"L'ambition est une drogue qui fait de celui qui s'y adonne un dément en puissance ", (HU., 1960).
P.40
Pour lui, la brumeuse question philosophique - "pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ," (Leibnitz) - était nulle et non avenue, et à celle-ci était substituée la suivante : pourquoi croire en quelque chose quand il n'y a rien ?
p.200
"L'acte ne naît et n'est jamais né que de la passion. Le calcul, l'équilibre, la prudence ont toujours été distants, objectifs et paralysants. Les pensées sont un poison, une entrave pour l'élan, un obstacle pour la décision. On ne peut passer aux actes sans une résolution fanatique, une ardeur bestiale, un minimum d'inconscience. Si l'on réfléchit longtemps, on se rend compte qu'on ne peut rien faire, qu'il n'y a rien à faire, que tous les actes sont honteux." (SD., octobre 1935.)
P.135
"La théorie des races ne semble créée que pour exprimer le sentiment de séparation abyssale qui distingue tout non-juif d'un juif. Un goufre creusé non par l'antisémitisme ou par quelque autre conception, mais par l'antagonisme manifeste ou secret qui caractérise deux êtres d'essences différentes. Le juif n'est pas notre semblable, notre prochain, et nous aurons beau nous laisser aller à l'intimité avec lui, un abîme nous séparera, que nous le voulions ou non. On dirait que les juifs descendent d'une autre espèce de singes que nous, qu'ils ont été condamnés 'ab initio' à une tragédie stérile, à des espoirs éternellement déçus. Nous ne pouvons pas nous rapprocher d'eux 'humainement' car le juif est d'abord un 'juif' et ensuite un 'homme'. Phénomène qui se produit autant dans leur conscience que dans la nôtre." (ibid.)
p.112
Un jour le monde, cette vieille baraque, finira bien par s'effondrer. De quelle manière nul ne le sait et cela n'a d'ailleurs aucune importance. Car du moment que tout manque de substance, et la vie n'étant qu'une pirouette dans le vide, ni le commencement ni la fin ne prouvent rien.
Quelles que soient mes récriminations, mes violences, mes amertumes, elles proviennent toutes d'un mécontentement de moi-même dont personne ici-bas ne pourra jamais éprouver l'équivalent. Horreur de soi, horreur du monde.
(Cahiers, 1957.)