Arianne Des Rochers et Joshua Whitehead lisent un extrait en français et en anglais du roman Jonny Appleseed.
" Comme sangsues, je me sentais moi aussi hermaphrodite: moitié garçon, moitié fille, toujours convoité par les chasseurs et les pêcheurs. Je laissais toujours une marque rouge quelque part sur leurs corps, comme pour indiquer: je suis passé par ici." p.96
Ah, les hommes, c’en est presque trop facile : ils sont tous un peu voyeurs et un peu explorateurs. Ils veulent moins jouer au docteur avec toi qu’être le Jacques Cartier de ta ceinture pelvienne.
Le sexe fait de drôles de choses au gens - soit ils perdent la carte complètement, soit ils embarquent en mode autopilote. Ton corps sait exactement ce qu’il veut, et il s’arrange pour l’obtenir.
Il y a de ces sons qui me font toujours mal et l’un d’entre eux est le son de ma mère qui pleure. On dirait qu’elle est toujours en train de pleurer au téléphone avec quelqu’un qui est soit mourant soit souffrant, ou qui connaît quelqu’un qui l’est. Il n’y a pas assez de blagues dans le monde pour qu’elle arrête de pleurer et il n’y a pas assez d’histoires dans le monde pour que j’arrête de ressentir. Je crois que c’est pour cette raison qu’elle prend un coup et pour la même raison que je fais pareil des fois.
C'est ça, une maison NDN, c'est un pissenlit : jolie mais jetable, et imprégnée de millions de petites graines qui se métamorphosent en voeux pour les petites mains blanches qui arrachent.
Ma maison à moi est pleine d'espoir et de fantômes.
" Une chose que j'allais apprendre c'est que partir fait toujours mal - la maison, ce n'est pas un lieu, c'est un sentiment. Il faut s'y sentir chez soi et pour ça, il faut ressentir: le goûter, l'entendre, le respirer." p.21
J’ai cogné à la porte de Maman en pensant très fort à elle, me demandant si elle était comme moi un arbre fendu par l’éclair, rares et magnifiques dans notre douleur.
"Je suis peut-être un fantasme sexuel mais je reste toujours aux commandes du fantasme. Une fois que l'image de corps nus et en sueur s'infiltrait dans leur tête, c'était impossible de faire demi-tour. Le sexe fait de drôles de choses aux gens - soit ils perdent la carte complètement, soit ils embarquent en mode autopilote. Ton corps sait exactement ce qu'il veut, et il s'arrange pour l'obtenir." p.8
" J'ai lu quelque part que les Anishinaabe et les Algonquins sont des "êtres fabriqués à partir de rien" et que c'est le souffle de gitchi Manito qui nous a créés. J'ai longtemps pensé que ça voulait dire que j'avais pas de corps, donc j'ai appris très tôt à faire l'amour comme une bête sauvage - les pow-wow m'ont montré comment faire, leurs chants ont remis la peau sur mes os." p.20
" Ma kokum m'a dit que le nom Manitoba vient du cri, manitowapow, qui signifie quelque chose comme "le confluent de l'esprit." p.76