"Cette nuit-là" pièce en 3 actes.
Personne n'a droit à deux tranches de pain tant qu'il reste un homme au monde qui n'en possède pas une miette.
Un écrivain perd du poids en proportion directe de son immersion dans la politique.
L'âme humaine a toujours été assoiffée d'obéissance. Nous avons beau nier ce fait depuis la Réforme et la Révolution française, il n'en est pas moins vrai que nous nous montrons faibles et lâches dès que notre impénétrable destin est en jeu ; et nous bénissons la main, sûre en apparence, qui nous impose une décision.
Les souverains, ministres, diplomates et généraux - trois cent onze en tout - de ces six États [l'Angleterre, la Russie, la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche-Hongrie] décidèrent qu'il était grand temps de précipiter les uns contre les autres leurs millions de soldats ; car chacun d'eux avait la conviction d'être le seul à pouvoir remporter la victoire. Mais, en hommes de conscience et de jugement, pleins du sentiment de leurs responsabilités envers l'humanité, ils convoquèrent dès 1899 une assemblée, comprenant les représentants de tous les États souverains du monde, laquelle assemblée promulgua une série de conventions mettant hors la loi l'usage, au cours du prochain conflit, de certaines prises, torsions, étreintes cataloguées comme incorrectes. L'assemblée, qui se tint à La Haye, porta le nom de «Conférence de la paix». Dès cet instant, tous se préparèrent à la guerre.
"De très grandes choses ne peuvent être accomplies que par les moyens les plus cruels. Les peuples civilisés ont toujours été vaincus par les barbares. Les premiers Grecs étaient beaucoup moins civilisés que les Crétois. Les premiers Romains étaient beaucoup plus barbares que les Étrusques. Les forces teutonnes de Charlemagnes..."
Généralement, les femmes sont flattées par la jalousie masculine. Mais quand une femme s'est donnée corps et âme, la jalousie la blesse, l'attriste.
Depuis la Révolution française, les maisons nobles de l'Europe, et particulièrement de l'Autriche et de la Russie, tenaient leurs portes fermées aux maîtres français. On craignait qu'ils ne fussent les colporteurs d'idéologies pernicieuses. C'était en Suisse maintenant que l'on cherchait des précepteurs : leur langue était le français, mais leurs idées politiques demeuraient aussi chastes que l'air bleu dont s'enveloppent les neiges alpines.
- L'homme moderne est affreusement ignorant, répliqua Ursi, et ce qu'il sait s'étale en lui comme une motocyclette mise ne pièces détachées. Quand vient le moment de remonter le tout, il reste désemparé devant le gâchis qu'il a fait. De toute façon, la tâche est désespérée, car il manque un grand nombre de pièces ; et plusieurs, parmi celles qu'on possède, ne sont pas de la dimension voulue.
- Un peuple et un gouvernement sont deux choses totalement différentes!
- Plus pauvre est le peuple, plus grands sont l'éclat et la splendeur de son roi, de son tsar ou de son maharadjah. [...]