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Citation de Woland


[...] ... Aucun Chinois ne pouvait accepter [que les personnes âgées de plus de soixante ans et les enfants de moins de six ans n'eussent pas le droit de toucher une ration !] Il n'y aurait pas de céréales pour les vieillards et les enfants ? Etait-ce seulement possible ? Le plus grand devoir d'un Chinois ayant toujours été de subvenir aux besoins des anciens et d'élever ses enfants, c'était carrément culbuter toute l'Histoire de la Chine ! Bon, eh ! bien, puisque les Japonais voulaient faire mourir de faim les vieillards et les enfants, quel sens avait encore la vie pour ceux qui étaient dans la force de l'âge ? Tous les habitants du Petit-Bercail pensaient qu'il s'agissait là d'une "révolution" foncièrement scélérate : on voulait renverser d'un coup leur histoire, leur morale, leurs devoirs. S'ils acceptaient ces méthodes "révolutionnaires", ils deviendraient des barbares, incapables d'éprouver de la compassion, dépourvus de piété filiale !

Mais que faire ?

M. Sun, malgré sa promotion récente comme chef de quartier adjoint, décida de montrer qu'il n'était pas du côté des Japonais. Il proposa de se rebeller et de s'emparer des céréales. "Et merde ! Alors comme ça, il n'y aurait pas de céréales pour les vieillards ? Et la piété filiale, qu'est-ce qu'on en fait ? Il n'y en aurait pas non plus pour les enfants ? Et la descendance alors ? Mais c'est un génocide ! Faut vraiment être un pisse-verglas pour être aussi cruel ! Et merde, tiens ! Dans les greniers, chez les grands traîtres au pays, c'est pas les céréales qui manquent. Au pillage ! Au point où on en est, qu'est-ce qu'on a besoin de s'embarrasser de dignité ?"

En entendant ces propos résolus, francs, justifiés, ils en avaient tous les joues en feu, les yeux brillants. Mais quand il se tut, lui-même et les autres avec, semblèrent déjà apercevoir les mitrailleuses. Ils avalèrent leur salive, personne n'osait lever le poing pour crier : "Au pillage !" Ils étaient Chinois, Chinois de Peiping [Pékin] et ils trouvaient qu'il valait encore mieux mourir lentement de faim que d'être décapité pour avoir pillé des céréales ; leur cadavre au moins serait intact ! Plutôt mourir de faim que se révolter ! ... [...]
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