Il faut donc que je note ici, grosso modo, quel aspect physique présentait Naomi sur la plage de Kamakura, au mois d’août, quand elle avait quinze ans. Elle devait mesurer à l’époque trois ou quatre centimètres de moins que moi. (Ici je dois signaler que, si j’étais solide comme un roc, je faisais un peu moins d’un mètre soixante : un petit bout d’homme.) Mais le trait le plus marquant de sa constitution était qu’avec un tronc court, mais des jambes longues, elle apparaissait à distance comme nettement plus grande qu’elle ne l’était en réalité. Ce tronc, de dimension réduite, se creusait, s’étranglait à un point extraordinaire avant de rebondir dans sa partie inférieure en une croupe aux rondeurs pleinement féminines. La ligne d’ensemble faisait penser à un S. (…) Elle en était très fière, de ses jambes. « Jôji, comment trouvez-vous mes jambes ? Pas arquées, n’est-ce pas ? » disait-elle, marchant, s’arrêtant pour juger de l’effet, s’étirant de tout son long sur le sable, se contemplant elle-même avec une visible satisfaction.
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