Il était certain que l’argent était monté à la tête de certains. L’argent... toujours l’argent. Elle-même n’avait que ce mot en tête. Alors que les trois quarts des personnes présentes ici se demandaient comment ils allaient le dépenser, elle se demandait si un jour elle serait capable de le garder sur un compte en banque. Son rapport avec l’argent était à l’opposé de celui de tout ce beau monde. Tout ce qu’elle voyait, c’était que le mot « argent » était un mot qu’il fallait associer au mot « survie ». Elle se battait pour celle-ci avec tant de peine que cela en était devenu un crédo de vie. Chaque fin de journée se résumait à combien elle avait gagné et ce qu’elle pourrait payer avec. Bien évidemment, ce n’était pas pour du shopping, un loisir ou un plaisir culinaire. Tout ce qu’elle gagnait c’était pour des besoins primaires : son loyer, ses factures, bref les dépenses courantes.
...se lier avec une femme n’était pas dans sa philosophie tant qu’il n’aurait pas quarante ans, pour ce qui était d’Ethan, ils avaient tous pu constater que c’était par dépit, comme s’il n’avait pas le choix. Comme si vivre avec une femme était une chose aussi grave qu’impensable. Elles étaient juste là pour satisfaire ses besoins physiques et éprouver des sentiments était impossible pour lui. Ils avaient vu nombre de filles passer dans ses bras, certaines méritant la palme d’or de la compréhension et du relativisme, mais aucune ne put l’attraper réellement.
Il était homme qui aimait se payer du bon temps, de quelques manières que ce soient. Tout lui était dû. Faveurs, femmes, caprices étaient son quotidien. Se moquer des gens, les piquer dans leur estime était un jeu vicieux dont il se délectait. Mais il était aussi un riche investisseur, ce qui le rendait intouchable. Obtenir son argent était à la portée de celui qui lui cirerait les bottes le mieux.
Quand je n’apprécie pas quelque chose, je le dis. Elle a un culot énorme ! Déjà hier soir, elle m’a ridiculisée en mettant en avant sa volonté de faire de cette maison un refuge dont elle serait la gardienne, comme si elle était un élément central de ta vie ! Et elle ose me le dire à moi, ta petite amie, qui est censée être la seule chose qui compte pour toi ! Elle n’a eu que le retour de bâton.
Elle semblait complètement à sa merci et pourtant son charme naturel agissait sur lui tel un rempart. Il n’osait bouger. C’était elle qui, même endormie, avait une influence sur lui. C’était à la fois déroutant, mais hypnotisant. Plus il l’observait, plus il aimait la regarder. Elle semblait vulnérable et pourtant si sereine, appuyée sur son épaule. Lui-même trouvait cette situation apaisante.
Une femme a la liberté de choisir elle aussi. Le choix de s’enchaîner à quelqu’un est une grande preuve pour l’autre de respect et d’abnégation. C’est une marque d’appartenance qu’elle donne parce qu’elle estime que son homme le mérite. Malheureusement, peu d’hommes s’en rendent compte et pensent que tout est acquis. Votre liberté n’est que superficialité à côté de celle d’une femme.
Elle savait qu’elle avait un physique avantageux et que la référence à la célèbre actrice n’était pas anodine, mais cette comparaison l’agaçait. Elle avait toujours voulu prouver qu’elle valait plus que ça. Elle voulait briller par sa capacité d’analyse, sa réactivité, son aisance à débattre de sujets délicats, ses compétences à gérer les états de crises.
Être serveuse avait ses avantages. On savait tout de tout le monde en passant entre les gens avec des coupes de champagne. Elle pourrait devenir rédactrice en chef d’un journal à potins en une soirée ! Untel avait trompé sa femme avec la fille d’untel, mais qu’il ne fallait surtout pas le répéter car cela pourrait faire chuter les cours de la Bourse.
Se reposer, se ressourcer devant un bon livre, dormir au calme, passer sa journée devant la télévision. Il ne savait pas faire tout cela. La solitude le stressait davantage que d’être avec les autres. Mais à quel prix ? Il n’était finalement que l’ombre de lui-même.
On peut vous faire croire n’importe quoi. Il suffit d’un tout petit détail déclencheur et vous en faites un tsunami. C’est impressionnant. Très effrayant. Amusant aussi. Aussi mignon que déconcertant. Je me demande jusqu’où on peut vous mener en bateau.