Judith Hermann :
Maison d'été, plus tardDepuis l'Englischer Garten de MUNICH,
Olivier BARROT présente le livre "
Maison d'été, plus tard" de
Judith HERMANN, édité par Albin Michel.
Sa mère nous avait montré qu’on peut mourir d’amour. Elle était la preuve vivante qu’on peut mourir d’un cœur brisé, elle s’était enfermée en elle-même par amour. P 14 « Charbon »
"Selma repense parfois à cette nuit du pollen de peuplier. A l'expression combustion spontanée, à ces termes techniques. Elle se dit que l'amour pourrait être une combustion spontanée, mais l'idée même est instable, et elle la rejette."
(Nouvelle "Pollen de peuplier")
Nous ne savions pas que pour la mère de Vincent nos visages étaient beaux, et nous étions rentrés à la maison avec l'impression qu'il y a bien des choses qu'on est capable de dire que lorsqu'elles sont irrévocablement passées.
Nous ne savions pas que pour la mère de Vincent nos visages étaient beaux, et nous étions rentés à la maison avec l’impression qu’il y a bien des choses qu’on n’est capable de dire que lorsqu’elles sont irrévocablement passées. P 13 « Charbon »
Réunir en pensée tout ce qu’elle avait l’apaisait. Tout mettre ensemble et voir que ça pouvait donner. Et comment continuer ensuite.
"Mais ma mère a éludé ces questions. De toute évidence elle estimait que ces questions ne méritaient même pas qu'on en parle. Elle a changé de sujet, est passé à autre chose ; elle semblait savoir, ai-je pensé par la suite, que de toute façon les questions de ce genre trouvent d'elles-mêmes leur réponse tôt ou tard.
Elle le sait."
'Nouvelle "Ma mère")
À l'époque, [mon père] s'exerçait à supporter des poèmes. Il essayait de lire un poème sans s'effondrer, et je dois dire que c'était pour lui d'une difficulté extrême et surprenante. Nous faisions l'exercice ensemble ; sinon il n'y avait pas grand-chose que nous aurions pu faire ensemble dans cet établissement – il avait emprunté un gros volume de poèmes à la bibliothèque, il ouvrait une page au hasard et me demandait de la lui lire à haute voix. Et il y avait des jours où un seul vers était déjà de trop pour lui, des jours où le simple vers « les mouettes ont toutes l'air de s'appeler Emma » lui était insupportable, où un vers comme « nous restâmes assis sous l'aubépine jusqu'à ce que la nuit nous ravisse » l'aurait tué.
Stella. Je m'appelle Stella.
Elle dit, j'ai peur de l'avion, je ne supporte pas l'avion, je peux m'asseoir à côté de vous, est-ce que je pourrais juste rester assise à côté de vous, s'il vous plaît.
C'est la vérité. L'expression du visage de Jason change, elle ne devient pas franchement douce, mais elle change. Il dit, c'est pas la peine d'avoir peur de l'avion. Asseyez-vous. Je m'appelle Jason. Asseyez-vous.
(p. 10)
On dirait, pense Maude, que Greta est arrivée à entrer dans son souvenir. Dans son passé. Ou bien qu'elle se débarrasse de ses souvenirs ? Comme de feuille, comme d'une peau.
... nous étions restés tous les deux, bras croisés, devant la maison, à regarder là-haut cette lune blême et blanche, comme découpée dans du papier de Chine, et comme si elle nous avait appartenu à tous les deux autrefois et que, pour des raisons qui nous demeuraient obscures, c'était terminé une fois pour toutes.