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EAN : 9782234054899
253 pages
Stock (01/10/2008)
4/5   6 notes
Résumé :
La calomnie s'est imposée, il faut tourner la page. La page, c'était moi. On me signifiait ainsi ma destitution de la direction du " Monde des livres ". Souffle coupé, comme asphyxiée... Pour repartir, ne fallait-il pas remonter plus haut, creuser plus profond ? Que n'avais-je pas compris de ce monde où je me croyais légitime ? Et qu'avais-je voulu ignorer de moi-même ? Il fallait refaire ce parcours qui avait débuté une cinquantaine d'années plus tôt, dans une peti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Entrée au Monde en 1977, Josyane Savigneau a dirigé le supplément littéraire du quotidien durant quatorze ans, à partir de 1991. Jusqu'en 2005, donc, puisque en 2005 "on" lui a dit: "La calomnie s'est imposée, il faut tourner la page. Tu ne diriges plus le service des livres".

Quelle calomnie? Et bien, je n'ai pas très bien compris, car elle en reparle très peu. Il me semble, après avoir un peu cherché, qu'"on" lui a reproché de favoriser certains éditeurs, en particulier Gallimard.
Mais cela ne datait pas de 2005, elle était déjà la bête noire de Jean Edern Hallier qui la qualifiait de clitoris querelleur. C'est élégant, il n'y a pas à dire. D'après ce que j'ai compris, cela a duré des années, puisqu'elle cite Madame Régine Desforges qui écrit que Josyane Savigneau "s'est échappée de la caisse d'un supermarché de Châtelleraut pour diriger le monde des lettres".

Voilà encore un milieu qui me semble bien sympathique et plein de petits camarades qui s'aiment! Il faut dire que Josyane Savigneau est une femme, non issue du milieu dont il faut être issu pour accéder à un tel honneur, bissexuelle affirmée ( ça ne se dit pas, tssss) et grande gueule par dessus le marché. Ca n'a pas du l'aider tout ça.
Mais peu importe, car ce n'est pas ce qui est intéressant dans ce livre. Elle en parle d'ailleurs très peu, c'est un point de départ, ce point de côté.
Josyane Savigneau, j'ai lu bien sûr quelques unes de ses critiques, mais je l'ai plus découverte à une époque en écoutant une émission de Joseph Macé Scaron Jeux d'épreuves, dans laquelle elle intervenait souvent pour défendre les livres qu'elle aimait. . Je ne partage pas toujours ses goûts littéraires, mais j'aime sa culture, son enthousiasme et sa façon de parler des livres.
Ce qui m'a amené donc à lire ce qui est avant tout le livre de mémoires d'une petite fille née à Châtellerault ( pas dans la zone bourgeoise!), dont les parents tenaient un café, et qui rêvait d'être journaliste. Et qui grâce à la lecture de Simone de Beauvoir a compris qu'elle pouvait s'en donner des moyens. C'est au moment où elle est renvoyée de son poste à responsabilités, qu'elle se demande si finalement on ne la renvoie pas aussi du côté du pont qu'elle n'aurait jamais du avoir l'impudence de quitter.
C'est donc l'occasion de retracer son parcours, car, écrit-elle:
"j'ai fini par découvrir que, si l'on refuse de s'occuper de son passé, un jour celui-ci s'occupe de nous. Sérieusement. Violemment. C'est ce qui m'est arrivé. Comme le dit Beckett " il est impossible d'échapper à hier, car hier nous a déformés ou a été déformé par nous."

Tout à fait d'accord..
Dans ce livre de souvenirs, on croise donc Simone de Beauvoir, mais aussi Marguerite Yourcenar, Philip Roth, Françoise Verny, Eudora Welty, Patricia Highsmith , Juliette Gréco, Edwige Feuillère, Sollers, bien sûr et bien d'autres.
Je l'ai lu avec plaisir, rapidement. le plus intéressant reste finalement le parcours d'une battante pour laquelle je ne me fais pas trop de souci. Jean Edern Hallier a fini par tomber de vélo, quant à Madame Desforges, je suppose qu'elle doit scruter avec effroi les caissières de son supermarché pour savoir laquelle va encore sortir de sa position pour aller défendre la littérature. Celle qu'elle n'a sans doute jamais du lire.










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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ma passion de l’info, c’est sûr. Je l’ai toujours vu arriver, à l’heure du déjeuner, le journal local à la main. Au début de la guerre d’Algérie, qu’on appelait « les événements », il était rivé au poste de radio – disait-on encore TSF ? Peut-être bien. Il m’imposait de me taire et d’écouter, il insistait pour me faire comprendre la gravité de la situation. Il a applaudi au retour du général de Gaulle, qui avait été son héros quand il rêvait de s’évader de son camp de prisonniers et de rejoindre Londres. C’est mon premier vrai souvenir politique. Mon premier article, ma première « brève », je l’ai écrite sur mon cahier, à l’encre violette : « Le général de Gaulle revient au pouvoir. Va-t-il remplacer le président Coty ? » Il me semblait vaguement que c’était un retour au pouvoir dramatique, que certains ne partageaient pas la vision de De Gaulle en sauveur, celle de mon père.
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Je lisais sans aucun recul, j’étais d’accord sur tout, je rêvais de ressembler à la femme qui me parlait. Marie, elle, lisait Beauvoir avec lenteur, avec une certaine distance. Elle se posait des questions que je jugeais absurdes, conventionnelles, inopportunes. Beauvoir avait-elle vraiment raison de refuser le mariage ? Est-ce qu’une femme ne devait pas, absolument, avoir des enfants, pour, en effet, « être complète » ? N’était-ce pas son seul lieu de supériorité sur les hommes, « donner la vie » ? Je constate que ce propos est revenu à la mode. Toutes ces femmes, intellectuelles, parfois même tenues pour féministes ou autoproclamées telles, me fatiguent avec leur maternalisme frénétique. J’ai l’impression de réentendre ma grand-mère, et peut-être même mon arrière-grand-mère. Non que je réprouve le choix d’avoir des enfants, je n’ai pas fanatiquement tenu à ne pas en avoir, j’ai même failli fugitivement en souhaiter, avec un homme qui n’en voulait pas.
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« Avoir lu Simone de Beauvoir ne servait rien qu’à vérifier le malheur d’avoir un utérus. » À moi, elle a appris que je n’étais pas seulement un utérus, et qu’il n’y avait aucune fatalité malheureuse à en avoir un. À croire qu’Annie Ernaux et moi n’avions pas lu les mêmes phrases. Il y a plus de vingt ans, quand j’ai découvert son très beau récit, La Place, j’ai pourtant revu certaines scènes pénibles de mon enfance, le café de ma grand-mère paternelle, uniquement fréquenté par des hommes qui jugeaient encore inutile d’envoyer les filles à l’école, et ridicule cette grand-mère présentant fièrement sa petite-fille comme « première de la classe ». Ils parlaient trop fort, ils faisaient des plaisanteries que je ne comprenais pas mais que je sentais salaces. Ils se plaignaient d’être servis dans des « verres de voleur ». Cela m’intriguait. Ce sont des verres à pied coniques, de toutes tailles.
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Malgré tout, je suis une privilégiée, car la placardisation et le harcèlement moral s’accompagnent presque toujours de l’impossibilité de travailler, de la paralysie ou, dans le cas d’un journaliste, de la condamnation au silence. Je mesure ma chance : j’ai bénéficié de soutiens et de protections qui m’ont permis de continuer d’écrire dans mon champ de compétence. Et puis, à côté des joies mauvaises, à peine dissimulées, de certains proches collègues de travail, qui m’ont étonnée bien que je ne sois pas naïve, j’ai bénéficié de solidarités également inattendues. Et, au bout de dix-huit mois, on a enfin abattu la fameuse cloison et désenclavé mon espace de travail. J’ai pu respirer un peu.
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Avec Beauvoir, c’était bien des femmes qu’il s’agissait de parler. J’étais terrifiée en sonnant chez elle. Heureusement, j’étais avec une consœur, très détendue, qui arrivait là sans aucun bagage encombrant. Moi j’avais presque vingt ans de familiarité, de proximité, avec cette personne qui ignorait mon visage et mon nom. Je reconnaissais le décor, certains objets de cet appartement que, pourtant, je n’avais jamais vu. J’étais dans un lieu presque familier, et, sur le canapé, je me faisais toute petite pour ne pas heurter le fantôme de Sartre. J’ai cependant mené mon interview qu’elle a souhaité relire. Elle en a été satisfaite, n’a rien corrigé, un mot peut-être.
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