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Critiques de Julie Ruocco (95)
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Furies



"Furies", c'est un livre sur l'absence de repère, du silence sur les racines, et donc peut-être une méconnaissance de sa propre identité. Après tout, dès le début du roman, on apprend peu de chose sur Berenice, l'une de nos héroïnes. Tout tourne autour de sa formation d'archéologue et de son père. Elle creuse, elle creuse. Cherche à déterrer quelque chose. Mais on n'en sait pas plus.

Plus tard, nous avons Assim. Pompier de métier, homme qui se consacrait à sauver, fait le contraire de Berenice maintenant : il est fossoyeur, c'est ensevelir son nouveau travail. Avec lui, on plonge dans le quotidien de la guerre en Syrie. De ce que vivent les victimes, les abandonnés.

Assim m'a profondément touché. Cette gentillesse frappée par l'horreur, et qui transforme autant l'homme que ce qui l'entoure, a été dépeint avec une lente agonie vers la réalité et le désespoir, que ca a cassé quelque chose en moi. Parce qu'après tout, il n'est que le passeur de ce qui est déjà arrivé à de nombreuses personnes avant lui et encore aujourd'hui.



C'est aussi un roman sur la question du hasard, la coïncidence. Est-ce que les choses sont prédestinées, est-ce que nous les provoquons ? Est-ce marqué en nous ?

Il y a aussi cette thématique forte de la mémoire, de ce qui reste ancré en nous, dans nos racines mais également sur le plan historique. J'ai beaucoup apprécié les longs passages où cela est évoqué, sur différents plans et lieux, avec divers points de vues. Parce que ces interrogations sur le hasard et la mémoire sont fortement portés par l'importance de la parole, qui a un rôle central dans tout le roman. Abordé ce sujet était non seulement terriblement à propos mais aussi parfaitement amené au niveau de la forme comme du fond. C'était très joliment et tristement amené.

Car si "Furies" est une lecture aussi captivante, ce n'est pas uniquement pour son intrigue ou les messages abordés, mais aussi par la force de son écriture.

Les chapitres sont courts. C'est assez bref mais on est saisi par cette brusquerie. En tant que lectrice, je me suis sentie prise par cette forme et ça a captivé mon attention. Tout particulièrement pour les passages qui concernaient Berenice. Ca apportait quelque chose en plus à ce personnage perdu et énigmatique.

La plume est donc très jolie, agréable à suivre. Il y avait de la légèreté dans la forme malgré la lourdeur des propos. L'écriture nous aide peut-être à mieux supporter cette ambiance difficile et qui apporte une vérité dure à accepter. C'est peut-être aussi pour cela que j'ai relevé de nombreuses belles tournures de phrases, intelligentes, imagées parfois, et très sensibles.



J'ai appris pas mal de choses que je ne connaissais pas avec cette lecture. Je me suis rendue compte que j'avais une connaissance superficielle du sujet, et de très nombreuses fois j'ai fait des recherches à côté pour mieux comprendre ce qu'il se passait, ce qui s'était passé et ce que cela impliquait aujourd'hui.

J'en suis ressortie plus riche au niveau de mes connaissances, de mes émotions et sur mon humanité. Mais aussi sur l'importance de la Voix et de la Mémoire. J'ai eu un peu honte aussi, et ça m'a poussé à une réelle introspection de moi-même et une réflexion sur le monde.

J'ai vu dans certains commentaires que pour eux, le roman était un peu superficiel. Que ça aurait pu aller plus loin ou être plus sombre. Car d'autres ouvrages sur le sujet était plus fort et plus proche de l'horreur sur la réalité vécue. Ils ont sans doute raison, mais je pense que ce roman peut-être un bon début pour ouvrir la voie sans pour autant bloquer le lecteur sur ce qu'il pourrait avoir envie de découvrir ensuite en ce qui concerne ce qui s'est passé. Une approche plus douce pour un sujet fort sensible.

A partager avec le plus de lecteurs possible.
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Furies

L'horreur de la guerre est décrite dans ce livre avec beaucoup de justesse. J'ai également beaucoup aimé la trame narrative et le cadre de ce roman. Il contient par ailleurs des messages qu'il est important de partager.

Mais je n'ai pas réussi à m'attacher autant que je l'aurais souhaité aux protagonistes. Il y a trop de passages qui théorise le conflit avec des images abstraites qui se succèdent et qui rendent le tout un peu froid.

C'est bien dommage car tous les ingrédient y étaient pour avoir un récit qui aurait pu être extrêmement touchant.

On y est presque, on commence à ressentir quelque chose quand on est brisé dans notre élan par un passage qui se veut introspectif mais qui nous éloigne du personnage dont il est question.

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Furies

Il s'agit du destin d'une jeune archéologue, pilleuse d'antiquités, qui croise un pompier syrien devenu faussaire. Leurs parcours parallèles se déploient jusqu'à leur rencontre.



Une écriture ciselée, rapide, qui nous plonge dans une Syrie troublée.



Un livre magnifique et surtout une belle découverte !
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Furies

J'ai survolé ce livre à la recherche du romanesque.

J'ai été d'abord très intéressé par Berenice et c'est grâce à elle que j'ai achevé la lecture de ce roman.

L'écriture est belle mais ce qui m'a éloigné du récit est sa proximité avec lz réalité de ce conflit absurde et de e ce fait l'impression de lire des articles de presse ou de reportages de guerre
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Furies

Lu en 2022. Premier roman salué par la critique et primé.

La Syrie, une femme et un homme : deux destins, deux témoins, deux consciences, deux passeurs de mémoire, avec la guerre en toile de fond, sa barbarie et ses traumatismes indélébiles. Voilà le ferment de ce récit à la fois saisissant et éparpillé, dont la lecture éprouvante m'a poussée à rester à une certaine distance.

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Furies

J’ai acheté ce livre pour de mauvaises raisons. Comme je l’ai indiqué, faire le résumé de cette histoire est par nature trompeur : ce qui compte dans ce livre, ce n’est en réalité pas son synopsis, ce ne sont pas les étapes du récit… même cela, je ne sais comment l’exprimer. Je vais tenter une image qui vaut ce qu’elle vaut : la trame de ce récit est fait de plus de fils que ceux strictement narratifs. Il y a également différents fils strictement émotionnels, sensitifs. Il y a la lumière de ces pays et zones géographiques – Syrie, Turquie, Rojava. Il y a ces liens sensoriels entre Asim et les morts qu’il « porte » en lui. Ce n’est pas un conte… mais c’est peut-être ce qui se rapproche le plus d’un conte.



Alors moi qui avait acheté ce livre pour cette histoire d’une archéologue devenue trafiquante, j’ai rapidement compris qu’il y avait méprise.



Mais – et c’est peut-être là où ce livre est très fort -, je n’ai pas ressenti non plus de mise à l’écart. Certains passages m’ont paru « ésotériques », mais Asim s’est imposé dans sa candeur, sa force infinie, même brisée par le destin. Il a renoncé, parce qu’en réalité il est déjà mort, son esprit est mort, mais tant que son corps est en vie, il poursuivra sa mission. L’image que donne Julie Ruocco, celle d’une pierre que lui remet sa sœur en rêve, mais qui pèse le poids de toutes les âmes des morts dont il a ainsi reçu la charge, et qui s’allège au fur et à mesure qu’il offre une nouvelle vie à ces âmes en confiant leur identité à des réfugiés… c’est inexprimable, mais quelle puissance !



L’auteure établit un continuum entre Bérénice et Asim, qui, tous les deux, creusent le sol pour en retirer des os, avec une aspiration commune : celle de retrouver la trace de leur histoire familiale. Un père mystérieux d’un côté, et, sans doute, une cassure qui n’est qu’évoquée ; une sœur, aussi fragile que puissante, de l’autre. Ces deux êtres que pratiquement tout oppose vont se reconnaître, autour de la figure de Taym.



Un autre thème récurrent dans le récit est celui du hasard ou, plutôt, celui des coïncidences. Il s’agit d’ailleurs – et, en refermant ce livre, je me dis qu’il ne peut pas s’agir d’une coïncidence, justement – du titre du premier chapitre, qui s’ouvre avec Aragon :



« On vit dans un monde de coïncidences. Un homme et une balle qui se rencontrent, c’est une coïncidence ».



Coïncidence, le surgissement de Nazar à l’enterrement du père de Bérénice ? Coïncidence, l’attentat qui tue le contact de celle-ci en Turquie ? Coïncidence, la rencontre avec la fillette ? Coïncidence, le téléscopage avec Asim ? Coïncidence, encore, à la fin du livre, l’ancien avocat syrien, réfugié en Allemagne, qui se retrouve face à un de ses bourreaux lorsqu’il était emprisonné par le régime ? Coïncidence, peut-être, que j’ai pris ce livre pour de mauvaises raisons…



Je ne sais pas si je réussis à faire passer cette idée, mais ce livre est à la fois fluide et visqueux, dur et doux, touchant et glacé, lumineux et sombre. Et… et ce n’est pas si courant… il me laisse sans mots. Je ne sais pas si cela invite à le lire ou à le repousser doucement vers les ombres qu’il décrit, mais j’aurais tendance à dire qu’il constitue une lecture importante. Et, même si cela a, au départ, été pour de mauvaises raisons, je ressens une forme de joie à l’avoir lu.
Lien : https://ogrimoire.com/2024/0..
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Furies

En mission à la frontière turque, Bérénice, archéologue française dévoyée en receleuse d'antiquités, se heurte à l'expérience de la guerre.

Dans la convulsion des événements, elle recueille la fille d'une réfugiée et fait la rencontre d'Assim, pompier syrien devenu fossoyeur.

Deux rencontres qui vont changer sa vie et son regard sur le monde.



Un récit sismique par nature, violent, brutal.

Des civils dont l'impossible situation remue, bouleverse, interroge.



Le texte est à la fois sec, étouffant comme un excès de poussière et exalté.

C'est cet aspect ardent, introspectif, presque voyeur qui m'a dérangé.



L'auteure est issue de Sciences-Po.

Bon.

Que peut-elle savoir des pensées et ressentis de ce peuple ?

Il m'a manqué la pudeur pour adhérer.

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Furies

On a beau savoir, écouter les informations, lire les journaux, être conscient des atrocités du monde, il me semble que rien n’est plus puissant qu’un roman pour vous faire comprendre en profondeur ce que vivent certains peuples. Certains conflits durent tellement longtemps qu’on ne sait même plus comment ça a commencé et où on en est aujourd’hui. La révolution arabe, la guerre en Syrie, l’avènement de l’état islamique, le rôle des Occidentaux partis faire le Djihad, Daech, les Kurdes et leur armée de défense des peuples, le Rojova sont autant de sujets que Furies aborde, non comme un documentaire ou un livre d’analysé diplomatique, mais bien comme un simple roman, avec un savant dosage de fiction et de réalité.

Et pourquoi s’attache-t-on à des personnages fictifs, plus qu’aux réfugiés que nous croisons tous les jours ? Certainement pour ne pas avoir à faire face à notre trop grande impuissance à aider et à combattre !

Une lecture difficile donc, mais utile.

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Furies

Je ne vais pas vous mentir si j'ai lu ce livre c'est parce qu'il était présenté comme un coup de coeur des bibliothécaires et que la couverture m'a tout de suite fascinée 😍



Et je n'ai pas été le moins du monde déçue ! Ce livre nous retourne le coeur aussi sûrement qu'il nous déchire l'âme 💔 pour mieux la recoudre après.



Ce livre c'est une plongée dans la Syrie en guerre, ce pays si riche en culture et en humanité qui la délaisse petit à petit face à l'abîme de la dictature et de la pauvreté.



Ce livre c'est la descente aux enfers d'un homme simple guidé par la bonté dont les principes s'effacent face à l'adversité et qui devient au fil du temps lui-même un fossoyeur des âmes.



Ce livre c'est la quête de soi d'une femme occidentale qui ne se rêve plus en architecte et souhaite se redécouvrir autrement.



Mais ce livre c'est surtout la rencontre entre un homme abattu et devenu apathique à cause des épreuves de la vie et une femme au grand coeur que l'on croit d'abord emprunte d'avarice et de cupidité.



Puis c'est cette rencontre qui change une vie. Une rencontre bouleversante entre un homme et un enfant meurtris, entre le présent et le passé, entre un fantôme et l'ébauche de son futur.



De cette rencontre va naître une étincelle, cette petite chose infime et fragile qui permettra, peut-être, à ces deux êtres profondément blessés de se reconstruire et d'aimer à nouveau.



Ce livre, enfin, c'est un condensé d'espoir face aux monstruosités des puissants, un shot d'adrénaline pour faire face à l'indicible et sûrement un coup de poing en pleine face à l'inhumanité.
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Furies

Ils sont trois, ne se connaissent pas au début de « Furies », ils se rencontrent une fois leur histoire personnelle narrée.



Bérénice vit en France, c’est une jeune archéologue devenue spécialisée dans le trafic d’œuvres d’art. Son père est décédé, le deuil est lourd à porter, il a éteint avec lui leurs origines orientales. Dans le cadre de sa mission, elle doit se rendre à la frontière Syrienne pour y récupérer des œuvres.

Elle va rencontrer un syrien nommé Asim un pompier devenu fossoyeur après un deuil d’une violence inouïe. Ils seront rejoins par une fille abandonnée / sauvée par sa mère d’un camp de réfugiés.

Tous les trois, ils sont les porte-paroles d’un peuple, ils se doivent de transmettre l’indicible pour que la lutte persiste et soit reconnue.



Le contexte historique est éminemment terrorisant : l’histoire se déroule dans une Syrie dévastée qui pensait avoir gagné des libertés mais dont la descente aux enfers ramène le peuple dans une réalité morbide. Les femmes vivent une Guerre et des inégalités abominables, le sexe féminin n’est rien. « Femme ! Vie ! Liberté »



Julie Ruocco nous fait vivre la Syrie et ses drames, elle met en opposition l’inhumanité des « hommes en noirs » et le profond altruisme des personnages. Elle met en lumière le peuple qui se soulève, mène une révolution malgré toutes les désillusions, malgré tout le sang qui coule dans le pays.



Ce livre fulgurant, nous met face à une réalité d’aujourd’hui, à se demander comment et pourquoi l’Histoire se répète t-elle? La mémoire a-t-elle une fin ?
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Furies

Bérénice, jeune archéologue française se trouve obligée de fuir la Syrie suite à un attentat dont elle réchappe de peu. Elle rencontre Assim pour lui demander des faux papiers pour la petite fille qu'elle a prise par la main au travers du grillage d'un camp de réfugiés. Ils fuiront ensemble vers le Rovaja (Kurdistan) en attendant de pouvoir rejoindre l'Allemagne, puis la France. A travers l'histoire personnelle d'Assim en Syrie (il était pompier, il est devenu fossoyeur) on mesure la monstruosité des attaques du régime Assad sur son peuple, puis celle de Daesh. On assiste aussi à la fossilisation d'un homme terrassé par ce à quoi il survit. Bérénice quant à elle est une jeune femme plus attirée par les antiquités que par l'histoire, et sa vie bascule quand après avoir survécu à un attentat elle se retrouve avec charge d'âme. Sa rencontre avec Assim sera pour lui l'occasion de donner une chance au scrupuleux et gigantesque travail de sa sœur (Taym) de parvenir à la connaissance de la communauté internationale. Ce sera aussi pour lui une parenthèse de bonheur après de Bérénice et de la petite. Malheureusement la fragile position du Rojava où ils se réfugient ne laisse pas entrevoir un avenir serein. Ce premier roman puissant et bouleversant à l'écriture alerte et sensible révèle une auteure à suivre absolument.
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Furies

Mais que la couverture est vilaine !!!!!!!

Et illustre si mal le propos.. Actes Sud .... est bien maltraitant pour ce roman ,



Récit intime et assez pédagogique sur la complexité du conflit Syrien , de son evolution lointaine, ses phases de B el Assad .. ets ses geoles .. à so entretie patiet des la motée d'un islamistme nouveau .. plus terrrible encore .

Un conflit mediatisé .. mais pour une contemplation frileuse ....

D'un peuple abandonné par toutes les nations occidentales.



Une femme occidentale, orpheline d'u passé flou, recelleuse , archeologue ...floue , et , en parrallele l'apprentissage d'une famille vivat l'horreur, dan ue petite ville ...enclavée .. assiégée, de Syrie. Des morts beaucoup, à chaque instant .. Inutiles et terribles . La montee de la peur , de l'indifference, de la folie . une soeur , temoin politique engagée ... , un frère pompier u cœur de l'horreur ..nous prennent par la main ... pour raconter l'ordinaire .. de leurs parcours si différents ... sans pathos , ni jugement .

La rencontre entre tous , improbable, tissée patiemment , au fil des pages ....

Belle . Simple

Un grand livre .
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Furies

Le roman commence comme une histoire d’aventures sur fond de trafic international d’œuvres d’art où Bérénice, archéologue-pilleuse va croiser Assim ex-pompier syrien devenu fossoyeur.

Et puis survient l’horreur, la guerre qui fait basculer Furies dans la tragédie avec un réalisme saisissant dans ses descriptions. Ses protagonistes vont évoluer dans un monde en ruines mais pas sans espoir. Car au-delà de l’effondrement et du désenchantement, ce premier roman très incarné en forme d’odyssée est, au fond, un éloge de la transmission…

c'est aussi un hommage rendu aux hommes et femmes surtout qui s’engagent, se battent pour une cause, un pays

Premier roman impressionnant et magnifique dans son écriture. un vrai coup de poing/coeur !
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Furies

C'est l'histoire d'une rencontre improbable entre une archéologue française : Bérénice et un afghan fossoyeur :Assim qui veut fuir son pays gangrené par la guerre . C'est un ex pompier qui enterré les gens torturés par le régime et elle, elle perpétue la mémoire d'un pays, d'une civilisation.C 'est un beau et profond portrait de femme perdue entre son travail et son désir d'aider au mieux les afghans, de lutter contre la condition dexfemme inexistante dans ce pays. La guerre va les réunir et les séparer. Le point commun c'est un voyage mental, une construction d'une personnalité, d'uneocremusecen question de l'ordre établi, du monde actuel. C'est écrit dans pathos, avec réalisme, humanité.
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Furies

Initiée par Kobane Calling de Zerocalcare, j'ai apprécié retrouver dans Furies le combat Kurde, ces femmes (notamment) incroyablement déterminées pour un peuple libre.

Le début du roman m'a accroché moyennement, un peu stéréotypé peut être, en tout cas sans surprise, avec même quelques déroutes : cette petite fille 'adoptée', sans nom, qui va accompagner l'héroïne, m'a mise mal à l'aise. Cette femme archéologue qui ressemble beaucoup à une des personnage de Laurent Gaudé dans Ecoutez nos défaites (très frais dans ma mémoire ceci explique surement cela). Les deux personnages vont d'ailleurs faire le même geste finale. Et cet homme, comme modèle initiatique à presque lui tout seul. Ainsi, les moyens pour arriver au coeur même, à la thématique magistrale elle, ne m'a pas vraiment convaincue et je le regrette.

Je retiens donc les passages sur ces rencontres kurdes, et le savoir rendre hommage comme l'auteure a su le faire, pour parler si finement avec humilité et respects des combattantes.
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Furies

"Il est faux de penser que la guerre est un moment que l'on peut saisir entre deux dates et défaire par un traité. En tant que femmes, nous sommes bien placées pour savoir qu'elle n'a jamais cessé."



Surprenant roman d'une jeune femme pas même trentenaire. La surprise vient de la maturité de l'écriture, de la solidité de la construction et, surtout, de l'aptitude de cette diplômée en sciences politiques à exposer "de l'intérieur" la vie de ceux qui vivent dans des zones contrôlées tour à tour par des forces turques, syriennes, kurdes et de Daesh. On retrouve ici, une nouvelle fois, une des puissances de la littérature : celle de mieux faire comprendre la guerre en suivant au milieu des désordres qu'elle engendre le destin de personnages attachants. Là où l'article de presse et le dossier documentaire décrivent, le roman fait ressentir, donc vivre.



La rencontre entre une Française et un Syrien racontée dans ce roman s'inscrit dans le cadre de la guerre, donc au milieu des orphelins, des camps de prisonniers, de l'espionnage et de tout ce qui accompagne depuis toujours les périodes troublées. Dans ce désordre, une enfant est accueillie. C'est une innocente victime, un enfant perdu. Dans ce cimetière à ciel ouvert, il y a ceux qui enterrent et ceux qui déterrent, un fossoyeur et une archéologue, un faussaire et un pompier, des tueurs et des sauveurs. De belles figures dans un tableau sombre.



Vous voulez ignorer la guerre, les décapitations, l'hypocrisie des spectateurs insensibles aux atteintes à la dignité humaine ? Vous préférez rester sourds, aveugles et assister blasés à la guerre éternelle que se livrent sous tous les cieux les hommes entre eux, aux dépens surtout des femmes et des enfants ? Alors, ne lisez pas ce roman majeur. Contentez-vous des reportages vus en trente secondes et aussitôt recouverts par une pellicule d’actualité, elle-même recouverte à son tour par une nouvelle couche superficielle de banalités.
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Furies

Furies est un roman bouleversant.

Je suis assise au soleil, dans mon pays en paix. Pourtant je viens de quitter les décombres de la guerre, les morts qui errent sans repos si personne ne leur donne de sépulture, les vivants qui cherchent un sens à ce qui n'en a pas.

Heureusement, Asim est là, fossoyeur attentif, faussaire qui rend la vie aux disparus.

Bérénice croise son chemin après un attentat, après avoir accepté de prendre soin d'une âme déjà lourde du poids de l'innommable.

Des destins croisés pour réparer le monde ? Pour l'apaiser ?

Leurs trajectoires croisent la nôtre.

Grand bien nous fasse. Nous apprenons grâce à eux l'humilité. Nous regardons notre chance et la serrons contre nous. Car nous sommes épargnés.

Mais ce roman nous laisse aussi comprendre que nous sommes aveugles, sourds, immodestes et pire encore insensibles.

Saurons-nous entendre la voix des personnages pour poser sur des pays pas si lointains un regard plus conscient ?

Je ne sais pas. Toujours est-il que c'est à vous de déterrer la Furie le temps de la lecture.
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Furies

C’est en véritable spéléologue que Julie Ruocco convertit son lecteur le temps de la plongée en apnée dans les méandres visqueux et les étroits chemins intimes de ses magnifiques personnages, si humains et si friables de l’être. À travers les aléas de choix de vie de Bérénice, la jeune archéologue mystérieuse de ce récit immersif, on est voué à rencontrer, comme un rocher encombrant notre route, le colossal (mais brisé en mille morceaux) fossoyeur des âmes perdues entre la Syrie et la Turquie, Asim, et à nous laisser égratigner par ses précieuses gemmes aux couleurs spectrales, le fantôme d’une sœur et une petite fille lunaire parmi tant d’autres revenants des limbes. Les mots de l’autrice percutent ses protagonistes et éclatent leurs destins tragiques qui se réverbèrent sur nous en poussières lumineuses. Ses phrases et ses images ont cette magie antique des vieilles pierres : elles disent le vrai, durement et brillamment, avec la simplicité d’un caillou sur lequel tout coule et l’originalité d’une pépite à peine dissimulée sous le granit.



On ne ressort pas indemne d’une telle descente dans les enfers de notre monde, si archaïques et si contemporains à la fois que résonnent en nous dorénavant le cri de douleur de ces femmes et de ces hommes poursuivis inlassablement par les furies d’une terre dont on se demande si elle a déjà tourné rond un jour…



Lire Furies de Julie Ruocco, c’est assurément propager l’écho d’une grande voix tout juste sortie des entrailles de la littérature et prophétiser son avenir radieux dans l’univers des lettres.
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Furies

C’est au cours de l’une de ces expériences qu’elle avait, sans hésitation, ramassé un morceau de pierre sculptée : un visage entouré de cheveux en forme de serpents ! Une Furie ? Elle l’avait accrochée autour de son cou où, depuis, elle pendait, lui procurant plus de douceur et de sérénité que de culpabilité ou de remords. Et l’accompagnait partout où elle allait.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Furies

Un magnifique roman, admirablement écrit. Une maturité, une intelligence, une maîtrise littéraire, une force d’autant plus impressionnantes qu’il s’agit d’un premier roman. L’autrice qui imprégnée de culture antique a à sa manière signé, comme Aristophane jadis avec Lysistrata, un grand livre féministe et pacifiste. La rencontre improbable de Bérénice, une jeune archéologue, devenue trafiquante d’œuvres d’art après la destruction de Palmyre par Daech, d’Assim, un pompier syrien devenu croque-mort et faussaire, pleurant à jamais l’exécution et la décapitation de sa sœur militante des droits de l’homme et d’une petite fille confiée à Bérénice par sa mère enfermée dans un camp de réfugiés dans l’espoir de lui offrir une autre vie, sinon une vie tout court. Symbolique d’un médaillon volé au coup de Bérénice reproduisant une furie, déesse de la vengeance poursuivant à jamais les assassins de guerre. Tout dans le roman est symbolique, le vol du médaillon jusqu’à sa restitution à la terre. Le rapport à la terre de Bérénice pour y fouiller le passé et ignorer le présent. Le rapport à la terre d’Assim qui y crée des sépultures pour sortir les victimes de la guerre de l’anonymat. Car là est le propos majeur du livre : affronter l’indifférence, affronter l’oubli, donner, une singularité, une identité aux victimes et la faire vivre en la confiant à des survivants. Un grand cri pacifiste, un hurlement contre la guerre mais aussi, comme dans Lysistrata, un manifeste féministe : les femmes sont les victimes éternelles des guerres menées par les hommes. Le Rojava, le Kurdistan occidental, lieu de la guerre des femmes kurdes, éprises de liberté, contre Daech est le théâtre des plus belles pages de livre. Enfin, Julie Ruocco achève son roman avec force : Bérénice assume son rôle de transmission. Elle permet de donner un nom, un visage, une réalité à ceux qui sont morts et garde près d’elle, la petite fille, pourvue de l’identité du souvenir, du prénom de la sœur d’Assim. Magnifique !
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