A la fin de l'été, à Sofia, l'année de Tchernobyl, nous avons dit au revoir à Anastassia. Parmi les feuilles rouge et or charriées par le vent, il y a ma mère, une ombre vêtue de pourpre et de noir vaporeux. Une forte rafale aurait pu l'emporter, comme une feuille. Elle m'a toujours fait l'impression de n'être attachée à la vie que par un fil, comme si elle était née sans racines, comme si elle avait besoin du concours d'une force extérieure pour rester ancrée au sol.