Je n’avais pas le sentiment d’être inutile. Informer m’a toujours semblé une fonction salutaire, une manière d’empêcher la machine sociale de tout niveler et de dissimuler ses échecs, ses fautes, voire ses crimes. Défendre les écrivains me plaisait, me stimulait. J’essayais de ne pas tomber dans les travers constants de la critique – encenser ceux qui seront oubliés et démolir, par jalousie autant que par cécité, ceux qui vont passer à la postérité. Mais, aujourd’hui, est-il utile de parler d’un désastre que nous sommes si nombreux à avoir vécu, que d’autres vont vivre encore ?