"L'histoire incroyable d'une femme qui n'avait rien et deviendra la première Impératrice de Russie en épousant Pierre le Grand. C'est plein de passions et d'histoires de la Russie. Une pure merveille du côté du roman historique !" - Gérard Collard.
L'impératrice de Pierre (Tome 2) de Kristina Sabaliauskaite dans la collection Quai Voltaire. Traduit par Marielle Vitureau.
https://www.lagriffenoire.com/l-imperatrice-de-pierre-tome-2-1.html
Le tome 1 :
https://www.lagriffenoire.com/l-imperatrice-de-pierre-vol01.html
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Il s'était adressé à moi en polonais au début, mais il m'a ordonné d'apprendre le russe. J'ai compris qu'il me garderait tant que je ne le lasserais pas. La langue ne me paraissait pas difficile, on aurait dit des mots polonais mal dégrossis, plus vulgaires ; les termes russes ne désignaient que les choses anciennes, tout ce qui était moderne était emprunté à d'autres langues. Je ne prononçais pas toujours comme il fallait, mais j'apprenais vite : il n'y a pas de meilleur professeur que la guerre.
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Plus les choses allaient mal pour Peter, plus il avait besoin de moi. Et il le sentait. Je me souviens de son infiniei tendresse en ce temps-là. Il pensait à moi, prenait soin de moi. Il a consolidé Reval, le portforteresse principal du golfe de Finlande, et a entrepris de m'y faire construire un palais, le Katharinental : il disait que ce serait son prochain cadeau d'amour.
Vingt jours plus tard, nous avons reçu une nouvelle lettre : monsieur le capitaine avait décidé de détruire la forteresse de Schlotbourg, dont on venait de commencer la construction, et de fonder à sa place une ville russe totalement nouvelle, qu'il avait déjà baptisée Saint-Pétersbourg en son honneur et celui de son protecteur.
Toi aussi, Alexandre, tu avouerais lors d’un interrogatoire...tu ne ferais pas d’histoire...Chez nous, tout le monde passe aux aveux, le contraire n’existe pas. S’il y a une chose que nous savons faire en Russie, c’est faire avouer les gens. Même ceux qui meurent lors des interrogatoires finissent par avouer ce qu’il faut : de l’au-delà, tout est directement inscrit sur le procès-verbal. Tu te souviens ? Mais oublions. Ça ne servirait à rien...
En revenant de la cérémonie, le visage de Peter s'est mis à tessauter.. D'un geste de la main, il désigné le Peron Rouge du Kremlin, immense, aux colonnes massives et aux arches voûtées et, se retournant vers moi, il ma demnandé : Tu crois peut-être, Catherine, que tout cela est pour moi ? Pour Piotr Petrovitch ? Ce n'est ni pour notre fils, et pas non plus pour toi... C'est pour la Russie...
Prépare-toi et apprête-toi, sors tous tes diamants, et ne te prive de rien durant le voyage - n'achète que ce qu'il y a de mieux là-bas, afin que personne ne puisse dire que les Russes sont des barbares, des mendiants, ou des skryagi, des pingres! Nous allons leur montrer, Catherine, toi et moi!»
À la vérité, dès lors qu'on a mis un enfant au monde, on endosse la responsabilité de tout ce qui lui arrive. Un enfant ne se conçoit pas sans un homme, mais le fardeau de ses souffrances a venir incombe tout entier à la mère.
J'ai alors su, des tessons coupants plein les mains, que je n'étais pas un récipient . Ni plein, ni vide, ni avec ni sans enfants, et que personne ne me casserait jamais.
Les femmes avaient la vie dure dans ce pays. Leurs popes, à la différence du pasteur Glück, ne sermonnaient pas les mauvais maris et ne se mêlaient pas des affaires conjugales. Battre sa femme était monnaie courante, il s'agissait d'une coutume familière - quand un père mariait sa fille, il détachait son fouet devant le pope et, une dernière fois, il cinglait le dos de sa fille, puis la donnait au mari en disant : "Maintenant ce sera ton tour de la battre."
Je venais de là où le soleil se couchait, de cet Occident mystérieux qui avait envoûté leur souverain, leur amoureux, leur frère; de là d'où venaient la liberté, les divertissements inédits, les découvertes scientifiques et, de manière générale, tout ce pour quoi il fallait débourser des sommes considérables dans leur pays. Je ne savais pas encore quelle source de fierté c'était pour les nobles russes d'avoir une amante venue de l'Ouest.