Un roman dont la matière centrale est ... l'écriture d'un roman. Svistonov, le personnage écrivain, n'a rien à dire/écrire de particulier. A quoi bon puisqu'il dispose du talent nécessaire pour écrire un livre à partir de rien; ou plutôt à partir de ses observations quotidiennes des personnes qu'il fréquente et qu'il transforme illico en matière littéraire, en marionnettes livresques, en un inquiétant processus de déshumanisation.
Rappelons toutefois que ce roman fut écrit en 1929, en pleine montée de la terreur stalinienne, et que cette perte du sens met en lumière la réalité contrainte des écrivains russes en cette époque, condamnés à ne rien dire qui puisse déranger les autorités. Une clé indispensable à la compréhension de cet ouvrage singulier - qui fut rapidement interdit.
"Il sentait qu'autour de lui tout se raréfiait de jour en jour. Les lieux par lui décrits se transformaient en terrains vagues, les gens qu'il avait connus perdaient à ses yeux tout attrait."
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Que Konstantin Vaguinov sache écrire, qu'il ait un certain style, c'est sans conteste. Que son roman ait été tout de suite (1929) interdit et l'auteur qualifié d'écrivain décadent, dans le contexte de la montée en puissance d'une vision unique de la littérature, c'est évident.
Par contre, comment un livre qui ne parle de rien d'autres que des réunions pleines de vacuité entre personnages désoeuvrés et plutot snobinards, pronant l'art pour l'art et, par là même, refusant d'aborder les problèmes du prolétariat comme d'ailleurs tout problème social, le tout afin qu'un auteur - qui ne sait pas vraiment ce qu'il veut - y pioche des idées qui finiront peut-être par se matérialiser en roman, comment ceci a bien pu paraitre dans la revue littéraire Zvezda dirigée par le très bolchevik Yury Libedinsky, ça donne une idée des derniers instants de liberté qui ont perduré jusqu'en 1930 environ.
Une fois au courant du contexte politique, il reste un (court) roman auquel je n'ai pas du tout accroché et qui m'est tombé des mains plusieurs fois avant que j'abandonne page 100. J'avais essayé Le chant du bouc, idem.
Un avis strictement personnel et dont la diffusion risque fort d'être assez limité vu le nombre de lecteurs de Konstantin Vaguinov ;-)
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