AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Julien Damon (31)


L'expertise internationale se concentre donc sur les pays en développement, sans nier l'existence et surtout l'apparition nouvelle de bidonvilles dans les pays développés, en particulier en Europe.
Page 27.
Commenter  J’apprécie          460
L'urbanisation se révèle bienfait ou fléau selon l'affectation du pouvoir et des ressources.
Page 19.
Commenter  J’apprécie          310
Alfred Sauvy
Tout le monde connaît Alfred Sauvy (1898-1990) – au moins de nom. Polytechnicien et statisticien, passé par la Statistique générale de la France (ancêtre de l’INSEE), universitaire rigoureux et personnage non conformiste, Sauvy est l’auteur d’une œuvre luxuriante qui comprend une cinquantaine d’ouvrages et une multitude d’articles théoriques ou grand public. Avec un souci permanent de pédagogie, il a joué un rôle primordial dans le développement de la recherche et de l’information démographique. Homme de science et d’action, il a forgé des expressions, notamment le « Tiers Monde », et des institutions, par exemple l’Institut national d’études démographiques (INED), devenu haut lieu de l’excellence et de la controverse françaises.
Hostile à la baisse du temps de travail à quarante heures, critique du corporatisme et du syndicalisme, il conseilla de nombreux gouvernements, du Front populaire à Pierre Mendès France. Rédacteur, à la fin des années 1930, des premières mesures politiques de soutien à la natalité en tant que conseiller du président du Conseil, ce père fondateur de la démographie française moderne a consacré sa vie intellectuelle et politique à l’amélioration de l’information du citoyen et à la lutte contre deux maux, « le malthusianisme et l’ignorance des faits ». Ses travaux pourfendent certaines idées reçues, montrant par exemple que la machine n’enlève pas systématiquement du travail à l’homme, ou que le vieillissement d’une population provient plus d’une baisse de la fécondité que de l’allongement de la vie.
Commenter  J’apprécie          200
Michel Foucault
Penseur vedette, philosophe aussi érudit qu’engagé, Michel Foucault (1926-1984) traîne derrière lui une réputation un rien sulfureuse, issue de ses thèmes de travail et de sa personnalité. Au retentissement intellectuel de ses recherches sur la délinquance, la folie, la sexualité ou l’univers carcéral s’ajoute le tumulte politique des manifestations auxquelles il s’est associé, quand il ne les a pas provoquées. De ses pages, cours et combats ressort une œuvre vaste et originale, toujours sujette à interprétations, réfutations et, certainement, récupérations. Sa postérité se mesure notamment à travers un indicateur : Foucault serait l’auteur français le plus cité à travers le monde. Du parcours élitiste classique de normalien agrégé jusqu’au Collège de France, en passant par l’engagement maoïste, le soutien aux prisonniers et aux travailleurs immigrés, mais aussi l’enthousiasme pour la révolution iranienne, Foucault a intensément participé à la vie intellectuelle et politique. Éloigné des marxistes, rapproché des structuralistes, il fait en réalité plus école qu’il n’appartient à une chapelle universitaire. Contre l’ordre policier ou psychiatrique, toute son œuvre et tout son engagement public s’opposent à la « société disciplinaire ». Il explore, de l’âge classique à la période contemporaine, les multiples formes de la transgression à partir d’une plongée quasi archéologique dans les archives.
Commenter  J’apprécie          150
Jean-Jacques Rousseau
Orphelin de mère, citoyen genevois, herboriste et musicien, philosophe aux discours couronnés par les Académies et aux restes transférés au Panthéon, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), est un des penseurs clés des Lumières. Toujours persuadé d’être persécuté mais régulièrement hébergé chez les puissants, il est universellement connu et diversement apprécié pour son soutien aux droits de chacun, sa glorification d’une fidélité conjugale fondée sur le sentiment, son projet de constitution pour la Corse ou ses idées religieuses valorisant plus la conscience individuelle que le respect des dogmes.
Rousseau, qui a eu cinq enfants naturels déposés à l’hospice, est l’un des pères de la pédagogie moderne. C’est après avoir abandonné ses enfants qu’il se serait préoccupé d’éducation. Dans son traité sur l’éducation, l’Émile (condamné à être brûlé en raison des positions religieuses qu’il y exprime), Rousseau avance les principes d’une entreprise éducative dont le pari pour l’enfant est le suivant : « Qu’il n’apprenne pas la science, qu’il l’invente. » Pour le grand Jean-Jacques (dont le nom a été donné à tant d’écoles et de lycées), tout a à voir avec la nature et la liberté. Sa formule « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme » entre en résonance avec le célèbre début du Contrat social : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. »
Commenter  J’apprécie          140
Friedrich Nietzsche
Philosophe allemand à belles moustaches et au nom à l’orthographe malaisée, Friedrich Nietzsche (1844-1900) a renoncé à une carrière de pasteur pour devenir professeur de philologie à vingt-cinq ans et infirmier volontaire pendant la guerre franco-allemande. Il se fait ensuite placer à la retraite à trente-cinq ans et se lance dans la production d’une œuvre incontestablement parmi les plus géniales de la pensée occidentale. Il erre alors entre les Alpes suisses et les rivages de la Méditerranée avant de sombrer totalement dans la folie. Il passe en effet les dix dernières années de sa vie dans un mutisme total, jouant parfois du piano. Aujourd’hui adulée ou bien maudite après avoir été ignorée ou manipulée, son œuvre, non dépourvue d’ambiguïtés, sonne comme un hymne à la vie. Sa pensée élitiste, opposée au développement de la démocratie moderne, marquée par un refus catégorique de l’égalité entre les hommes dont l’affirmation serait une sorte de revanche des incapables, peut paraître à la source de bien des dirigismes.
Commenter  J’apprécie          140
Claude Lévi-Strauss
Entré de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade, Claude Lévi-Strauss (1908-2009) a consacré sa vie à l’interprétation des mythes. Celui que les Américains appellent Claude L. Strauss (pour ne pas le confondre avec la marque homonyme de jeans) est connu pour être souvent présenté comme un des mousquetaires du structuralisme, pour avoir fréquenté les milieux surréalistes, mais surtout pour avoir élaboré des instruments de pensée qui ont fécondé des travaux dans bien des domaines. Il a suscité et suscite encore d’importants débats intellectuels qui ont eu et conservent une immense influence sur les sciences sociales comme sur la peinture, le roman ou encore la biologie. Ce grand nom de l’anthropologie, qui a longtemps fréquenté les couloirs du Collège de France avant de devenir immortel et de prendre place sous la coupole de l’Académie française, est un talentueux narrateur de mythes. Son ouvrage Tristes tropiques, que certains esprits malicieux ont rebaptisé « Twist aux tropiques », rencontre un large succès et introduit Lévi-Strauss au sein de la catégorie naissante des intellectuels médiatiques.
Commenter  J’apprécie          130
Charles Taylor
Charles Taylor (né en 1931) a longtemps enseigné les sciences politiques et morales à Montréal. Ce penseur d’outre-Atlantique, familier de la culture européenne, a provoqué un écho autour du communautarisme. Impliqué dans la vie publique canadienne, ce spécialiste de Hegel compte surtout parmi les plus importants représentants de la philosophie morale anglo-saxonne. Dans les distinctions de chapelles contemporaines, il fait partie des « communautariens », opposés à ceux qu’on baptise les « libéraux » (comme John Rawls). Pour les premiers, soucieux de tradition, la juste distribution des ressources ne peut s’opérer sans tenir compte des contextes et des cultures. Les individus sont attachés par des appartenances, et l’État est érigé en responsable d’objectifs sociaux. Pour les seconds, épris de liberté, les principes de justice doivent pouvoir être généralisés en règles universelles. Les individus sont libres et l’État, qui peut intervenir, a pour vocation la neutralité. Les libéraux visent d’abord le juste, les communautariens le bien.
Théoricien du communautarisme, Taylor critique le libéralisme atomiste qui isole les individus. Il considère que la communauté, comme la liberté ou l’égalité, est un bien en soi. Elle permet de rassembler et de mettre en valeur les éléments qui la composent.
Commenter  J’apprécie          120
Se préoccuper des toilettes publiques revient à s’inquiéter du monde
Commenter  J’apprécie          110
Alexis de Tocqueville
Né noble, juste après la Révolution, Alexis de Tocqueville (1805-1859) n’a eu de cesse de se pencher sur les questions d’égalité et de démocratie. Jeune magistrat envoyé en Amérique pour y étudier le système pénitentiaire, il a connu des deux côtés de l’Atlantique un immense succès avec ses ouvrages. Élu député de centre gauche, il a également été membre de l’Institut puis un éphémère ministre des Affaires étrangères qui s’est retiré de la vie politique après le coup d’État du futur Napoléon III. Il a mis son talent et son action au service du problème crucial de la compatibilité entre égalité et liberté. Il apparaît comme un penseur fondamental de la modernité, quand la « passion ardente » de l’égalité l’emporte sur le goût de la liberté.
Sociologue, il s’interroge sur la subsistance de la liberté individuelle face aux profondes aspirations égalitaires. Il montre les divergences entre Europe et Amérique dans leur façon de devenir des sociétés démocratiques. Philosophe libéral, ses réflexions dénoncent les tyrannies et les catastrophes en germe derrière une démocratisation qui serait égalisation autoritaire des conditions, individualisation totale des personnes et centralisation absolue du pouvoir. Il met en exergue les risques de dérive d’une démocratie d’extrême égalité vers un État tutélaire, chaque citoyen étant invité à se réfugier dans une vie privée dégagée de la collectivité. Tocqueville souligne que dans les sociétés aristocratiques, chacun avait une place bien attribuée, dans une « longue chaîne qui remontait du paysan au roi »…
Commenter  J’apprécie          100
Philippe Ariès
« Historien du dimanche », comme il se qualifiait lui-même, Philippe Ariès (1914-1984) est mondialement connu pour sa thèse de l’indifférence médiévale envers les enfants et pour ses travaux sur les attitudes devant la mort. Ayant échoué à l’agrégation, il est longtemps resté en marge du système universitaire français, malgré le succès international de ses ouvrages. Négligé comme amateur, il pouvait également être discrédité comme conservateur. Il est vrai qu’en tant que compagnon de route de l’école de pensée monarchiste et ouvertement réactionnaire de l’Action française, Ariès ne comptait assurément pas parmi les progressistes, sans pour autant verser dans l’extrémisme.
Il se voulait historien des mentalités et des comportements, envisageant dans la très longue durée des phénomènes situés à la charnière du biologique, du social et du mental. Associé à l’aventure de la « nouvelle histoire » et de l’École des Annales (du nom de la revue), il appartient à ce style d’historiens, avec Fernand Braudel ou Georges Duby, qui aux guerres et aux grands hommes préfèrent l’étude de la vie ordinaire.
Commenter  J’apprécie          60
Alexandre Soljenitsyne
Auteur barbu chrétien russe, professeur de physique, artilleur courageux et décoré pendant la Seconde Guerre mondiale, Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) est une sorte d’icône littéraire et politique. Lauréat du prix Nobel de littérature (qu’il ne put aller chercher à Stockholm) après s’être vu refuser le prix Lénine, il est certainement l’un des plus célèbres dissidents du régime soviétique. Ses œuvres les plus connues dépeignent les camps dans lesquels il a lui-même un temps été enfermé et où sa vocation d’écrivain s’est révélée.
Grâce à lui le terme « goulag » (abréviation de « direction principale des camps ») est entré dans le vocabulaire courant. Mêlant rigueur historique et souffle littéraire, celui qui a connu la déshumanisation et a frôlé longuement et dangereusement la mort produit une enquête documentaire sur les institutions concentrationnaires en Russie. D’emblée, ses textes ont suscité l’intérêt et la polémique. En URSS bien entendu, dont il finit par être expulsé, mais également chez les Occidentaux qui y ont vu, pour certains, la confirmation de leur thèse et de leurs craintes, pour d’autres, une trahison. Soljenitsyne participa à l’ébranlement de l’Union soviétique et des convictions de ceux qui la soutenaient. Il était en effet impensable, mais vrai, d’imaginer un système totalitaire d’emprisonnement dans les pays du socialisme réel.
Commenter  J’apprécie          50
Charles Dickens
Écrivain populaire britannique, traduit dans bien des langues et adapté pour (petite) partie de son œuvre au cinéma, Charles Dickens (1812-1870) n’a jamais fait d’économétrie sur le coût de l’enfant ou sur les prestations familiales (d’ailleurs inexistantes en son temps). Son nom figure néanmoins, avec ceux d’autres grands romanciers sociaux, au panthéon des auteurs ayant participé à la mise sur l’agenda public des nécessaires protections à garantir aux enfants.
D’extraction sociale modeste, il va – sinon inlassablement, du moins très régulièrement – dénoncer, notamment par le conte, la misère et l’exploitation. Dès l’âge de douze ans, poussé en cela par l’emprisonnement (pour dettes) de son père, il a été contraint de travailler dans une fabrique de cirage. Traumatisé par cette expérience de labeur précoce et de souffrance, il fait dans ses livres les plus connus le portrait d’enfants très jeunes confrontés à l’injustice et aux difficultés de la vie. Le célébrissime Oliver Twist, orphelin exploité dès son tout jeune âge, endure d’abord et résiste ensuite. « Fragment d’espèce humaine », son histoire, pleine d’ironie, de rebondissements et de saveur, est une peinture de l’Angleterre industrieuse et inégalitaire du xixe siècle. Le tout aussi célèbre David Copperfield est une transfiguration, à fondement autobiographique, de l’enfance et de la réalisation de soi. C’est toute une vision de Londres, à travers des yeux d’enfants, qui circule dans le monde entier et qui montre ce que sont les épreuves et les humiliations de la société industrielle.
Commenter  J’apprécie          50
Raymond Aron
Figure de l’intelligence française, Raymond Aron (1905-1983), normalien major de l’agrégation de philosophie, s’est vu donné, dans un livre d’entretiens, une sorte de définition : spectateur engagé. Acteur majeur de son époque, éditorialiste à la plume mémorable, professeur admiré, penseur célébré ou ostracisé (c’est selon), Aron embrasse, avec éclectisme et exigence, le monde moderne et la condition historique humaine dans toutes leurs dimensions. Esprit critique redouté, expert mondialement réputé, conseiller écouté, il suit De Gaulle à Londres, pour s’opposer ensuite au Général sur des questions d’indépendance nationale. Valorisation de la liberté dans le fond et modération dans le ton composent une œuvre aussi consistante qu’importante.
De ses articles du Figaro, qui exaspèrent parfois, à ses volumes sur l’évolution des idées, ses écrits paraissent dispersés. Ancien socialiste devenu anticommuniste et figure de proue libérale, Aron, travailleur acharné, deviendra un directeur de thèse prisé, amenant à la sociologie des esprits brillants qui ensuite le suivront ou bien se rebelleront. Peu versé dans les études empiriques, il contribue à l’institutionnalisation et au renouvellement des études sociologiques en France. Une galaxie aronienne se forma au fil du temps, perpétuant une tradition de pensée libérale, en marge des tendances universitaires centrales.
Commenter  J’apprécie          40
L’exercice de la dédicace est une figure imposée sympathique. Lançons-nous donc. Ce livre, aboutissement d’une dizaine d’années de travail, est issu d’une thèse de sociologie soutenue en décembre 2001. Il est dédié à tous ceux (et ils sontnombreux) qui m’ont supporté pendant ces années. Et tout particulièrement àSophie et Marguerite, à qui j’ai subtilisé de longs moments d’attention.L’hommage va à chacun de ceux (fonctionnaires, élus, amis, collaborateurs, collè-gues, supérieurs hiérarchiques, contradicteurs, acteurs, experts, « bénéficiaires » et« partenaires » de la prise en charge desSDF) qui, à un titre ou un autre, m’ontaidé et/ou contrarié moralement, intellectuellement, techniquement. Leurs effortsm’ont autorisé à aboutir à ces résultats, après avoir tapé plus de cinq millions defois sur un clavier. J’adresse également mes plus chaleureux remerciements à tousles chercheurs et enseignants avec qui j’ai pu dialoguer des enjeux, des difficultés,des avancées de cette réflexion. Des remerciements particuliers vont à mes jurés dethèse, François Chazel, pour son école de rigueur dans la direction de cette thèse,Raymond Boudon, pour ses appréciations positives, Jean Padioleau, pourm’avoir mis sur la voie de la sociologie, François Dubet, pour ses critiques éclai-rantes, et Serge Paugam, lecteur attentif et éditeur attentionné. Je ne peux pas nepas faire une mention spéciale à Renaud Epstein, Pascal Noblet et Laurent Muc-chielli qui ont bien voulu prendre de leur temps sur mes épreuves, ainsi que toutparticulièrement à Bernard Cazes pour sa lecture minutieuse et ses remarquesjudicieuses. Daniel Benamouzig, Jean-Marie Firdion, Maryse Marpsat, PedroMeca m’accompagnent depuis longtemps dans des interrogations communes. Jen’oublie pas tous ces « complices » (appelons-les ainsi) dans l’existence, pour leursconseils, leurs lectures, leurs précisions érudites et/ou techniques, leurs critiques,leurs interrogations. Ils sont trop nombreux pour que je les cite. Je risquerais decommettre l’impair d’un oubli... Mais chacun saura se reconnaître ici ou là.
Commenter  J’apprécie          30
Le Corbusier
Convoqué au tribunal de l’urbanité, Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier (1887-1965) risquerait d’être condamné. Accusé des malheurs contemporains des grands ensembles, le fonctionnalisme du célèbre architecte-urbaniste se verrait reprocher son hygiénisme social et son rationalisme extrême. Le projet de cité radieuse qu’il désirait édifier contraste assurément avec le triste quotidien des cités délabrées. Mais le prêtre de l’harmonie urbaine est trop souvent tenu pour responsable de la relative inhumanité de quartiers qu’il n’a ni connus, ni véritablement imaginés. Suisse naturalisé français, mondialement connu sous son pseudonyme Le Corbusier (parfois appelé « Corbu »), ce théoricien et praticien de la ville, représentant du mouvement moderne, est obsédé par la modernité et la pureté. Le Corbusier, qui côtoya le fascisme et le régime de Vichy, craint la ville malsaine. Réformateur du désordre urbain, il désire élaborer un cadre de vie adapté à la société industrielle. Il veut nettoyer et discipliner la ville pour l’adapter aux nouvelles contraintes économiques et démographiques. Sa partition de la ville en secteurs fonctionnels doit permettre l’harmonieuse cohabitation des hommes, dans des zones organisées de concentration urbaine. À cet effet, il développe une utopie des villes qui doivent du passé faire table rase. Les rues, jugées dangereuses et inutiles, seront éliminées.
Son désir de rationalisation, poussé jusqu’au fantasme, le conduit à proposer de « démolir le centre » et d’établir la « machine à habiter ».
Commenter  J’apprécie          30
Bertrand de Jouvenel
Bertrand de Jouvenel (1903-1987) figure, avec le philosophe Gaston Berger, parmi les pères fondateurs d’une discipline qui s’est maintenant institutionnalisée : la prospective. Homme de lettres et de sciences, il fut grand reporter international, analyste du pouvoir et de la souveraineté, économiste, enseignant, écrivain, pionnier de l’écologie politique. La vie et l’œuvre de ce philosophe humaniste du libéralisme, entachées d’un passage controversé dans la collaboration, ne sauraient être résumées simplement. Ce spectateur critique, qui vivait à l’écart des modes et de la capitale, avait axé ses travaux sur l’exploration de notre avenir. Il laisse une quarantaine d’ouvrages dont certains sont des classiques qui ont marqué leur temps. Et qu’il est bon de revoir en tout temps.
Érudit éclectique mais également entrepreneur intellectuel, Jouvenel fonde en famille, dans les années 1960, l’association internationale et la revue Futuribles. Il forge ce néologisme en intégrant les mots « futur » et « possibles », pour suggérer la pluralité des futurs possibles, c’est-à-dire imaginables et plausibles. Pour Jouvenel, la prospective, qui est devenue aujourd’hui un outil d’accompagnement des décisions et du changement, ne consiste pas en projections utopiques mais en prévisions réalistes. Il ne s’agit pas de science-fiction ni de futurologie de kermesse. La prospective est une démarche sérieuse.
Commenter  J’apprécie          20
Hannah Arendt
Éminente philosophe, illustre penseur politique mais aussi reporter controversée, Hannah Arendt (1906-1975) a durablement marqué les esprits, et sa contribution à la pensée contemporaine est unanimement reconnue comme de tout premier plan. Ses textes de conceptualisation et de témoignage établissent le récit d’un siècle bouleversé par la barbarie. Sa philosophie, plongée dans les racines grecques et dans le trouble de la crise de la modernité, s’écarte de celle de Heidegger dont elle fut l’élève passionnée. Déracinée par le nazisme, elle chercha toujours à appréhender la condition humaine dans sa diversité. Sa pensée irrigue et anime la philosophie et la science politiques. Attachée aux événements et à la réalité, Arendt, qui se disait plus politiste que philosophe, nous livre des clefs pour observer le terreau du totalitarisme, dont les composantes peuvent toujours se cristalliser.
Commenter  J’apprécie          20
Alain
Normalien, agrégé de philosophie, Émile Auguste Chartier dit Alain (1868-1951) est le type même du grand enseignant. Connu pour ses célèbres Propos – tirés de ses chroniques publiées régulièrement dans la presse sous le pseudonyme d’Alain – c’est en tant que professeur de khâgne au lycée Henri-IV qu’il laissera une empreinte très marquée sur une génération (voire plusieurs) d’intellectuels qui entreront, entre autres, à l’École normale supérieure. Tourné vers le journalisme, imprégné de pragmatisme et de vie quotidienne, Alain est pleinement engagé dans la vie de son temps. Républicain radical, pacifiste militant, moraliste tolérant, il devient engagé volontaire, artilleur sur le front où il perd à la fois une certaine insouciance et un pied qui, broyé, le laissera boiteux à vie. Traducteur d’Aristote, passionné de peinture, auteur de grands traités d’esthétique et de métaphysique, d’un violent pamphlet contre la guerre (une « abdication de la volonté ») et d’un texte, qui paraîtra en braille, pour l’harmonie des aveugles, Alain se caractérise par ce genre littéraire qu’il a mis au point : les propos. Ces petits textes, aux thèmes d’actualité, couvrent presque tous les domaines, s’adressant à tout un chacun et pas seulement aux érudits. On en compte plus de cinq mille.
Commenter  J’apprécie          20
Qu’un ministre ait un chauffeur, ceci peut se comprendre. Mais pour ses collaborateurs cela n’a plus de sens. Qu’ils prennent les transports en commun ou le vélo.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Julien Damon (56)Voir plus

Quiz Voir plus

Culture générale facile

Qui était surnommé le Roi Soleil ?

Louis XVI
Louis XIV
François 1e

11 questions
50 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}