Joël Azara

Paris, 30 février 1966, le professeur Keinbeerfurmich de l'université de Schmol, revenu parmi nous après 26 années de patientes recherches dans le désert de Gobi, donne une conférence sur l'antiquité grecque...devant une assistance nombreuse et passionnée...

Plongeons-nous en pleine Perse antique, en 486 avant...avant...avant...Aristote !

Le roi Darius 1er meurt d'indigestion au banquet commémorant son 49ème anniversaire.

Après de grandioses funérailles, son fils Xerxès 1er monte sur le trône et décide de réaliser le rêve de feu son père : la conquête de la Grèce !

La plus formidable expédition que l'Histoire ait jamais connue se prépare 4 années durant.

Une immense armée est bientôt réunie.

Une flotte de 1207 navires est prête à appareiller.

Cependant, un espion grec, caché dans le camp perse, prend des notes....

Parue à la fin de l'été 1965, dans le journal "Pilote", cette vingtaine de planches délirantes, racontant la conquête de la Grèce par les Perses, n'a jamais fait, à ma connaissance, l'objet d'une transposition en album.

Et c'est bien dommage !

Les dessins sont signés Ernest Azara derrière lequel se cache Jo-El Azara derrière lequel se cachent, entre autres personnages de légende nippone ou de capes et d'épées, Taka Takata et Gaëtan de Chateaubleu, cavalier maladroit et escrimeur lamentable, qui voulait devenir mousquetaire....

Le scénario est de Michel Crespin...

La fantaisie est de rigueur. L'Histoire est à la fête.

Au terme de son extraordinaire conférence, après avoir y avoir mis le point final en contant comment prit fin le rêve grandiose et démesuré de Xerxès 1er, le professeur Keinbeerfurmich remercie son auditeur de l'avoir écouté jusqu'au bout et prend congé...

L'Histoire prend parfois de ses détours !

Cette leçon magistrale et quelque peu décalée, déclinée dans "Pilote" sur quatre fois quatre planches dans les numéros 304, 305, 306 et 307 parus en août et septembre 1965, est un véritable plaisir...

Corona, à l'ouest des palissades, dans l'état du Sud-Dakota, tout est calme, désespérément calme depuis la fondation de la ville, cinq mornes années plus tôt.

Corona ne s'éveille à peine que le samedi soir, lorsque indiens et "settlers" viennent y faire leurs menus achats.

Ce samedi-là, le shériff, partant en vacances, laissait son bureau, l'insigne qui le ferait respecter de ses concitoyens et ses dernières recommandations à son adjoint, Mayflower, qui se promettait bien, lui, de profiter du bureau agréable et du fauteuil confortable.

Pourtant pendant ce temps, deux cavaliers pénétraient dans la ville.

Si vous voulez mon avis, ce n'étaient pas d'honnêtes travailleurs.

Je n'ai pas l'impression que c'est dans le canon de leurs révolvers qu'on aurait trouvé des champignons !

S'ils avaient voulu ouvrir un commerce, ils auraient dû apprendre à sourire.

Effectivement, Jimmy doigt de fer et Pastèque ont volé assez d'argent pour se retirer des affaires pendant de longues années.

Ils cherchent un endroit calme pour partager leur butin.

Mais en entendant certaines réflexions, Jimmy doigt de fer, a la gâchette toute gonflée....

Mayflower, l'adjoint de Corona, malgré toutes les apparences, se révèle pourtant être l'homme de toutes les situations, lorsque les hommes de P.P. Morgan veulent obliger le vieux Old Body à vendre sa ferme, lorsque Jimmy doigt de fer et Pastèque enlèvent le shériff, lorsque ce dernier est capturé par les indiens....

"Mayflower, l'adjoint de Corona" est je crois la première réalisation de Jo-El Azara dans "Pilote", le grand magazine des jeunes de l'an 2000.

Ce Sancho Pança de l'Ouest ne fera que quelques brèves apparitions dans le journal, y marquant, cependant, par son originalité, son passage d'une manière inoubliable.

"Mayflower" est un western humoristique empreint d'une fantaisie débridée.

C'est un bon souvenir pour les anciens lecteurs du journal d'Astérix et Obélix.

Le défi quotidien du technicien supérieur en méthodes et exploitation logistiques est de jongler entre planification, gestion des flux et management.

Sacré programme !

Parfois, le technicien aurait bien besoin d'une petite pause.

Mais que faire pendant ce court instant de détente ?

Entre le café et son demi sucre, l'ennui le guette !

Heureusement Claude Carton et Jo-El Azara lui ont concocté une "Histoire mondiale du transport et de la logistique" qu'il va pouvoir feuilleter à loisir en salle de pause.

C'est de la bande-dessinée ... et de la bonne !

Si produire est vital, transporter l'est tout autant.

Aujourd'hui, comme avant-hier, sans les transports, les échanges économiques n'existeraient pas.

Et Nicolas-Toussaint Mory, devenu héros de papier, va entreprendre de nous raconter l'Histoire du transport, de ses origines à la révolution française.

Mais Attention !

Pour ceux qui, déjà, au fond de la classe, redouteraient une docte leçon de choses, je précise que cet album en 64 planches est instructif mais drôle, bien documenté mais drôle et sérieux mais drôle.

Car Jo-El Azara est un dessinateur malicieux.

Et il ajoute son grain de sel, son style inimitable et son grand talent à la leçon !

Chaque planche traite d'un sujet différent.

La première relate "la création du monde".

La dernière ouvre, en 1789, une ère nouvelle pour le monde du transport et de la logistique.

Le dernier dessin de chacune des planches fait souvent référence au XXème siècle.

C'est rappeler que même si les techniques évoluent, les principes fondamentaux restent immuables.

L'album est à l'usage des bons élèves et des autres.

Il est magnifique.

Le dessin est plein d'humour, de détails et de références.

On y croise quelques invités de marque :

- Dieu, Adam et Eve, Noé, Zeus et Ulysse, Henry de Monfreid, Icare, Napoléon et Hitler, Alexandre le grand, Obélix, Marco Polo, Corto Maltese, Christophe Colomb, l'infâme Iznogoud, Eliot le monstre du Loch Ness, Gaston Lagaffe et bien d'autres ... dont l'illustre illustrateur qui se caricature ! -

Chaque nouvelle lecture de l'album est une redécouverte.

Depuis sa parution, en 1989, il n'a pas pris une ride.

Et le plaisir reste intact ...

Evariste Confus est un drôle de personnage dont les aventures burlesques vont être racontées, en 1964 et 1965, sous la forme de onze récits en quatre planches, dans les pages du journal de Tintin.

Evariste confus sort tout droit de l'imagination de Jo-El Azara.

C'est un petit bonhomme insignifiant, coiffé d'un chapeau melon.

Il porte une moustache ridicule et un complet aux couleurs mal assorties.

Il affiche en toutes circonstances un air morne et inexpressif.

Il est au service du roi Willi XIV, à Kartoffelheim la perle du Frittland, et répare parfois les bêtises du jeune kronprinz Apfel.

Il est détective, mais à certaines occasions il peut être directeur du temple rénové de l'art musical, et à d'autres il se révèle un organisateur original d'animations sportives.

Il participe même au grand jumping équestre annuel de la principauté...

Disons le sans ambages Evariste Confus n'est pas Philip Marlowe.

Il serait plutôt un lointain cousin de mister Magoo !

D'ailleurs il intervient très peu dans les péripéties auxquelles il assiste, se bornant souvent à donner un bref avis ou à ponctuer d'un bon...ou moins bon mot.

Il fut pourtant, un jour, porté en triomphe par la population en liesse, à la fois comme le véritable prophète de l'art d'avant-garde et comme le vrai rempart de la tradition !

"Les aventures d'Evariste Confus" n'ont jamais été, à ma connaissance, transposées en album.

Pourtant, ces courts récits, sans être de véritables chefs-d’œuvre du neuvième art, sont savoureux, pleins de fantaisie et de tendresse.

L'humour et le talent de Joël Azara font de ces petites chroniques un de ces moment précieux de gaieté sans prétention dont on a souvent tant besoin...

Gaétan de Chateaubleu, avec la bénédiction de son père, quitte sa province.

Il est un cavalier lamentable, un escrimeur maladroit, il ne vivra donc pas longtemps

...à moins d'être lâche en toutes circonstances.

Mais comme il a mauvais caractère, le pire est à craindre !

Heureusement Sigismond, le vieux valet, lui révèle la botte secrète des Chateaubleu qui lui permettra d'interrompre le combat sans avoir rien perdu, fors l'honneur.

En chemin, dans une auberge, il rencontre le duc de Mendirez des Nouvelles, l'affronte et repart avec une lettre destinée au roi qui lui ouvrira les portes du Louvre.

Mais il bouscule deux mousquetaires, Parnas et Patras....

Le scénario est signé J.P. Chappuis et les dessins réalisés par Jo-El Azara.

Ils revisitent avec talent et humour la légendaire chronique de D'Artagnan et des trois mousquetaires.

On a accusé longtemps Alexandre Dumas de violer l'Histoire.

Ce récit en fait la preuve !

Les trois mousquetaires n'étaient vraiment que trois.

Pourtant un fourbe sans intérêt, un certain Aramis, essaie, à plusieurs reprises, de s'incruster...

Mais la lignée des Chateaubleu ne s'est pas éteinte avec le lamentable Gaétan.

Et pour éviter le navrant énoncé des tristes exploits des Chateaubleu à travers les âges, les deux auteurs ont coupé court.

Changeant brusquement de décor, ils présentent le dernier descendant de la famille.

C'est un homme du 20ème siècle.

Il a choisi l'intrigue, les affaires d'état pas très claires. Il est espion.

C'est le redoutable YXZ....redoutable ?.....

Ce deuxième récit, plus court, un peu moins réussi, est tout de même savoureux.

Et l'ensemble de l'album, réalisé en noir et blanc, est un régal de fantaisie, un festival de bons mots et de clins d'oeil.

Je me souviens du Journal Tintin au milieu des années 70 que je recevais toutes les semaines par la poste, je commençais toujours par les histoires en une page, Robin Dubois, Cubitus, La Tribu Terrible, Taka Takata... J’ai rouvert un album de Robin Dubois récemment, et la magie n’a pas opéré, l’humour n’est pas d’une grande finesse, j’ai à peine esquissé un sourire, et cette fois-ci, avec Taka Takata, le résultat est encore plus décevant, pour ne pas dire gênant. L’humour est loin d’être fin, c'est juste du burlesque sans finesses, de plus la vision des japonais est caricaturale et à la limite raciste, même l’effet madeleine de Proust ne parvient pas à me titiller, je n’ai pas ri une seule fois. Est-ce que ça a mal vieilli ? Ça me semble évident. Mais est-ce que ça me faisait rire à 10 ans ? Je n'en suis pas certain non plus.

Taka Takata est un brave coeur tout pétri de vaillance.

D'un mot*, sans hésiter, il s'est porté volontaire pour une opération de survie à Hokkaïdo, la plus septentrionale et la plus sauvage des îles nippones ...

Taka Takata est un honorable deuxième classe de l'armée de l'air mais il est tellement myope qu'il est incapable de distinguer un porte-avions d'un kiosque à journaux !

Heureusement Rata Hosoja, son honorable colon, est toujours avide de faire goûter, à ses vaillantes troupes, le nectar capiteux de la gloire ...

Cet honorable album est paru en 1974.

Les dessins sont réalisés par Jo-El Azara et le scénario est signé de Vicq.

L'album est constitué de deux courts récits de six et sept pages et d'un peu plus d'une vingtaine de "bévues" en une planche.

Rasant parfois les hautes altitudes de l'absurde, Taka Takata nous invite à découvrir, avec humour et malice, le Japon, un peu tel qu'il est et beaucoup tel qu'on se l'imagine.

Son univers est très militaire et pourtant si délicieusement antimilitariste.

L'adjudant Hate Jojo est une honorable baderne semblable à bien des points de vue à celles qui fleurissent dans nos casernes !

Les personnages sont savoureux :

- le vénérable Aïnos est un honorable sauvage. Vivant dans la terrible forêt du Hokkaïdo, il n'ignore pourtant rien des derniers raffinements de la civilisation ...

- Toushpa Hamamoto est l'honorable ministre des armées et l'objet d'un cruel dilemme pour le colonel Rata Hosoja ...

- le méprisable Chang Poueng, surnommé "le tigre aux crocs vénéneux, est un abominable pirate sans foi, ni loi ...

- Mâchoire d'Or est un vil espion, expert en gadgets ...

Malheureusement, l'on ne fait qu'apercevoir l'honorable demoiselle Mandarine Odorante ...

Cet album est une véritable réussite.

Il se redécouvre chaque fois avec autant de plaisir ... et peut trouver un vénérable prolongement dans la découverte du site "Takata.com" qui fête actuellement les 50 ans de l'honorable "deuxième-pompe" nippon ...



*"Hic", qu'il n'a pas pu s'empêcher de prononcer car il avait le hoquet !

La base de Kikabumonkakao est devenue pareille au dépôt d'un ferrailleur en gros !

Il y règne un désordre un peu négligé !

Boursouflé de peur, le colonel Sakasaké, son commandant, s'y camoufle.

Héroïquement ainsi qu'il sied à un parachutiste, il s'y dissimule.

Une monstrueuse créature, invisible, haute de cinq mètres au moins, s'en prenant plus spécialement aux hélicoptères, s'est acharné sur les installations.

Mais, pas de panique, Taka Takata et son honorable colonel Rata Hosoja se font fort de résoudre le mystère du "caméléoscaphe" ...

Le scénario est de Vicq et les dessins sont réalisés par Jo-El Azara.

Entre 1965 et le début des années 80, Taka Takata, le petit soldat japonais malicieux, va devenir un personnage emblématique du journal de Tintin.

"Le caméléoscaphe" est une aventure contée en en trentaine de planches.

C'est du burlesque, de l'humour à grosses ficelles mais qui fait immanquablement sourire.

De plus quelques références viennent pimenter l'ensemble :

- un "Pilote" qui s'amuse, contrairement au journal du même nom, à ne pas réfléchir,

- un méchant dont la seule évocation du nom "Mâchoire d'Or*", rend friables les os des plus braves,

Le récit principal est suivi de deux plus courts à la lecture desquels l'honorable lecteur s'usera les incisives en les claquant d'effroi.

Mais il lui restera ses molaires pour rire à dents déployées aux gags en une planche qui font la fin de ce succulent album.

Le format très court est peut-être mieux adapté à ce genre d'humour mais c'est tout de même toujours avec beaucoup de plaisir que l'on retrouve Taka Takata ou les autres personnages de l'univers d'Azara.

Pour ma part, j'ai un faible pour "Mayflower", l'adjoint de Corona que l'on a pu découvrir, au début des années 60, dans le journal d'Astérix et Obélix ...



* "l'homme aux dents d'or" est Roman Orgonetz, un terrible espion se vendant au plus offrant, à qui Bob Morane a infligé plus d'une cuisante défaite !

Jo-El Azara, vit toujours dans le Gers et a fêté ses 85 ans.

Cet album auto-édité par Azeco à Artiguedieu, Gers en Gascogne a été imprimé à la SIA de Lavaur que j’ai un temps beaucoup fréquenté.

Azara (de son vrai nom Joseph Franz Hedwig Loeckx) est un très grand du monde de la BD ayant travaillé avec Hergé, je l’ai rencontré pour sa reprise d’un héros que j’aime beaucoup : Clifton de Raymond Macherot avant de faire la connaissance de son comparse l’honorable Takata.

Humour décalé et absurde, surréalisme et bêtise hiérarchique poussée à son paroxysme font de Takata, un personnage totalement unique qui parle encore plus à celui qui a subi son service militaire sous les ordres de quelques névrosés déguisés en sergents ou capitaines.

Histoire de Taka Takata, valeureux soldat de 2ème classe du 4ème groupe aéronavale nippone.



Le seul problème, c'est que notre héros est myope comme une taupe et pas d'un grand courage. Mais au fil des histoires, même lorsqu'il est volontaire (forcé), il fait preuve de courage et de compétence digne d'un soldat.

Histoire de Taka Takata, valeureux soldat de 2ème classe du 4ème groupe aéronavale nippone.



Le seul problème, c'est que notre héros est myope comme une taupe et pas d'un grand courage. Mais au fil des histoires, même lorsqu'il est volontaire (forcé), il fait preuve de courage et de compétence digne d'un soldat.

Un petit "bidasse" Nippon et gaffeur. Un bon souvenir d'enfance.

Histoire de Taka Takata, valeureux soldat de 2ème classe du 4ème groupe aéronavale nippone.



Le seul problème, c'est que notre héros est myope comme une taupe et pas d'un grand courage. Mais au fil des histoires, même lorsqu'il est volontaire (forcé), il fait preuve de courage et de compétence digne d'un soldat.