Je n’en finirais pas de rappeler mes bons souvenirs de cet été-là ; restons-en là, sans oublier toutefois une dernière confidence. Je me mis en ce temps-là à lui faire prendre un bain chaud et à lui laver avec une éponge de caoutchouc le dos, les bras, les jambes. Comme, tombant de sommeil, aller aux bains publics était au-dessus de ses forces, elle se contentait au début, pour enlever le sel, de faire couler de l’eau sur elle dans la cuisine ou de se laver dans un baquet. « Voyons, Naomi, lui dis-je, si tu te mets au lit comme ça, fatalement ta peau va être toute collante ; laisse-moi te rincer, monte dans cette bassine. » Elle fit ce que je lui disais et se laissa docilement laver par moi. Peu à peu le pli en fut pris. Même la fraîcheur de l’automne venue, le jeu continua ; finalement, j’installai dans un petit recoin de l’atelier une baignoire occidentale et un tapis de bain isolés par un paravent. Tout l’hiver je lavai ainsi Naomi.
(p. 40)