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Citations de John Stoltenberg (34)


La sexualité patriarcale est centrale à la pornographie et la pornographie est centrale à la sexualité patriarcale. La pornographie institutionnalise la sexualité qui incarne la suprématie masculine et l’instaure dans un même mouvement. […] La pornographie nous dit de cette sexualité « Voici à qui le faire » : la voici, celle à qui tu dois le faire et voici qui elle est : ta pute, ta salope, ta chose ; ton pénis est une arme, son corps est ta cible. Enfin, la pornographie nous dit de cette sexualité : « Voici pourquoi » : parce que les hommes sont les maîtres, les femmes sont les esclaves ; les hommes sont supérieurs, les femmes sont subordonnées ; les hommes sont réels, les femmes sont des objets ; les hommes sont des automates sexuels, les femmes sont des salopes.
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La pornographie a aussi pour effet d’érotiser la suprématie masculine. Elle fait vivre la dominance et la subordination comme du sexe, elle fait vivre la hiérarchie comme du sexe, elle fait vivre la force et la violence comme du sexe, elle fait vivre la haine et le terrorisme comme du sexe, elle fait vivre l’inégalité comme du sexe. La pornographie rend le sexisme "sexy". Elle fait du sexisme un contexte nécessaire à l’émotion sexuelle pour certaines personnes. Elle veille à ce que toute réciprocité vous fasse débander, à ce qu’une relation de respect mutuel vous laisse froid. […] Elle fait de la justice le contraire de l’érotisme et de l’injustice, un aphrodisiaque.

p. 179
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Le sexe n'est pas quelque chose que l'on fait à quelqu'un. Le sexe n'est pas un verbe transitif à sens unique, ayant un sujet, vous, et un objet, le corps avec lequel vous vous trouvez. Le sexe réciproque, ce n'est pas faire x et se faire Y, c'est être avec et ressentir avec.
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Lorsque nous parlons de suprématie masculine - et aussi de suprématie blanche - , une des choses dont nous parlons en réalité est l'abandon de toute éthique auquel s'autorisent les gens de la classe dominante dans leur traitement des gens qui n'en font pas partie. Son sentiment de ne pas avoir à rendre de compte au plan éthique - son désintérêt pour la façon dont son comportement affecte les autres - est un élément clé de l'identité sexuelle et raciale qu'il réussit ainsi à ressentir. Et c'est aussi le procédé majeur qui permet le maintien du système de classes - de sexe et de race - dans les relations interpersonnelles.
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La fierté à laquelle nous aspirons n'est pas d'être "des hommes" mais d'être "des hommes qui..." - des hommes qui vivent leur vie d'une façon qui changera le monde.
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D'une façon relativement analogue, des blancs et des blanches ont compris que grandir avec la peau blanche aux Etats-Unis, c'est devenir une personne raciste et que, soit l'on fait quelque chose et l'on s'efforce concrètement d'être antiraciste, soit l'on est raciste. C'est un choix, et éviter ce choix, c'est choisir d'être raciste.
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La vérité [...] est loin d'être aussi accessible que la réalité [...] La vérité est absolue en ce sens qu'elle existe réellement et [...] l'humanité a pour projet de la trouver afin que la réalité puisse prendre assise sur elle. (Dworkin 1981)
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La liberté se situe toujours en aval de la justice. Cela est parfaitement compris - sauf en matière de sexe.
Dans notre pays, l'idée courante de liberté sexuelle n'a jamais signifié justice sexuelle. Les partisans de la liberté sexuelle n'ont défini cet enjeu qu'en termes d'accès à du sexe libre de toute répression ou de limite. Concrètement, cela s'est traduit par un plaidoyer pour une sexualité libre de toute ingérence institutionnelle, libre de la contrainte des idéologies juridiques, religieuses et médicales, libre de toute intervention extérieure. A un niveau plus personnel, la liberté sexuelle a signifié une sexualité sans peur, sans culpabilité et sans honte - ce qui, en pratique, à signifié la promotion d'une sexualité libre de jugements de valeur, libre de toute responsabilité, conséquence ou éthique. Bref, une activité sexuelle essentiellement débarrassée de toute obligation à considérer l'autre comme une personne. Pour débarrasser le sexe de la peur, de la culpabilité et de la honte, on a dit qu'il fallait abolir les interdits sexuels institutionnels, alors que la cible qu'on voulait réellement démanteler était tous les vestiges d'une éthique où chacun serait réel l'un pour l'autre. Parce que dès que nous assumons cette réalité réciproque, les conséquences de nos actes acquièrent une importance profonde et personnelle; et, particulièrement dans le cas du sexe, on risque de ressentir nos actes comme désagréables du fait de ne pas les ressentir comme justes. Il importait donc d'abolir toute cette dimension d'affect moral de la sexualité. Et cette abolition a eu lieu, sous prétexte de s'en prendre à une censure institutionnelle.
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[...] la pornographie est sans doute la source d'information la plus fiable dont nous disposons sur l'identité sexuelle masculine, la sexualité qui la renforce et les valeurs qui la structurent.
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John Stoltenberg
Aussi marginal que l'on se sente face à la "masculinité authentique", cela n'a aucune importance. Ce qui en a, c'est notre for intérieur - et comment l'on vit, comment l'on traite les gens, ce que l'on peut apporter au monde lors de notre passage sur cette Terre, avec quelle honnêteté on aime et avec quel soin on fait des choix. Voilà ce qui compte réellement. Pas le fait d'être un vrai homme. Il n'existe rien de tel.
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Les parallèles moraux et politiques entre le refus d'être un homme et l'abolition de la blancheur sont à la fois étonnants et évidents. Ainsi le passage suivant tiré de la même revue abolitionniste [Race Traitor], est également tout à fait censé si on le comme un argument radical féministe masculin:
Les règles du club blanc [du club des hommes] ne nécessitent pas que tou·tes ses membres soient des adeptes de la domination blanche [la domination masculine], mais simplement qu'ils et elles se plient aux préjugés des autres. La nécessité de maintenir la solidarité raciale [la solidarité de classe de sexe] impose une conrormité étouffante aux blanc·hes [aux hommes] sur toute question touchant de près ou de loin à la race [au sexe].
La façon d'abolir la race blanche [de refuser d'être un homme, d'abolir le principe masculin] est de perturber cette conformité. Si suffisamment de gens qui paraissent blancs [qui paraissent masculins] dérogent aux règles de la blancheur [du masculin], leur existence ne peut être passée sous silence. S'il devient impossible pour les tenants des règles blanches [règles du masculin] de parler au nom de tous ceux qui paraissent blancs [masculins], la race blanche [la classe masculine de sexe] cessera d'exister. [...] Combien faudra-t-il être? Personne ne peut le dire à coup sûr. C'est un peu comme le problème de l'argent: combien faut-il de fausses monnaies en circulation pour détruire la valeur de la monnaie officielle? La réponse est: bien moins que la majorité, juste assez pour miner la confiance du public dans la version officielle (Race Traitor 1994: 36-37).
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On prétend souvent que l'avortement est en soi une expérience émotionnelle dévastatrice pour les femmes ; les militants antiavortement menacent souvent les femmes de futurs problèmes psychiques. Mais une étude menée auprès de trois cent vingt-neuf femmes ayant avorté à Philadelphie laisse émerger un portrait très différent. Même si "la plupart des femmes ont vécu leur avortement avec un certain degré d'émotion conflictuelles", la majorité des répondantes ont déclaré que leur sentiment dominant était "un soulagement que l'avortement ait eu lieu". Détail significatif, cette étude a mis en évidence l'effet crucial des attitudes masculines sur le ressenti des femmes vis-à-vis de leur expérience de l'avortement. Selon la chercheuse Ellen Freeman, de la faculté de médecine de l'université de Pennsylvanie : "Les femmes étaient fréquemment plus soucieuses de leur relation avec leur partenaire masculin que de tout autre aspect de l'avortement. Elles avaient besoin de leur partenaire et cherchaient à les intégrer à l'expérience. Dans presque tous les cas où les répondantes ont vécu une détresse émotionnelle marquée, c'était par manque de soutien émotionnel de leur partenaire" (Freeman 1978 :150-155)
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La réalité du couple est que les hommes exercent une influence déterminante sur les pratiques contraceptives et les choix reproductifs des femmes. Presque tous les hommes contrôlent au quotidien la fécondité des femmes qui leur sont proches, de la même façon dont ils contrôlent d'autres aspects de la vie des femmes : en déterminant les limites à ne pas franchir pour rester "à l'abri" de leur colère, une colère appuyée par la force. Sachant que son partenaire peut lui rendre la vie impossible si elle transgresse, si elle contrevient à sa volonté d'une façon ou d'une autre, elle opte alors pour un moindre mal.
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On a demandé à ces jeunes s'ils étaient d'accord avec la phrase "C'est normal de dire à une fille que tu l'aimes simplement pour arriver à baiser avec elle." Sept hommes sur dix ont affirmé que oui. On leur a demandé s'ils étaient d'accord avec la phrase : "Un gars devrait utiliser une contraception le plus souvent possible" Huit répondants sur dix se sont dits en désaccord, déclarant qu'un gars n'avait pas à faire ça. Et à la question "Si une fille tombait enceinte à cause de moi, je voudrais qu'elle avorte", presque neuf hommes sur dix ont répondu que non, qu'ils ne voudraient pas qu'elle avorte.
Ces jeunes hommes manifestaient un consensus : la tromperie en vue de l'accès au coït, c'est normal ; l'irresponsabilité masculine en contraception, c'est normal ; mais l'avortement, c'est pas normal, "parce que c'est mal" (The Family Planner 1977)
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Les sentiments de ces hommes sont apparus clairement : les seules situations où une majorité d'entre eux auraient accepté l'avortement étaient la mauvaise santé de l'épouse, son viol, ou la possibilité d'un enfant déformé - en d'autres mots, en cas de marchandises avariées.
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Comme les autres personnes nées avec un pénis, je suis né dans un système de classes de sexe qui requiert chaque jour ma collaboration, même dans ma façon d'avoir des rapports sexuels. Personne ne m'a dit, quand j'étais plus jeune, que je pouvais avoir des rapports sexuels sans coït et que ce serait bien. En fait, beaucoup mieux que bien. Personne ne m'a parlé de la gamme incroyable d'autres possibilités érotiques de faire l'amour dans la réciprocité - y compris se frotter l'un à l'autre, puis avoir des orgasmes l'un contre l'autre, compris des orgasmes multiples sans éjaculation, y compris le sentiment qu'on éprouve quand l'endroit -même minuscule - où l'on se touche devient une fenêtre par lequel de grande marée et des orages de passion déferlent, dans un sens comme dans l'autre.
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Lorsque vous utilisez la sexualité, le sexe, pour avoir une identité sexuelle, vos pratiques sexuelles risquent de vous écœurer de vous-même. Mais quand vous avez un rapport sexuel qui n'est pas une lutte contre votre partenaire en vue d'une performance de "vraie virilité", ce rapport a de meilleures chances de vous rapprocher.
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Des hommes ostensiblement partisans de la non-violence ont refusé d'envisager l'idée même que la guerre et le militarisme étaient des fonctions de la violence sexuelle masculine -et que la violence sexuelle masculine est une fonction de la suprématie masculine. Alors même qu'ils épousaient des formes de non violentes, équitables et non hiérarchiques d'organisation sociale, ces hommes ont continué à se comporter envers les femmes de façon phallocrates. Il devient clair qu'ils ne s'intéressaient qu'à des réaménagements du pouvoir des hommes entre eux, mais non par quelque changement fondamental des relations des hommes avec les femmes. Et beaucoup de femmes qui avaient exercé des rôles de premier plan dans le mouvement pour la paix au Vietnam ont vu qu'en consacrant leur vie à un mouvement de changement social aux conditions définies par les hommes, elles avaient été trompées et trahies.
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Le fils sera témoin de la violence du père contre son épouse -une fois ou cent, peu importe, une fois suffit- et le fils sera terrorisé et impuissant à la défendre. Puis le père dirigera sa colère contre le garçon lui-même, un accès de rage incontrôlable, vengeresse, semblant sortir de nulle part, une punition totalement disproportionnée en regard des quelques règles dont le garçon connaît l'existence -une fois ou cent, peu importe, une fois suffit - et le garçon sera interdit de souffrance à se demander pourquoi a mère n'a pas empêché cela. Dès ce moment, la confiance du garçon envers la mère s'étiole, et le fils appartient au père pour le reste de sa vie.
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"Nous sommes [...] une espèce multisexuée." J'ai lu ces mots por la première fois il y a un peu plus de dix ans - et cette reconnaissance libératrice m'a sauvé la vie.
J'ai su durant toute ma jeunesse qu'il y avait quelque chose de vraiment problématique dans mon rapport au principe masculin. Dans mon for intérieur, je n'ai jamais vraiment cru être tout à fait masculin -je n'ai jamais cru que je devenais suffisamment un homme. Je croyais qu'il existait quelque part, chez d'autres hommes, quelque chose qui était la vraie masculinité américaine - le produit authentique - mais moi, je ne l'avais pas, ou du moins pas suffisamment pour me convaincre moi-même, même si j'arrivais à être relativement convaincant pour mon entourage. J'avais l'impression d'être un imposteur, un faux. Il était pénible de ne pas me sentir assez masculin, et je n'avais alors aucune idée à quel point je n'étais pas le seul à vivre cela.
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