Citations de Jostein Gaarder (480)
Ne pas savoir est généralement une étape sur la voie de la connaissance.
Ce sont toujours ceux qui posent des questions qui sont les plus dangereux. Répondre, ce n'est pas si compromettant. Une seule question peut être plus explosive que mille réponses.
N'était-ce pas triste de constater que la plupart des gens devaient tomber malades pour savoir apprécier la vie ?...
Mais c'est à nous de donner du sens à notre propre vie. Exister, c'est créer sa propre existence.
La seule qualité requise pour devenir un bon philosophe est de s'étonner.
- ... Le petit enfant n'éprouve aucun plaisir à voir les lois de la nature transgressées, car il ne les connait pas encore. L'enfant n'est pas encore devenu l'esclave des attentes dues à l'habitude. L'enfant est sans préjugés, qualité première d'un grand philosophe. Il perçoit le monde tel qu'il est sans idées à priori qui faussent notre vision d'adultes.
Tu vois, la grande différence entre un professeur d'école et un vrai philosophe, c'est que le professeur croit connaître un tas de choses qu'il n'arrête pas de vouloir faire apprendre de force à ses élèves, alors qu'un philosophe essaie de trouver des réponses aux questions qu'il se pose avec ses élèves.
Epicure donna lui-même un résumé de sa philosophie libératrice avec ce qu'il a appelé les "quatre plantes médicinales" :
Nous n'avons rien à craindre des dieux.
La mort ne mérite pas qu'on s'en inquiète.
Le Bien est facile à atteindre.
Le terrifiant est facile à supporter.
Chap 12 - L'Hellénisme - Les épicuriens - p153-
PS / Mieux aurait été de retranscrire le Tétrapharmakos - le quadruple remède - un ensemble de quatre préceptes philosophiques réglant la conduite épicurienne d'une vie heureuse...
« ᑎE ᑕᖇᗩIGᑎEᘔ ᑭᗩᔕ ᒪEᔕ ᗪIEᑌ᙭
ᑎE ᐯOᑌᔕ IᑎᑫᑌIéTEᘔ ᑭᗩᔕ ᗪE ᒪᗩ ᗰOᖇT
ᒪE ᗷOᑎᕼEᑌᖇ EᔕT ᖴᗩᑕIᒪE à OᗷTEᑎIᖇ
ᒪᗩ ᔕOᑌᖴᖴᖇᗩᑎᑕE EᔕT ᖴᗩᑕIᒪE à ᔕᑌᑭᑭOᖇTEᖇ »
Philodème de Gadara, Papyrus d'Herculanum
Le monde entier est une scène.
Hommes et femmes, tous, n'y sont que des acteurs,
Chacun fait ses entrées, chacun fait ses sorties,
Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles.
As You like it (Shakespeare)
On raconte que Socrate s'arrêta un jour devant un jour devant une échoppe qui proposait différentes marchandises. A la fin, il s'écria : "Que de choses dont je n'ai pas besoin!"
Cette déclaration pourrait être le mot d'ordre des cyniques. Antisthène jeta les bases de cette philosophie à Athènes vers 400 ans avant Jésus-Christ. Il avait été l'élève de Socrate et avait surtout retenu la leçon de frugalité de Socrate.
Les cyniques mettaient l'accent sur le fait que le bonheur n'est pas dans les choses extérieures comme le luxe matériel, le pouvoir politique et la bonne santé. Le vrai bonheur est de savoir se rendre indépendant de ces conditions extérieures accidentelles et instables. C'est justement parce que le véritable bonheur ne dépend pas de ce genre de choses qu'il est à la portée de tous. Et une fois atteint c'est pour toujours.
Le cynique le plus célèbre fut Diogène, qui fut un élève d'Antisthène. On raconte qu'il vivait dans un tonneau et ne possédait qu'un manteau, un bâton et un sac pour son pain. (Difficile dans ces conditions de l'empêcher d'être heureux!) Un jour qu'il était assis devant son tonneau à profiter du soleil, il reçut la visite d'Alexandre le Grand. Celui-ci s'arrêta devant le sage et lui demanda s'il désirait quelque chose. Diogène répondit : "Je veux bien que tu fasses un pas de côté pour laisser le soleil briller sur moi." Il démontra là qu'il était à l fois plus riche et plus heureux que le grand conquérant, puisqu'il avait tout ce qu'il désirait.
Les cyniques pensait que l'homme ne devait se préoccuper ni de sa propre santé, ni de la souffrance, ni de la mort. Ils ne devaient pas non plus se laisser troubler en prêtant attention aux souffrances d'autrui.
Quand ils ne comparaient pas la vie à un théâtre, les poètes baroques la comparaient à un rêve. Shakespeare, déjà écrivait : "Nous sommes de l'étoffe dont les rêves sont faits, et notre petite vie est entourée de sommeil...."
L'erreur du jugement d'Aristote sur les hommes et les femmes fut particulièrement désastreuse, car c'est sa conception - et non celle de Platon - Qui prévalut jusqu'au Moyen Age. L'église hérita ainsi d'une conception de la femme qui ne reposait aucunement sur la Bible. Jésus, lui, n'était pas misogyne !
Sartre pense que la vie doit prendre un sens. C'est un impératif. Mais c'est à nous de donner un sens à notre propre vie. Exister, c'est créer sa propre existence.
Des vers du poète norvégien Arnulf Overland lui revinrent tout à coup en mémoire:
Je fis une nuit un rêve étrange:
Une voix inconnue me parlait
- lointaine comme une source souterraine-
Je me levai et demandai: Que me veux tu?
Un philosophe, c'est quelqu'un qui n'a jamais vraiment pu s'habituer au monde.
Dans le monde d'aujourd'hui, nous voyons de puissants états être plus qu'embarrassés quand ils sont confrontés à des revendications simples comme la paix, l'amour, la nourriture pour tous et le pardon aux opposants du régime.
Je dis " un " et non " une " philosophe, car l'histoire de la philosophie est jalonnée par des hommes. les femmes ont été opprimées en tant que femme et aussi comme êtres pensants. C'est dommage, car de cette manière nous avons perdu beaucoup de précieux témoignages...
- Nous ne vivons pas seulement à notre époque. Nous portons toute notre histoire avec nous. Rappelle-toi que tout ce qui est ici dans cette pièce a été un jour flambant neuf. Cette pitoyable poupée en bois du XVème fut peut-être fabriquée pour les cinq ans d'une petite fille. Par son vieux grand-père peut-être... Puis elle eut dix ans, Sophie. Elle devint adulte et se maria. Peut-être eut-elle aussi une fille à qui elle donna la poupée à son tour. Elle vieillit et, un jour, mourut. Elle avait pourtant vécu objectivement une longue vie, mais elle finit quand même par mourir. Et elle ne reviendra jamais. Au fond, elle ne fit qu'une courte visite sur terre. Mais sa poupée... eh bien, elle est encore là sur l'étagère.
- Tout devient si déprimant et dramatique quand tu présentes les choses sous cet angle...
- Mais la vie est à la fois déprimante et dramatique. On nous laisse pénétrer dans un monde merveilleux, nous rencontrer et nous saluer, même faire un bout de chemin ensemble. Puis nous nous perdons de vue et disparaissons aussi brusquement que nous sommes venus la première fois.
La pensée philosophique n'avait pas seulement une valeur en elle-même, elle devait permettre à l'homme de se libérer de l'angoisse de la mort et du pessimisme. La frontière entre la religion et la philosophie devint alors bien ténue.
Celui qui sait ce qui est juste fera aussi ce qui est juste.