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Citations de Juan David Nasio (84)


Notre identité intime et intemporelle, la plus irréductible de soi-même, le "Je suis" le plus profond et permanent, a toujours la figure d'un petit garçon ou d'une petite fille, bébé ou déjà sur ses jambes, voire plus grand, qui est au centre d'une scène imaginaire sans cesse rejouée au cours de notre vie.

L'aimé est pour moi une imago que je forme dans mon esprit à l'usage de mon désir.

Nous vivons avec des fantasmes mais nous sommes nous-mêmes des fantasmes pour celui qui nous aime ou nous hait.

Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est. Nous demandons à l'être aimé de s'ajuster au fantasme que nous projetons sur lui. (...)

Comment peut-on tant jouir ou souffrir de choses imaginaires ? Comment est-ce possible que nous façonnions notre réalité avec des images qui nous font plaisir ou qui nous font mal ? Je crée ce qui me torture, comme je crée ce qui me comble.

"Tu me demandes si tu n'as jamais pressé dans tes bras que mon fantôme, conclut la belle rieuse, eh bien ! permets-moi de te répondre : Cela ne te regarde pas !" (Mallarmé). Que dit d'autre la belle à son amant, si ce n'est de rester dupe de son illusion et de continuer à l'embrasser en embrassant son image ? Comme si elle lui chuchotait :"Ne te réveille pas ! Laisse-toi porter par ton fantasme !"

Lorsque nous pleurons la perte d'un être cher, nous savons que nous l'avons perdu, mais nous ignorons "qui" il était pour nous, nous ignorons ce que nous avons perdu en le perdant. De même, nous aimons sans savoir "qui" nous aimons vraiment. (...)

En fait, il n'y a pas de véritable perte sans que le sujet s'identifie avec ce qu'il perd. Du point de vue psychanalytique, nous sommes, dans le fantasme, ce que nous perdons.
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il faut savoir que lorsque nous aimons, nous aimons toujours un être hybride, constitué à la fois par la personne extérieure que nous côtoyons au dehors, et par sa présence fantasmée et inconsciente en nous. Et réciproquement, nous sommes pour lui le même être mixte fait de chair et d'inconscient. Voilà pourquoi je vous parle du fantasme. C'est pour mieux comprendre que je ne souffrirai la douleur que de la disparition de celui qui a été pour moi ce que j'ai été pour lui : l'élu fantasmé.
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Certes, sans lésion il n’y aurait pas eu douleur, mais la douleur n’est pas dans la plaie, elle est dans le moi, toute condensée en une image intérieure au moi, dans l’image de l’endroit lésé.
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Ainsi, à la question : Qu'est-ce que nous perdons quand nous perdons la personne de l'être que nous aimons ? nous répondons En perdant le corps vivant de l'autre, nous perdons l'une des sources qui nourrit la force du désir sans pour autant perdre cette force qui, elle, perdure, indestructible et inépuisable, tant que la vie est en nous. Nous perdons aussi la silhouette animée qui, comme un étai, soutenait le miroir intérieur qui réfléchissait nos images. Mais en perdant la personne de l'aimé, nous perdons encore le rythme sous lequel vibre la force réelle du désir. Perdre le rythme, c'est perdre "l'autre symbolique", la limite qui rend consistant l'inconscient. Bref, en perdant celui que nous aimons, nous perdons une source nourricière, l'objet de nos projections imaginaires et le rythme de notre désir commun. C'est à dire que nous perdons la cohésion et la texture d'un fantasme indispensable à notre structure.
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Le miroir psychique qu'est l'image de l'élu dans mon inconscient ne doit pas être pensé comme la surface lisse d'une glace, mais comme un miroir morcelé en petits fragments mobiles de verre sur lesquels se reflètent, confondues, des images de l'autre et des images de moi.
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Le silence parfois tue.
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Toute lésion douloureuse du corps sera perçue comme une lésion et une douleur externe parce que le corps lui-même est perçu imaginairement comme une enveloppe dense et sensible qui nous contient et nous porte.
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Tout ce lierre germé dans mon psychisme, nourri par la sève brute de la poussée du désir, tout cet ensemble d’images et de signifiants qui lie mon être à la personne vivante de l’aimé jusqu’à la transformer en double interne, nous l’appelons « fantasme », fantasme de l’élu.
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Qu’est-ce que l’inconscient sinon une mémoire dont les souvenirs ne s’actualisent pas dans la conscience mais dans nos actes, nos rêves ou notre corps, et ce à notre insu ?
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Au fond, chaque patient, chacun de nous, gravite autour de deux ou trois blessures, souvent ouvertes dans l'enfance ou à l'adolescence, devenues nos épines continuelles dans le cœur.
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Il me faut souligner l'importance pour le parents endeuillés de donner une sépulture au petit défunt en inscrivant son nom sur une pierre tombale devant laquelle se recueillir. Les funérailles sont indispensables pour les parents parce qu'elles leur permettent de réaliser que leur enfant est disparu définitivement et que, désormais, ils ne pourront plus l'aimer qu'en pensée.
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Nous ne voyons et ne ressentons jamais notre corps tel qu'il est, mais tel que nous voudrions qu'il soit.
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L’amour aveugle qui nie la réalité de la perte et, à l’opposé, la résignation lucide qui l’accepte, voilà les deux extrêmes qui déchirent le moi et suscitent douleur.
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Si la représentation psychique était tenue à l’écart tout en restant au sein du système, la douleur corporelle s’expliquerait par un mécanisme de conversion apparenté à celui de l’hystérie. La douleur serait alors la doublure somatique d’un élément symbolique ou […] l’expression somatique de la représentation du corps lésé. […]
Si, au contraire, nous suivons l’autre orientation qui tient l’exclusion de la représentation du corps lésé pour une expulsion radicale du moi, nous assimilerions le mécanisme de la douleur corporelle à celui de la forclusion […]. Dans ce cas, nous devrions tirer une autre conclusion : toute douleur physique obéit aux mêmes lois de production qu’une hallucination psychotique.
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Le choix entre hystérie et psychose dépend de notre façon de concevoir le destin de la représentation du corps lésé.
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La douleur inconsciente ne désigne pas une chose ni une sensation sans conscience, mais un circuit qui, réactivé par une légère stimulation, se décharge en une manifestation pénible.
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Le corps est un écran sur lequel se projettent des souvenirs, et […] l’actuelle souffrance somatique du patient est la résurgence vivante d’une première douleur oubliée.
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Le plus important de ce que Dolto m'a appris, c'est de faire confiance à mon ressenti de psychanalyste, de travailler avec mon ressenti, à condition bien entendu que ce ressenti soit sans cesse corrigé par l'expérience et affermi par la théorie.
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L'art du partenaire d'un couple solide est d'accompagner l'autre dans ses imprévisibles variations, tel le danseur qui s'accorde au nouveau rythme de sa cavalière.
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La sollicitude dans le couple n'est au fond qu'une fidélité à l'amour lui-même.
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