - dans la mesure où l'on se sent à l'aise avec les personnes présentes - de boire en compagnie de vieux amis, de visiteurs peu exigeants qui aiment prendre les choses calmement comme elles sont et qui peuvent apprécier les plaisirs qu'on leur offre. Juste deux ou trois invités est le chiffre idéal.
(p.214 - ch.10 MANUEL POUR PRATIQUER L'ART SANS ARTIFICE - FAÇON HABITUELLE D'INFUSER UN BON THÉ - ATTITUDE A AVOIR)
L'hôte et ses deux ou trois invités s'assoient autour de la table. A la droite de l'hôte se trouvent la bouilloire, le réchaud et ses accessoires ; à sa gauche un récipient genre crachoir posé par terre (inutile s'il y a un "plat à thé" à deux étages sur la table). En face de l'hôte la petite théière sur son "bateau" qui est lui-même posé sur le "plat à thé" ainsi que les tasses qui doivent être placées tout près l'une de l'autre, du côté le plus éloigné du "bateau à thé". A la droite du "plat à thé" se trouvent la boîte à thé et le support pour la bouilloire ; à sa gauche le plateau avec la serviette pliée et la cuillère. Plus loin que le "plat à thé" se trouve le "plat à tasses" qui pour le moment est vide.
Lorsque "le couvercle de la bouilloire se soulève et que montent les nuages de vapeur", le moment magique de l'infusion est arrivé. Alors le maître du thé peut faire montre de son art.
(p.222 - ch.10 MANUEL POUR PRATIQUER L'ART SANS ARTIFICE - L'EXTRAORDINAIRE PRÉPARATION DU THÉ KUNG-FU - DISPOSITION)