Citations de Juan David Nasio (84)
Je suis donc psychanalyste à tout moment quelle que soit l'action que j'accomplis.
(...) phénomènes les plus remarquables de la vie humaine : la répétition, la répétition du passé dans le présent, la résurgence aujourd'hui des émotions intenses, joyeuses ou tristes que nous avons vécues enfant ou adolescent.
(...) retour violent du passé douloureux.
Le psychanalyste et son patient sont frères en émotion et produisent ensemble un inconscient commun.
Le sujet est le trait commun des objets aimés et perdus au cours d'une vie.
Perdre l’amour de l’aimé, c’est aussi perdre ce qui était le centre organisateur de mon psychisme.
La douleur est […] un entre-deux, un corps-intervalle. La douleur se détache du corps et tombe dans l’espace intermédiaire entre le moi et l’Autre, entre le moi qui jouit de souffrir et celui qui jouit de faire souffrir, ou encore […] entre le moi masochiste et le surmoi sadique.
A partir de ce désaccord foncier entre un désir insuffisant, prématuré –celui de l’enfant-, et le désir intolérable et impossible de la mère, surgira le phallus comme signifiant venant marquer toutes les dissymétries entre impuissance et impossibilité, ou entre la prématurité et le leurre imaginaire d’un Tout possible.
La sexualité émerge dans notre rapport aux orifices du corps ; là où il y a des bords, des insuffisances, des lèvres palpitantes, où le corps frémit, s’ouvre et se ferme. La sexualité naît là où le corps vibre et défaille.
L’inconscient est un conservateur de la douleur. Il ne l’oublie pas.
La douleur est le désarroi que nous éprouvons lorsqu’ayant perdu un être cher nous nous retrouvons face à la plus extrême tension interne, confrontés à un désir fou au-dedans de nous-mêmes, à une sorte de folie du dedans qui sommeille en nous tant qu’une perte extérieure ne viendra lui arracher ses hurlements.
La présence symbolique de l’autre dans notre inconscient est un rythme, un accord harmonieux entre son pouvoir excitant et ma réponse, entre son rôle d’objet et l’insatisfaction que je ressens. Si je tiens l’élu pour irremplaçable, c’est parce que mon désir s’est progressivement modelé aux sinuosités du flux vibrant de son propre désir. […] Ainsi la cadence de son désir s’harmonise-t-elle avec ma propre cadence, et chacune des variations de sa tension répond-elle en écho à chacune des miennes. […] Cependant, s’il est vrai que les échanges érogènes peuvent être harmonieux, les satisfactions qui en résultent restent pour chacun des partenaires des satisfactions toujours singulières, partielles et discordantes. Nos échanges s’accordent, mais nos satisfactions discordent. Elles discordent parce qu’elles sont obtenues lors de moments différents et à des intensités inégales. Il y a un accord dans l’excitation et des dysharmonies dans la satisfaction.
Si le statut réel de l’élu est d’être une force étrangère qui relie comme un pont d’énergie les deux partenaires et arme notre inconscient, le statut symbolique de l’élu est d’être le rythme de cette force.
Dans la transformation il y a toujours une souffrance
Qu’est-ce que le deuil? Le deuil est un retrait de l’investissement affectif de la représentation psychique de l’objet aimé et perdu. Le deuil est un processus de désamour. C’est un travail lent, détaillé et douloureux. Il peut durer des jours, des semaines et même des mois. Ou encore toute une vie...
Le contenu imaginaire de la représentation s’intègre […] dans un fantasme déjà agencé par nos désirs inconscients.
Oublié n'est pas synonyme de refoulé.
Le Même qui hante le sujet est une émotion aiguë et violente vécue à l'âge de l'enfance ou de la puberté, lors d'un épisode traumatique mi-réel, mi-imaginé, à caractère sexuel, ou agressif, ou triste, dans lequel le sujet s'est senti au centre de l'événement, que ce soit en tant que victime, agent ou témoin.
Quand analysant et analyste franchissent cette étape bouleversante de revivre l'émotion refoulée, ils partagent une exceptionnelle rencontre humaine.
La répétition pathologique est compulsive, la répétition saine n'est pas compulsive.
Que l'inconscient soit une force de vie ou de mort, qu'il soit à l'origine de nos comportements répétitifs heureux ou malheureux, la seule chose certaine, c'est que c'est lui, l'inconscient, qui règle l'apparition et la réapparition des événements heureux et malheureux qui construisent notre existence.