The Girl Who Drank the Moon by Kelly Barnhill | Book Trailer
L’écriture d’un livre est un travail solitaire. Personne n’écrit un livre seul. Aussi incongru que cela puisse paraître, ces deux affirmations sont vraies.
Il y avait un souvenir, enfoui là. Une personne chère. Un deuil. Une vague d’espoir. Un gouffre de désespoir. Combien de sentiments un cœur peut-il contenir ? Luna regarda sa grand-mère. Sa mère. L’homme protégeant sa famille. Un nombre infini, songea-t-elle. Aussi infini que l’univers même. Il est lumière, ténèbres et mouvement perpétuel. Il est espace et temps, espace dans le temps, temps dans le temps. Et alors, elle sut : Il n’y a pas de limites à ce qu’un cœur peut porter.
« Le Marécage, le Marécage, le Marécage, murmura-t-il au rythme des battements de son cœur. C’est le centre du monde. La matrice du monde. Le poème qui fit naître le monde. Je suis le Marécage, et le Marécage est moi. »
Fyrian fronça les sourcils. « Non, pas du tout. Tu es Glerk. Mon ami.
- Parfois les gens sont plus d’une chose à la fois. Je suis Glerk. Je suis ton ami. Je suis un membre de la famille de Luna. Je suis un Poète. Je suis un artisan. Et je suis le Marécage. Mais, pour toi, je suis simplement Glerk. Ton Glerk. Et je t’aime de tout mon cœur. »
La Sorcière - ou plutôt, la croyance en la Sorcière - avait fait des citoyens du Protectorat un peuple effrayé, un peuple soumis et obéissant qui vivait sa vie dans un brouillard de tristesse ; les nuages de son chagrin lui abrutissaient les sens et lui ramollissaient l'esprit.
Mon amour ne se divise pas, lui assura-t-elle. Il se multiplie.
Glerk les rejoignit ; il approcha sa tête de l’enfant et la considéra d’un air sceptique. Elle s’était fourré le poing dans la bouche, et la bave lui dégoulinait entre les doigts. De l’autre main, elle fit coucou au monstre et ses lèvres roses s’ouvrirent en un large sourire autour de ses jointures trempées.
Elle le fait exprès, songea Glerk en s’efforçant de contenir le sourire qu’il sentait monter dans ses mâchoires énormes et humides. Se montrer adorable fait partie de son plan infernal. Ses ruses ont pour seul but de me contrarier. Quel méchant bébé !
Ce n'est pas parce que tu ne vois pas une chose qu'elle n'existe pas.
Élever un bébé, magique ou non, présentait de nombreux défis : pleurs inconsolables, nez qui coule sans discontinuer, compulsion d’enfourner de tout petits objets dans sa bouche baveuse.
Sans parler du bruit. [...]
Même lorsque tous ses besoins étaient contentés, Luna ne se taisait pas : elle fredonnait, gargouillait, babillait, pouffait, gazouillait, reniflait, ou bien hurlait. C’était une cascade de sons qui se déversait sans interruption. En permanence. Elle pépiait jusque dans son sommeil.
Le temps était trompeur et vous glissait sous les pieds comme de la vase.
C'était le genre de regard qui plongeait jusqu'aux cordes les plus ténues de l'âme pour les faire tinter comme celles d'une harpe. La Sorcière en eut pratiquement le souffle coupé.