Vol, périls, pureté, amitié, Mermoz avait appris à Palmyre tout ce qui lui était nécessaire pour vivre. Il avait subi le sortilège que connaissent les êtres de qualité dont une partie de l'existence a été donnée au désert. Dans sa substance souterraine s'était glissé le démon des sables et de la solitude. Ces longues journées de soleil accablant, cette nuit lunaire, inhumaine où près des barbelés il avait sangloté, faisant écho aux chiens de Palmyre, l'épais vent jaune qui déracinait les tentes, comptaient pour autant d'enchantements inexplicables. Sans le savoir il avait connu sa vérité. Il n'en mesura le privilège qu'à l'instant où il dut envisager l'heure du départ.