Kate Bold

Les gens de la montagne protègent les leurs. Même si l’un d’entre eux est un tueur.

À
en juger par l’appel radio, le cadavre tout frais aurait été découvert par deux pécheurs. Daniel soupçonna que la mort pouvait être accidentelle ou résulter d’une maladie. S’il s’agissait d’un acte criminel, il y avait une chance qu’il s’agisse d’un crime passionnel non prémédité.

Trop de jeunes fugueurs n’étaient jamais retrouvés. Et un important pourcentage de ceux qui étaient localisés ne rentraient pas chez eux en vie. Étant donné le terrain accidenté du comté, ils avaient eu de la chance que l’enfant puisse être retrouvé avant qu’il ne soit victime de la faim, des éléments ou de la faune sauvage de la forêt.

Même si découvrir son infidélité lui avait fait très mal — chose qu’elle ne parvenait
pas à pardonner malgré ses efforts — une partie d’elle l’aimait toujours.

Elle pria pour trouver une
route plus loin. Une voiture à arrêter. Une maison ou un chalet. Un endroit où il y aurait du monde. Ou bien où elle pourrait se cacher.

Trop de jeunes fugueurs n’étaient jamais retrouvés. Et un important pourcentage de ceux qui étaient localisés ne rentraient pas chez eux en vie. Étant donné le terrain accidenté du comté, ils avaient eu de la chance que l’enfant puisse être retrouvé avant qu’il ne soit victime de la faim, des éléments ou de la faune sauvage de la forêt. Daniel se souvint de la précédente affaire qui l’avait amené à Laurel County. Cette enquête en particulier n’avait pas été de tout repos. Lui — ainsi que le reste de l’État — s’était lancé dans une traque désespérée du prisonnier évadé Ethan Barrett. Ce dernier avait assassiné quatre personnes une fois en liberté. Par chance, avec l’aide de l’ex-femme de Barrett, ils avaient pu mettre le tueur en série hors d’état de nuire. Daniel jeta un regard à sa montre. La fin d’après-midi approchait rapidement et il avait encore deux heures de trajet pour retourner chez lui, à Briarwood, dans la banlieue de Nashville.

Elle mourrait d’envie de retrouver la proximité qu’ils avaient partagée
auparavant. Ils avaient été si heureux ensemble avant d’emménager à Briarwood.
Avant que son passé ne la rattrape pour mieux la détruire.

Ashley réalisa qu’elle était
effectivement devenue paranoïaque. Tout comme le colis précédent avait contenu les invitations qu’elle avait commandées, cette boîte ne serait remplie que de serviettes. Toutes les étiquettes n’étaient pas en parfait état.

Bien que la police soit douée
pour conduire des chasses à l’homme, ils n’étaient pas parvenus à retrouver son ex-mari auparavant. Il était rusé. Il connaissait bien les petites routes de campagne entre le Tennessee et l’Alabama. Et il savait survivre dans la nature.
Le trouver ne serait pas tâche aisée.

Il pourrait prévoir de la kidnapper et de
la prendre en otage pour la punir d’avoir témoigné contre lui, une première fois lors de son procès il y a huit ans, puis à nouveau ce matin lors de son audience de libération conditionnelle.
Un frisson la parcourut lorsqu’elle réalisa qu’il pourrait même être ici, à la soirée de charité,
déguisé en employé. Il pourrait la surprendre n’importe où, n’importe quand.

Sa relation avec Brett était
peut-être orageuse en ce moment, mais jamais elle ne tenterait de le piéger dans un mariage non désiré. Elle n’utiliserait jamais le précieux cadeau qu’était un enfant comme une arme.

Ashley avait toujours été intimidée par la sœur de Brett et ses amies. Elle avait le sentiment d’être une impostrice parmi elles. Elle ne savait jamais vraiment quoi dire ni comment se comporter avec ces jeunes femmes sophistiquées. Elle avait toujours eu le sentiment qu’elles la jugeaient en silence, qu’elle ne pourrait jamais être à la hauteur de leurs standards. Ashley décida de faire un effort d’intégration et se dirigea vers les deux amies.

Ashley regarda son reflet dans le
miroir. Elle paraissait étrangement plus âgée qu’une semaine auparavant. Des cernes sombres étaient apparus sous ses yeux suite au manque de sommeil et sa peau semblait avoir terni. La jeune femme heureuse qui avait emménagé il y
avait tout juste cinq mois, qui avait un avenir radieux devant elle, avait complètement disparu.

Elle avait l’impression que sa vie commençait à s’effondrer. Elle prit le mug de son fiancé et le ramena dans la maison. Alors qu’elle entrait dans la cuisine, elle entendit un bruit en provenance de l’étage.

Ils s’étaient déjà disputés auparavant. Elle savait que toutes les relations avaient des hauts et des bas.
Mais, jusqu’à présent leur lien avait été si fort, qu’elle avait eu l’impression que rien de pourrait le rompre. Peut-être que s’ils s’étaient plus disputés auparavant, leur altercation lui aurait paru moins intense. En l’état,
elle avait l’impression que son fiancé surréagissait. Il devait forcément y
avoir une explication.

La haine dans son regard était si intense, qu’elle eut l’impression
qu’on lui marquait la peau au fer rouge. Elle savait que s’il en avait
l’opportunité, il la tuerait ici et maintenant. Sans hésiter. Sa réaction instinctive fut de vouloir s’enfuir en courant, s’éloigner le plus possible de lui.
Mais la fuite n’était plus une
option.

Dans le passé, il avait utilisé son charisme sur elle de la même façon et à de nombreuses reprises. Il lui avait fait croire qu’il était la seule personne sur terre qui pourrait réellement l’aimer. Qu’elle avait besoin de lui pour survivre. Il l’avait poussée à croire que c’était elle qui se trompait. Qu’elle était responsable de
qu’il lui faisait subir, et que si elle avait été une meilleure épouse — le genre d’épouse qu’il aurait mérité — il n’aurait jamais eu à avoir recours à la violence. Il avait un don pour déformer les choses, pour vous faire douter de tout ce que vous pensiez croire vrai.

Un homme comme Ethan — à l’esprit si vil et dérangé — ne pourrait jamais changer. Elle avait le sentiment qu’il ne regretterait jamais ce qu’il lui avait fait. En fait, elle était certaine qu’il en était fier. Il s’en était
probablement vanté auprès de ses compagnons de cellule et voyait cela comme un
accomplissement.

Elle refusait de se laisser
imaginer ce qui se passerait si sa demande de libération anticipée était acceptée. Elle savait qu’il la retrouverait et la harcèlerait. Elle ne pourrait pas rester à Briarwood. Sa seule option serait de changer de nom et de
déménager dans un autre état, peut-être sur la côte ouest. Ce ne serait qu’en partant qu’elle pourrait être sûre que sa vie ne serait pas en danger.

Jamais elle ne pourrait raconter les horreurs qu’elle avait subies des mains d’Ethan si son père était présent dans la pièce. Et elle avait besoin que son témoignage soit le plus fort possible pour convaincre la commission de garder Ethan enfermé.

Ils s’étaient fréquentés en
secret, et le lendemain des dix-huit ans d’Ashley, ils s’étaient enfuis pour se marier. Ce fut alors que les choses commencèrent à changer. Que la vraie nature d’Ethan avait commencé à faire surface.