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4.15/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Suède
Né(e) à : Södermanland , le 13/11/1907
Mort(e) à : Stockholm , le 08/04/1948
Biographie :

Josef Bertil Kjellgren est un auteur et dramaturge.

Ancien marin, autodidacte, il fut le type même de l'écrivain prolétarien suédois. Il a été membre du groupe littéraire "Fem unga", qui a publié une anthologie du même nom en 1929.

Mort de tuberculose à l'âge de quarante ans, il a laissé des poèmes, des nouvelles et des romans sur le monde du travail parmi lesquels le récit "Les hommes de l’Émeraude" ("Smaragden", 1939) - d'une ampleur et d'un humanisme rares - du destin des hommes de "L’Émeraude" : chef-d’œuvre de la littérature maritime

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Courbe de température


LEUR sang se mêle à un sang inconnu,
leur sang s'unit à un autre sang sous le ciel brûlant de la fièvre.
Leur sang devient mon sang, leurs coeurs battent dans ma poitrine,
leurs rêves brûlent sous mes yeux-
inconnus, ils viennent en moi verser leur sang.


DANS ma gorge
la mer
roule ses flots.
La mer roule sans trêve dans ma gorge
comme le flux et le reflux sur une côte déserte.


LEURS rêves sont à moi,
leurs sensations secrètes se fondent dans les miennes,
leurs désirs, leurs coeurs, leurs sentiments ne font plus qu'un avec les miens.

*

JE lève mes mains
pour saisir dans le noir leur présence étrangère,
je lutte en vain pour faire entrer leurs visages sous mes paupières,
car un voile recouvre mes yeux,
et mes mains retombent, irrésistiblement.
La malédiction du plomb est sur moi
mes yeux sont aveugles comme le plomb
mes mains sont lourdes comme le plomb
- ancré dans l'impuissance
je pars à l'aventure sur des terres sombres, semées de fleurs, que
personne ne connaît.

*

LA neige vole sur mon visage, neige blanche, virginale,
le feu brûle mes yeux, le sel
de la mer brûle mes lèvres-
les shrapnells projettent leur mitraille,
des crevasses
lézardent la terre parmi les herbes noires,
des firmaments s'effondrent dans un air qui s'embrase.


LE sel de mer brûle ma gorge
le feu du ciel consume mon souffle
neige et soleil tourbillonnent dans mes yeux
blancheur immaculée des fleurs les plus blanches.


MES lèvres fendillées sont rougies par le feu
de la houle-
vagues rouges de la mer sous des cieux très hauts
flux et reflux de la mer sur une côte déserte
flux et reflux tâchés de rouge.

*

ILS viennent à nouveau vers moi, ils reviennent,
Ils versent leur sang dans le sombre fourré de ma fièvre.
La force de nombreux hommes coule déjà dans mes veines,
Hésitant, il continue à se battre- hésite, mais continue pourtant.
Je nais à nouveau- mais non d'une femme,
je ne suis pas un, je suis plusieurs, je suis des milliers,
je suis tous les inconnus qui ont donné leur sang pour que vive un
autre homme.


(Poèmes posthumes)
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Peu après, le Bouc se retrouva devant l’auberge du Rossignol. Il connaissait Rosie la Rousse depuis de nombreuses années.
– Salut, dit-il en entrant dans la salle.
– Salut, Charlie ! dit Rosie.
– Deux doubles whiskies, dit le Bouc. – Un pour toi, Rosie, et un pour moi !
Elle apporta la commande, posa l’un des verres sur la table et leva l’autre en signe de bienvenue, la main droite sur la hanche à la mode irlandaise.
– À la tienne, mon vieux, dit-elle. Ça fait longtemps !
– À la tienne, Rosie ! Je savais bien que tu m’attendais.
La fille et le marin vidèrent leurs verres.
– Encore deux comme ça, dit le Bouc. – À mon compte. Et puis ensuite encore deux : un à ton compte et un au mien ! Ça te va, Rosie ?
– Ça me va, Charlie, dit Rosie.
Le Bouc avala les deux doubles whiskies.
– Ah, cette eau salée, dit-il, j’en ai avalé de ces quantités !
– Vas-y, Charlie, bois, dit la fille. – Je le connais moi aussi, le goût de l’eau salée.
– Allez, on trinque encore une fois. À la tienne, Rosie ! – Tu es une chic fille. Ça fait longtemps que j’ai envie de venir te voir !
– À la tienne, Charlie, tu es un bon gars ! Tu es toujours le bienvenu chez moi.
Après cela, le Bouc se rejeta en arrière et regarda autour de lui, l’air satisfait. Tout à coup, il remarqua qu’il était seul dans la salle de l’auberge.
– C’est bien vide et silencieux, dit-il.
– Les descentes, dit Rosie.
– Les descentes ? demanda le Bouc, étonné mais un peu distrait.
Visiblement, la bonne rincée de whisky dont il s’était gratifié commençait à produire son effet.
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[Ces vieux navires] ont été endommagés par d’innombrables tempêtes, entre les bras de l’océan toujours aussi impatient. Et pourtant, dans tous les ports, on voit chaque soir leurs feux s’allumer sur leurs écrans. D’abord le feu vert. Puis le feu rouge. Et enfin le fanal de tête de mât, le plus brillant de tous. - Et ces navires, chargés jusqu’à la lisse de pavois, quittent lentement le quai pour gagner une fois de plus le large, lentement et comme à regret, ans l’obscurité et dans la nuit, sous une voie lactée d’étincelles et de flammèches qui sortent de leur cheminée, afin de faire user un peu plus encore le fond de leur coque par la mer.
On entend encore la drosse racler, maille après maille, pour chercher le nouveau cap.
On entend encore le bruit des pas de millions d’hommes de quart qui arpentent le pont de leur navire depuis des journées sans nombre.
Et l’on entend même encore l’écho de chacune des voix humaines qui a retenti à bord. (p. 215-216).
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Mais le pire de tous les baratins, c’est de parler d’ennemis, dit le soldat qui avait froid aux pieds. Nous aussi, on est des ennemis ! Vus de l’autre côté. Ah, ça, pour du baratin, c’est du baratin ! L’ennemi ! Mais, en y réfléchissant bien et en voyant les choses dans l’autre sens, c’est nous l’ennemi !
(p. 165, “La chaîne d’or”).
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L’Émeraude doubla prudemment l’entrée du port en piquant de la proue. Dès qu’elle fut visible, une demi-douzaine de barques partirent à sa rencontre. L’employé de la firme de courtage Siemen et Fils, qui attendait impatiemment l’un des paquebots en provenance du continent européen, fourra dans sa poche une feuille de dossier et grommela d’étonnement : – Qu’est-ce qu’il vient fiche dans le port, celui-là ?
L’Émeraude n’était pas attendue à Tenerife. Dans toute la ville de Santa Cruz, noyée de soleil, personne n’avait jamais entendu parler d’elle. Mais elle était pourtant là, après trois semaines de cabotage. Sur la passerelle, le transmetteur d’ordres tinta pour la dernière fois. Le timonier pouvait lâcher la roue. Le quart était fini. Déjà une vingtaine de brasses de la chaîne de l’ancre de droite filaient en cliquetant par l’écubier. L’ancre de gauche suivit aussitôt après. Sous l’effet du frottement, des étincelles jaillissaient entre les plaques de rouille. Sur le pont des embarcations, la petite baleinière était suspendue dans le vide au bout de ses bossoirs. Les cordes des palans se trouvaient déjà entre les mains de volontaires, tant du pont que de la machine. À ce moment précis, il y avait sur le pont de cette vieille bête de somme malmenée par les flots plus d’hommes qu’il n’en fallait véritablement.
À l’arrière flottait le drapeau bleu à croix jaune. De chaque côté, de la proue à la poupe, le flanc du navire était également peint en bleu et jaune. Même les prélarts un peu trop grands qui maintenaient en place la pontée portaient les couleurs suédoises. Ceci avait été imaginé à l’intention des avions qui, eux, portaient dans leurs flancs des cargaisons de bombes. Rien n’avait été épargné de ce qui pouvait placer L’Émeraude sous la protection de la neutralité de son pays d’origine.
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Si le dur labeur n'était pas si proche de moi
et si la chanson quotidienne du prolétaire n'était pas mienne,
je vous parlerais de choses étranges
de pays lointains et d'aventures singulières.
Mes mots auraient alors la senteur
de lieux, de parages et de ports étrangers,
qui monte des cales opulentes des grands vapeurs
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