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Marc Mécréant (Traducteur)Alberto Moravia (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070383429
276 pages
Gallimard (02/04/1991)
3.94/5   148 notes
Résumé :
Dans le Japon des années vingt, un ingénieur de trente ans, Jôji Kawai, modèle du « type bien », s'éprend d'une jeune serveuse de quinze ans, Naomi, qui rêve de devenir « terriblement moderne ».

L'occidentalisation, cette plaie du Japon moderne, thème majeur de l'œuvre de Tanizaki, fait de Naomi un être irréductiblement cynique, vulgaire, inconstant, dont les roueries et l'érotisme, cependant, fascinent Jôji Kawai. Amoureux, il l'épouse.

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Un homme se croit autorisé à transformer une jeune fille pauvre au gré de sa fantaisie, comme si elle était de la pâte à modeler, pour en faire la compagne de ses rêves. Quoi d'étonnant à ce que sa créature, dont il semblait avoir oublié l'humanité, lui échappe ? A travers une histoire d'amour destructrice, les deux protagonistes de ce drame jouent chacun leur partition, tiraillés entre tradition et modernité, Japon et Occident. Lorsque les plaques tectoniques que forment les sociétés bougent, ceux qui sont pris dans la faille n'ont d'autre choix que d'affronter au jour le jour les monstres qu'ils ont libérés.
Le narrateur voulant éluder toute contrainte et échapper aux conventions strictes de la famille et du mariage, a tenté de s'emparer de l'âme d'une femme en profitant sans scrupule de son infériorité sociale. Malgré cette répartition inégalitaire des rôles, celle-ci a su saisir au vol une occasion unique d'émancipation et tourner à son avantage la convention déséquilibrée qui aurait dû la transformer en poupée de chiffon bien élevée.
Ces deux personnages paient le prix d'un nouvel équilibre amoureux qui ne pouvait se faire sans dommages ni ambiguïté : si le héros se soumet sans réserve, il reste le maître du jeu, son esclave n'ayant d'autre choix que de dominer pour survivre. A travers souffrance et anéantissement volontaires, l'exquis masochisme nippon porte l'amour charnel à son paroxysme, bien plus subtilement ici que dans le film "L'empire des sens".
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Une certaine vision de la femme idéale; celle qui tendre, fraîche, emplie d'innocence, que l'homme façonnera à son désir, celle qui comme il le souhaite deviendra un bijou précieux qu'il pourra exhiber et dont il pourra tirer jouissance et fierté....

L'innocente " fillette" que le "héros" veut transformer en femme parfaite, inaccessible beauté à lui seul réservé....va devenir une femme "gâtée" à double titre.

Ce Pygmalion de campagne, va se faire dévorer par cette Lolita, lui connait les affres de l'amour, elle n'en connaitra que la vénalité....

Cette histoire d'amour, mêle deux cultures qui cherchent à s'apprivoiser à se séduire mutuellement, mais qui ignorent tout des codes de bonnes conduites, chacune rêvant de l'autre à l'aune de ses propres désirs et imaginaires....

Heureusement l'histoire à presque un siècle, on peut espérer tout autant que le Japon et l'occident, tout comme la femme et l'homme ont depuis appris à mieux déchiffrer les codes de bonnes conduites.

Bien que le discours et les désirs de cet homme résonnent et font encore écho dans l'inconscient masculin, très certainement encore en occident aussi aujourd'hui, car lui à cette époque paraissait bien "moderne" toutefois....

A moins que les cultures et l'époque n'y fassent rien....quand il s'agit des hommes, des femmes, de l'amour et du désir.....la difficulté reste la même...le sens par quel bout le prendre...
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L'amour a-t-il un sens ?
Ce Jôji Kawai, ingénieur de trente ans qui s'entiche follement de la si jeune Naomi aime-t-il ? Ou est-il pris par cette folie des sens et de la raison qui finit par le perdre ?
On a tendance à évoquer le masochisme de Jôji car Naomi qu'il veut façonner, modeler à l'apparence d'une jeune occidentale le bafouera, l'humiliera en se comportant comme une prostituée.
Mais est-ce bien du sadisme de sa part ? Se venge-t-elle de s'être laissée épouser pour sa beauté et sa jeunesse ou se livre-t-elle à toutes ses passions par ennui, goût de lucre ?
Jôji aime-t-il ou se livre-t-il à une sorte de fétichisme sur la personne de cette adolescente qu'il apprête et manipule comme une poupée qui ne fait au fond qu'exprimer son autonomie et sa liberté. Naomi...Pinocchio ? Une poupée qui devient chair et vit hors de l'emprise de son créateur ?

Ce roman de Tanizaki est fort complexe et si l'on veut en plus y voir une dimension allégorique, le Japon s'offrant à l'Occident comme Naomi à ses amants, il offre matière à bien des questionnements.

Une légère critique toutefois, son étirement et l'insistance morbide de l'auteur sur les retournements répétés et bien prévisibles de son piètre héros.
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"Un amour insensé" ou quand la passion vous empoisonne, vous emprisonne et vous dévore.
Jôji, ingénieur de trente ans, peu sûr de lui, tombe sous le charme de la beauté de Naomi, jeune serveuse de 15 ans. Il devient d'abord son pygmalion puis l'épouse.
Mais la jolie Naomi est rusée, cruelle, infidèle, dépensière, fascinée par l'occident et sa modernité . Elle exerce un pouvoir érotique sur Jôji, complètement soumis qui pardonne tout.
Malgré la personnalité machiavélique de Naomi, je n'ai pas vraiment ressenti de compassion pour Jôji, trop faible, submergé par ses désirs, facile à manipuler. Il a le choix de mettre fin à cette relation destructrice mais il s'y accroche et s'y complait.
...Bon, finalement il n'a que ce qu'il mérite. (sourire)
Une chronique facile à lire, sur une vie conjugale peu tranquille.
Dans ce roman, Tanizaki s'interroge également sur le passage des valeurs traditionnelles à une occidentalisation à l'excès.














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Un roman classique, par un auteur qui ne l'est pas moins, et qui raconte une histoire qui ne l'est pas du tout !

Nous sommes en 1918. Jôji, un jeune ingénieur de vingt-huit ans, tombe éperdument amoureux de Naomi, serveuse dans un bar. Jusque là, rien que de très banal. Sauf que Naomi a à peine quinze ans. Inutile de faire les gros yeux en pensant à Lolita : rien que de très normal dans le Japon de l'époque, car ce brave Jôji va épouser le plus civilement du monde la très (trop) jeune Naomi, pensant sincèrement qu'entre ses mains, il gérera l'éveil de ses sens et fera d'elle une épouse aussi accomplie et traditionnelle que soumise à sa volonté…

Évidemment, les choses ne vont pas vraiment se passer ainsi. Naomi va vite révéler, outre un tempérament de feu, un gout certain pour les jolies choses et une volonté encore plus certaine de liberté, et ce dans tous les domaines. Elle va constituer ainsi l'archétype de ce que l'on a appelé au Japon, à l'époque, les « moga », les « filles modernes », et va faire tourner en bourrique son infortuné, mais toujours irrémédiablement passionné, époux.
L'histoire de ce couple haut en couleur s'étale ainsi entre 1918 et 1926, dans un Japon en pleine révolution culturelle occidentale. C'est un roman plaisant, parfois comique, tant l'aveuglement du pauvre Jôji et la vanité de ses désirs sautent aux yeux. C'est aussi, en filigrane, une formidable histoire pleine de vitalité, de liberté, qui rend hommage à sa façon aux femmes japonaises de l'époque.

À la suite d'une erreur, j'ai lu ce roman dans la traduction anglaise de Chambers puis dans sa version française, chez Folio. Ce dernier éditeur (je sais, je me rends compte que je plains souvent de Folio…) a cru indispensable de faire précéder le roman d'une préface d'A. Moravia qui vient, bien dans l'air du temps, comme un cheveu sur la soupe, nous expliquer à quel point l'occident en général et l'Amérique en particulier sont coupables de tous les maux, surtout au Japon où, bien entendu, « sétémieuavan ». Pour qui connait un peu, et même beaucoup, le pays et son histoire, on est prié de ne pas rire. Naomi apporte un démenti total à cette sociologie de la repentance en montrant, bien au contraire, comment une jeune femme, à l'orée du vingtième siècle, affirme contre une tradition de la soumission la réalité et la force de ses désirs, de ses goûts et son amour immodéré de la liberté de vivre.
Là où Folio voit un personnage « cynique, vulgaire, inconstant », je vois une femme qui ose la liberté dans une époque et un milieu bien peu propice. Voilà du moins ce que j'ai retiré de ma lecture. Et vous, qu'en penserez-vous ? Tanizaki vous tend les bras.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Il faut donc que je note ici, grosso modo, quel aspect physique présentait Naomi sur la plage de Kamakura, au mois d’août, quand elle avait quinze ans. Elle devait mesurer à l’époque trois ou quatre centimètres de moins que moi. (Ici je dois signaler que, si j’étais solide comme un roc, je faisais un peu moins d’un mètre soixante : un petit bout d’homme.) Mais le trait le plus marquant de sa constitution était qu’avec un tronc court, mais des jambes longues, elle apparaissait à distance comme nettement plus grande qu’elle ne l’était en réalité. Ce tronc, de dimension réduite, se creusait, s’étranglait à un point extraordinaire avant de rebondir dans sa partie inférieure en une croupe aux rondeurs pleinement féminines. La ligne d’ensemble faisait penser à un S. (…) Elle en était très fière, de ses jambes. « Jôji, comment trouvez-vous mes jambes ? Pas arquées, n’est-ce pas ? » disait-elle, marchant, s’arrêtant pour juger de l’effet, s’étirant de tout son long sur le sable, se contemplant elle-même avec une visible satisfaction.

(p. 38)
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Je n’en finirais pas de rappeler mes bons souvenirs de cet été-là ; restons-en là, sans oublier toutefois une dernière confidence. Je me mis en ce temps-là à lui faire prendre un bain chaud et à lui laver avec une éponge de caoutchouc le dos, les bras, les jambes. Comme, tombant de sommeil, aller aux bains publics était au-dessus de ses forces, elle se contentait au début, pour enlever le sel, de faire couler de l’eau sur elle dans la cuisine ou de se laver dans un baquet. « Voyons, Naomi, lui dis-je, si tu te mets au lit comme ça, fatalement ta peau va être toute collante ; laisse-moi te rincer, monte dans cette bassine. » Elle fit ce que je lui disais et se laissa docilement laver par moi. Peu à peu le pli en fut pris. Même la fraîcheur de l’automne venue, le jeu continua ; finalement, j’installai dans un petit recoin de l’atelier une baignoire occidentale et un tapis de bain isolés par un paravent. Tout l’hiver je lavai ainsi Naomi.

(p. 40)
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Ainsi que je l’ai noté précédemment, Naomi était plus petite que moi de deux ou trois centimètres. Quant à la comtesse, plutôt petite pour une Occidentale, sa taille dépassait néanmoins la mienne ; peut-être à cause des hauts talons ? En tout cas, lorsque nous dansions ensemble, sa gorge saillante touchait presque ma tête. La première fois qu’elle me dit : « Walk with me ! » et qu’elle coula son bras derrière mon dos pour m’apprendre le one-step, quelle violence je me suis faite pour ne pas effleurer sa peau de mon visage noiraud ! C’était déjà beaucoup que de le contempler de loin, cet épiderme lisse et net ! Serrer sa main semblait déjà presque une impolitesse : alors être pressé contre cette poitrine avec le seul écran d’un tissu soyeux prenait l’allure d’un interdit. Et que d’inquiétudes ! Si j’avais mauvaise haleine ? Si le contact un peu visqueux de mes mains grasses lui était désagréable ? Quand de temps à autre une de ses mèches retombait sur ma joue, je ne pouvais m’empêcher de frissonner. Qui plus est, son corps exhalait une odeur étonnamment suave.

(p. 83-84)
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Ordinairement les personnes qui, comme elle, ont les épaules fuyantes et la nuque longue se révèlent maigres une fois dévêtues ; elle, c’était le contraire ; on ne s’attendait pas à ce qu’elle eût des épaules si charnues, si rondes, et une poitrine si étonnamment pleine, suggérant un souffle puissant. Quand je la boutonnais et qu’elle gonflait profondément ses poumons, que le mouvement de ses bras soulevait et faisait onduler les muscles de son dos, son maillot qui, même sans cela, atteignait presque le point de rupture se tendait jusqu’à la limite sur le renflement des épaules, menaçant de craquer d’un seul coup. En un mot, ses épaules regorgeaient d’une force secrète, de jeunesse et de beauté. Quand je la comparais furtivement à tant d’autres filles alentour, j’avais la nette impression qu’aucune autre n’offrait comme elle l’harmonieuse combinaison de solides épaules et d’une nuque gracieuse.

(p. 39)
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Ce qui désormais existait entre nous, ce n'était ni une pure tendresse d'amoureux, ni de l'affection conjugale; tout cela s'était évanoui comme un rêve ancien. Qu'est-ce qui m'attachait donc encore à cette femme infidèle et souillée ? Son attrait physique, uniquement son attrait physique, qui me menait à la longe. Cela scellait l'avilissement de Naomi mais aussi le mien.
page 194
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